Le document du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) fait état d’une politique officielle visant à attaquer et à réprimer violemment les manifestants et les sympathisants antigouvernementaux, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’existence de crimes contre l’humanité nécessitant d’urgence une enquête criminelle plus approfondie.

« Il existe des motifs raisonnables de croire que des centaines d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires massives, et de tortures ont été perpétrées au su, avec la coordination et sous la direction des dirigeants politiques et des hauts responsables de la sécurité, dans le cadre d’une stratégie visant à réprimer les manifestations », a déclaré Volker Türk, chef des droits de l’homme de l’ONU.

S’exprimant à Genève, M. Türk a souligné que certaines des violations les plus graves décrites dans le rapport pourraient constituer des crimes internationaux susceptibles d’être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), puisque le Bangladesh est un État partie au Statut de Rome qui a créé le tribunal de La Haye. Le statut fondateur de la CPI lui donne compétence en matière de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de crime d’agression (à la suite d’un amendement en 2010).

Une stratégie calculée et bien coordonnée de l’ancien gouvernement

Citant « diverses sources crédibles », le rapport de l’ONU estime que « jusqu’à 1.400 personnes pourraient avoir été tuées entre le 1er juillet et le 15 août », et que « des milliers d’autres ont été blessées ». La grande majorité des personnes tuées ont été abattues par les forces de sécurité, et que 12 à 13 % étaient des enfants.

Le rapport a constaté que les forces de sécurité tuaient ou mutilaient délibérément et de manière inadmissible les manifestants, y compris lors d’incidents où des personnes ont été abattues à bout portant. 

Il révèle également que la police et d’autres forces de sécurité ont tué et mutilé des enfants et les ont soumis à des arrestations arbitraires, à des détentions dans des conditions inhumaines et à la torture.

« La réponse brutale était une stratégie calculée et bien coordonnée de l’ancien gouvernement pour s’accrocher au pouvoir face à une opposition de masse », affirme le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

Le Haut Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk visite l’hôpital Nitol, au Bangladesh, où certains des étudiants ont été abattus alors qu’ils participaient à des manifestations. (archives)

L’ancien parti au pouvoir et les forces de sécurité pointés du doigt

Le Haut-Commissariat accuse de graves violations des droits humains l’ancien gouvernement, les services de sécurité et de renseignement du Bangladesh, ainsi que des « éléments violents » associés à la Ligue Awami, le parti de l’ex-première ministre Sheikh Hasina.

Mme Hasina, qui dirigeait le Bangladesh d’une main de fer depuis 2009, a fui son palais et trouvé refuge en Inde le 5 août dernier, après plusieurs semaines d’émeutes réprimées dans le sang. La mobilisation contre son pouvoir avait débuté en juillet 2024 après une décision de justice autorisant le retour de quotas d’emplois publics.

Un gouvernement provisoire mené par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a pris les rênes du pays jusqu’à des élections générales, annoncées pour la fin de l’année ou le début de 2026.

À la demande de M. Yunus, le Haut-Commissariat avait envoyé en septembre dernier une équipe au Bangladesh, composée d’enquêteurs spécialisés sur les droits humains, d’un médecin légiste et d’un expert en armement, afin d’enquêter sur la répression des manifestations.

© UNOHCHR/Anthony Headley

Le Haut Commissaire aux droits de l’homme, M. Volker, en compagnie d’étudiants qui lui montrent les graffitis réalisés lors de la manifestation de juillet près de l’université de Dhaka, au Bangladesh.

Représailles et actes de vengeance contre les partisans du régime déchu

Par ailleurs, le rapport fait également état de cas troublants d’assassinats en représailles et d’autres actes graves de violence par vengeance visant des responsables et des partisans de la Ligue Awami, la police et les médias, alors que l’ancien gouvernement commençait à perdre le contrôle du pays.

Les hindous, les musulmans Ahmadiyya et les populations indigènes des Chittagong Hill Tracts ont également été victimes de violations des droits de l’homme.

Face à ce sombre tableau, l’ONU appelle Dacca à réformer les secteurs de la sécurité et de la justice, à abolir une série de lois et d’institutions répressives conçues pour étouffer la dissidence civique et politique, et à mettre en œuvre des changements plus larges au niveau du système politique et de la gouvernance économique.

« La responsabilisation et la justice sont essentielles à la guérison nationale et à l’avenir du Bangladesh », selon Volker Türk, afin de s’assurer que les graves violations des droits humains « ne puissent plus jamais se reproduire ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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