Un an après une précédente visite, il a dit faire « le triste constat que tous les indicateurs restent extrêmement préoccupants. Le premier, et le plus inquiétant, étant celui de l’insécurité ».
Malgré un embargo international, les armes et munitions continuent d’être acheminées illégalement dans le pays, permettant aux gangs de mener des attaques de grande ampleur et d’étendre leur contrôle et leur influence sur de nouveaux territoires, a-t-il noté lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince.
L’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti s’est rendu dans le sud, aux Cayes et à Jérémie, et a pu constater que des zones encore non affectées par la violence des gangs subissent leur impact direct avec une inflation galopante, le manque de produits de première nécessité, et des flux de déplacés internes qui accroissent encore la vulnérabilité des populations, en particulier celle des enfants et des femmes.
La Mission multinationale d’appui à la sécurité
La Police nationale d’Haïti manque de capacités logistiques et techniques pour contrer les gangs, a-t-il observé.
La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), autorisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en octobre 2023, n’a pour le moment déployé que moins d’un quart de son effectif prévu. « Le matériel reçu est inadapté et les ressources sont insuffisantes », a souligné l’expert.
« En attendant, la population continue de souffrir de la violation de tous ses droits humains. Les violences sexuelles, utilisées comme armes par les gangs pour contrôler la population, ont drastiquement augmenté ces derniers mois. Les gangs se livrent de manière croissante à la traite des enfants, aux recrutements forcés, et les utilisent souvent pour mener des attaques contre les institutions publiques et les opérations de police. Les jeunes perdent l’espoir d’un avenir meilleur », a-t-il déploré
Au cours de sa visite, il a rencontré des jeunes Haïtiens, anciens membres de gangs, qui lui ont dit avoir l’impression d’être pris en otage. « Lorsqu’on leur demande ce à quoi ils aspirent, ils évoquent une vie normale, un travail, la scolarisation des enfants, de quoi subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Grâce au soutien d’une organisation de la société civile, ils ont réussi à quitter le gang et ont maintenant un emploi », a expliqué William O’Neill.
Il a noté que ces organisations se substituent souvent à l’Etat pour fournir des besoins de base à la population qui manque de tout. C’est notamment le cas dans les quartiers contrôlés par les gangs, mais aussi dans les camps de déplacés et dans les prisons, « là où l’État devrait justement tout mettre en œuvre pour protéger les plus vulnérables ». A ce jour, seuls 28% des services de santé fonctionnent normalement en Haïti et près de 5 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
La situation dans les prisons a empiré
S’agissant des prisons, en dehors de Port-au-Prince, la situation est encore pire qu’il y a un an, a estimé l’expert, citant le cas de la prison des Cayes, où il y a 853 détenus pour une capacité totale de 200 personnes.
« Ils dorment sur des sols inondés d’eau de pluie et jonchés d’immondices. Ils restent parfois plusieurs jours sans manger. Plusieurs dizaines de détenus sont morts dans ces conditions cette année. Au moins 84% d’entre eux sont en détention préventive prolongée », a-t-il dit.
L’expert a salué les efforts du Premier ministre pour faire de la lutte contre la corruption une priorité, alors que la corruption ronge le système à tous les niveaux de la chaîne hiérarchique et dans tous les secteurs, au premier rang desquels, la justice. Sur 94 enquêtes menées par l’Unité anti-corruption au cours des 20 dernières années, une seule a abouti à une condamnation à ce jour.
Selon lui, les efforts doivent être redoublés immédiatement pour responsabiliser l’Etat en luttant contre la corruption et la mauvaise gouvernance qui continue de plonger le pays dans une crise humanitaire sans précédent.
Il a aussi jugé crucial d’étouffer les gangs en donnant à la Mission multinationale les moyens d’être efficace pour soutenir les opérations de la Police nationale d’Haïti, ainsi que pour mettre en œuvre les autres mesures prévues par le Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment le régime de sanctions et l’embargo ciblé sur les armes.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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