Lors de cet événement, organisé dans le cadre de la Commission de la condition de la femme, la plus grande conférence mondiale sur l’égalité des sexes, les déléguées ont décrit les nombreuses formes de violence numérique, mis en garde contre l’effet paralysant que le harcèlement et la discrimination en ligne ont sur la participation des femmes à la vie politique et partagé certains des moyens les plus efficaces pour créer des espaces numériques sûrs pour les femmes.
A l’issue de la réunion, ONU Info s’est entretenu avec certaines des intervenantes, parmi lesquelles des responsables politiques et des défenseures des droits, afin d’obtenir des informations de première main sur les conséquences de la violence numérique dans leur pays et sur la manière d’y faire face.
Nous devons rester unies
Anaís Burgos, femme politique mexicaine, au siège de l’ONU (Mars 2025)
Anaís Burgos est une parlementaire mexicaine. Elle a été vivement applaudie près avoir fièrement brandi une poupée représentant Claudia Sheinbaum, la première femme Présidente du Mexique.
« La violence numérique touche toutes les femmes qui se consacrent aux affaires publiques, que ce soit au travail ou dans nos relations personnelles. Elle laisse des traces très importantes, car elle affecte la santé mentale et physique, en créant de l’anxiété, de la discrimination, de la paranoïa et de la peur.
Je ne peux rien publier de personnel sur les médias sociaux, car les gens chercheraient n’importe quoi pour m’attaquer, comme ma famille, mes origines ou la couleur de ma peau. Certaines de mes collègues ont envisagé de quitter la politique pour ne plus être la cible d’attaques et de violences.
Mais je crois qu’il faut continuer. Je dois rendre cette violence visible, je dois la dénoncer. Et en tant que responsable politique, je dois la changer. Si cela m’arrive à moi, quelqu’un qui a une voix publique pour la dénoncer, qu’est-ce que cela fait à une jeune fille qui ne dispose pas d’une telle tribune ? Ou aux femmes afro-mexicaines, aux femmes autochtones et aux femmes vivant avec un handicap ?
Nous avons besoin de plus de législation pour punir ce type de violence sous toutes ses formes. Elle a progressé si rapidement et dans certains pays de notre région l’intelligence artificielle n’est même pas réglementée.
Nous devons rester unies. Les droits que les femmes ont acquis jusqu’à présent n’auraient pas été gagnés sans une voix collective. Et il faut que les hommes comprennent que, pour mettre fin à la violence, nous avons besoin de leur participation et de leur soutien ».
Vacciner contre la désinformation
Roberta Braga, Fondatrice et Directrice exécutive de l’Institut de la démocratie numérique des Amériques (DDIA) au Siège de l’ONU (mars 2025)
Roberta Braga est la fondatrice et Directrice exécutive du Digital Democracy Institute of the Americas (DDIA), un centre de recherche et d’initiatives visant à renforcer la confiance entre les communautés et la démocratie.
« La polarisation et la méfiance sont amplifiées par les médias sociaux. Mais il y a un côté positif. Nous sommes désormais en mesure d’identifier ce que nous appelons les « méta-récits », des histoires qui sont recyclées et utilisées dans différents contextes dans différents pays pour attaquer les femmes, ce qui signifie que nous disposons des informations et des outils dont nous avons besoin pour les contrer à l’avance.
C’est ce que nous appelons le « pré-bunking » ou la « vaccination ». Cela consiste essentiellement à expliquer aux gens les tactiques de manipulation et les récits qui sont utilisés contre eux en ligne, afin qu’ils puissent les reconnaître lorsqu’ils les voient et devenir un peu plus résistants.
Il y a très peu d’espace entre nos mondes en ligne et hors ligne aujourd’hui, et la violence numérique peut absolument se transformer en violence dans le monde réel. Elle peut conduire des groupes de personnes à s’asseoir devant votre domicile, à propager la haine contre vous et même à vous attaquer en personne.
J’ai eu la chance de ne pas être la cible d’attaques coordonnées, mais je connais beaucoup de femmes qui ont été victimes d’abus. Par exemple, une de mes amies qui était sur le point de siéger dans un conseil du gouvernement américain chargé de lutter contre la désinformation, a reçu une énorme vague d’attaques en ligne. La situation était si grave que l’initiative a été entièrement annulée. Elle était enceinte à l’époque, et son mari, voire son bébé, ont également été pris pour cible. Cela peut devenir très toxique ».
La technologie est sans cesse utilisée contre les femmes
Marcela Hernández, cofondatrice du réseau latino-américain de défenseurs numériques au Siège de l’ONU (mars 2025)
Marcela Hernández est la cofondatrice du réseau latino-américain des défenseurs numériques, une organisation qui promeut une législation complète pour lutter contre la violence numérique et la punir.
« À ce jour, nous avons recensé plus de 700 mesures prises par différentes entités gouvernementales au Mexique, y compris la police, les bureaux des procureurs et les tribunaux, pour lutter contre la violence numérique. Le bureau du procureur général de la ville de Mexico dispose même d’une agence spécialisée dans la poursuite des crimes de violence numérique.
Je me souviens de la première fois que j’ai appris qu’une jeune fille s’était suicidée parce qu’une vidéo la montrant en train de subir des abus sexuels avait circulé en ligne. Même si je ne la connaissais pas, cela m’a marqué. J’ai su à ce moment-là que d’autres choses de ce genre allaient se produire.
Lorsqu’une nouvelle technologie atteint le marché de masse, elle est utilisée à maintes reprises pour commettre des violences à l’encontre des femmes, pour nous subordonner et nous réduire à l’état d’objet.
Lorsque l’intelligence artificielle s’est répandue en 2024, il y a eu immédiatement des cas de garçons dans des universités et des écoles de différentes parties du monde qui ont pris des images de leurs camarades de classe pour créer du matériel sexuellement explicite, sans leur consentement.
C’est pourquoi nous devons nous approprier nous-mêmes la technologie ; les femmes créant des outils en ligne au profit d’autres femmes ».
Ces entretiens ont été traduits de l’espagnol et édités pour des raisons de clarté et de longueur.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).
To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).
Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.