« Les droits humains sont l’oxygène de l’humanité. Mais ils sont asphyxiés, les uns après les autres », a fustigé M. Guterres, dressant une longue liste de ceux qui les étranglent.

Ces droits humains sont d’abord étouffés « par les autocrates, qui écrasent l’opposition parce qu’ils craignent ce dont serait capable un peuple ayant pleinement les moyens d’agir », souligne le chef de l’ONU.

A la tribune du Conseil des droits de l’homme à Genève, il a également déploré le rôle du « patriarcat, qui empêche les filles d’aller à l’école et les femmes de jouir de leurs droits fondamentaux » ou encore les « bellicistes, qui font un pied de nez au droit international, au droit international humanitaire et à la Charte de l’ONU ».

Les prêcheurs de la division et de la colère

Mais il voit aussi une menace pour les droits humains dans « la crise climatique » ou « un système financier mondial en faillite morale, qui fait trop souvent obstacle à une plus grande égalité et au développement durable ».

Au bord du Lac Léman, M. Guterres a une nouvelle fois critiqué ces « technologies incontrôlables comme l’intelligence artificielle, qui suscitent de grands espoirs, mais recèlent aussi la capacité de violer les droits humains en un seul clic ».

Plus largement, les droits humains sont étouffés « par les discours de ceux qui, prêchant la division et la colère, considèrent les droits humains non pas comme un bienfait pour l’humanité, mais comme un obstacle au pouvoir, au profit et au contrôle qu’ils convoitent ».

« En bref, les droits de l’homme sont dans les cordes et subissent des coups durs », a-t-il regretté, relevant que la communauté internationale peut « contribuer à mettre fin à l’étouffement des droits de l’homme en donnant vie au Pacte pour l’avenir et aux travaux de ce Conseil ».

Faites taire les armes

Devant le Conseil des droits de l’homme, le Chef de l’ONU a ainsi rappelé que les conflits entraînent des violations massives des droits de l’homme.  C’est le cas de la guerre en Ukraine qui fait payer un lourd tribut aux populations, avec notamment plus de 12.600 civils tués.

Alors que la trêve entre Israël et le Hamas reste « précaire », M. Guterres veut un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et une approche vers un Etat palestinien.

Il s’est dit « gravement préoccupé » par la « montée de la violence » en Cisjordanie et « les appels à l’annexion », au moment où Israël a vidé de ses habitants trois camps de réfugiés et interdit leur retour.

Au Soudan, les effusions de sang, les déplacements de population et la famine engloutissent le pays.

Et en République démocratique du Congo (RDC), il a redit son inquiétude d’une guerre régionale alors qu’on assiste à « un tourbillon mortel de violence et d’horribles violations des droits de l’homme, amplifié par la récente offensive du M23, soutenue par les forces de défense rwandaises ».

Au Sahel, il a réitéré son appel à un dialogue régional renouvelé pour protéger les citoyens du terrorisme et des abus, et pour créer les conditions d’un développement durable.

Sur les violences en Haïti, M. Guterres proposera dans les prochains jours un mécanisme d’assistance de l’ONU pour soutenir la mission multilatérale de soutien à la sécurité.

Les droits de l’homme comme une « source de solutions »

A Genève, le Chef de l’ONU est également revenu sur son Pacte pour l’avenir, avec au cœur, les droits de l’homme comme une « source de solutions », notamment par le biais des objectifs de développement durable et grâce à l’action climatique.

Il s’agit également de réaliser les droits humains grâce à une gouvernance renforcée des technologies. D’autant que les médias sociaux peuvent aussi devenir « un lieu où les poisons que sont la mésinformation, la désinformation, le racisme, la misogynie et les discours de haine sont non seulement tolérés, mais, bien souvent, encouragés ».

Dans le même temps, la grande promesse de l’intelligence artificielle s’accompagne d’un risque insondable qui met en péril l’autonomie, l’identité et le contrôle humains – jusqu’aux droits humains. Face à ces menaces, le Pacte numérique mondial doit veiller à ce que les droits humains ne soient pas sacrifiés sur l’autel de la technologie.

Le consensus mondial sur les droits de l’homme s’effrite

De son côté, le Chef des droits de l’homme de l’ONU a averti que le système de protection mondial mis en place dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale n’a jamais été autant mis à l’épreuve.

« Le consensus mondial sur les droits de l’homme s’effrite sous le poids des autoritaires, des hommes forts et des oligarques », a déclaré Volker Turk.

Il a ainsi mis en garde contre le risque croissant d’un retour à une ère de « dictateurs », citant l’augmentation des violations des droits de l’homme dans le monde. « Selon certaines estimations, les autocrates contrôlent aujourd’hui environ un tiers de l’économie mondiale, soit plus du double qu’il y a 30 ans », a-t-il fait valoir.

« Les dictateurs pouvaient ordonner des crimes atroces condamnant un grand nombre de personnes à la mort. Sachez que cela peut se reproduire. Mais nous sommes loin d’être impuissants à l’empêcher ».

« L’hypocrisie, le double standard et l’impunité »

M. Turk a condamné l’utilisation abusive d’arguments liés à la sécurité nationale pour justifier les abus, soulignant que « l’hypocrisie, le double standard et l’impunité » sont des facteurs qui y contribuent.

Il a également fait part de ses inquiétudes quant à l’utilisation des technologies numériques à des fins de surveillance, de diffusion de la désinformation et de suppression des droits.

Le haut responsable onusien appelle tout le monde à se ressaisir pour que « les droits humains et l’État de droit restent les fondements des communautés, des sociétés et des relations internationales » car « sans quoi, la situation est très dangereuse ».

Pour éviter un tel scénario, le Chef des droits de l’homme de l’ONU rappelle certains outils comme la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’ensemble du droit international. Il met également en avant ces institutions qui œuvrent à leur mise en œuvre – notamment le Conseil, le Bureau des droits de l’homme, les tribunaux et les instances judiciaires, la société civile, les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l’homme dans le monde entier.

Philémon Yang prône le dialogue

Pour sa part, le Président de l’Assemblée générale de l’ONU a fait le plaidoyer du dialogue, qui doit rester au cœur de la résolution des conflits. « Le dialogue est une arme puissante que les êtres humains doivent utiliser pour que la paix règne partout », a fait observer Philémon Yang.

Alors que nous approchons du 80e anniversaire des Nations Unies, « nos appels à la paix mondiale doivent être plus résolus, en exploitant le puissant symbolisme de cette année charnière ».

A noter que près de six semaines de débats sont prévues pour discuter des situations d’urgence dans une quarantaine de pays – de la Biélorussie à la République démocratique du Congo, en passant par la Corée du Nord, Haïti, le Soudan, l’Ukraine et d’autres encore – ainsi que de questions thématiques et de quelque 80 rapports émanant d’experts indépendants et du Bureau des droits de l’homme (HCDH) – sur les enfants dans les conflits armés et la torture, entre autres – jusqu’à la clôture de la 58e session, le vendredi 4 avril.

Le Conseil des droits de l’homme est le principal organe mondial de discussion et d’action en matière de droits de l’homme. Il a été fondé en 2006 et compte 47 États membres, bien que les 193 pays membres des Nations Unies puissent y participer en tant qu’observateurs.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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