« Depuis plusieurs décennies, nous connaissons les crises massives du changement climatique, de la perte en diversité ou des déchets. Nous connaissons les problèmes, et beaucoup de bonnes solutions, aussi. Mais le rythme des progrès demeure lent et ne semble pas à la hauteur ».
L’Institut pour l’environnement et la sécurité humaine de l’UNU (UNU-EHS) a identifié cinq grands domaines de « changements urgents et nécessaires ». A chaque fois, des solutions déjà à l’œuvre sont mises en avant, qu’il est possible de répliquer.
1 – Kamikatsu, modèle japonais de recyclage des déchets
Le système actuel n’est pas durable et génère 2 milliards de tonnes de déchets ménagers par an. Un tel volume, s’il était placé dans une seule ligne de conteneur maritimes mis bout à bout, ferait 25 fois le tour de l’équateur ! D’où la nécessité de « repenser les déchets », premier grand domaine de changement identifié par le rapport.
Kamikatsu Zero Waste Center, lancé en 2003 au Japon, représente un modèle de traitement circulaire exemplaire, parce qu’il remet en question les manières de produire et de consommer. Compostage, recyclage, échange de vêtements et tri des déchets en 45 catégories : le taux de recyclage (80 %) de la localité de Kamikatsu est 4 fois supérieur à la moyenne du Japon.
2 – Restauration de la rivière Kissimmee, en Floride
L’humanité doit cesser de vouloir contrôler la nature, mais plutôt « s’aligner » sur elle. C’est la seconde grande recommandation du rapport. Exemple : la rivière Kissimmee, aux Etats-Unis, a été canalisée dans les années 1960. Ce processus consiste à faire couler les cours d’eau en ligne droite pour faciliter la navigation, créer plus de terres agricoles ou protéger les villes contre les inondations.
Mais cette opération a entraîné l’assèchement d’environ 160 km2 de zones humides et un déclin massif des espèces. Or, cette rivière a été restaurée à partir de 1992, permettant le retour de la faune et de la flore dans des zones humides qui servent à nouveau « d’éponges ». Un rôle crucial dans la prévention des inondations, notamment pendant les tempêtes et cyclones, de plus en plus fréquents.
3 – La couche d’ozone sauvée par le Protocole de Montréal
Face à la triple crise planétaire (climat, perte en biodiversité et pollution), il faut « reconsidérer la responsabilité de « moi » à « nous » ». Dans leur plaidoyer pour le « voisinage global » qu’est le multilatéralisme, les auteurs du rapport citent en exemple le Protocole de Montréal. Adopté en 1987 et ratifié par 197 pays, ce traité environnemental régule la production et la consommation de 100 substances nuisibles à la couche d’ozone.
Assorti de pénalités et d’un fonds pour sa mise en œuvre, c’est « l’un des traités internationaux les plus réussis de l’histoire », estime le rapport. Avec 98 % de diminution des substances qui l’appauvrissent, l’ozone est en bonne voie de reconstitution d’ici 2066. Un résultat encourageant pour les COP, qui ont débouché sur l’Accord de Paris en 2015.
4 – Les droits de la Terre reconnus en Equateur
Autre exemple de responsabilité collective autour du « bien commun » : en 2008, la Constitution équatorienne a établi les droits exécutoires de la Pachamama, ou Terre mère.
Dans ce cadre, un tribunal a jugé que les inondations causées par le déversement de débris de construction d’une route dans la rivière Vilcabamba violaient les droits de la nature, et a ordonné l’enlèvement des débris pour rétablir le droit de la rivière à s’écouler.
Plusieurs autres pays, dont la Nouvelle-Zélande, ont décidé de conférer à des fleuves ou des rivières une personnalité juridique, afin de défendre leurs droits en justice.
5 – Des « comités de l’avenir » pour anticiper sur plusieurs générations
Sauver la planète des risques de désastre implique de sortir des vues à court terme et d’anticiper sur plusieurs générations. « Réimaginer le futur : des secondes aux siècles », telle est le quatrième point de changement fondamental pour l’EHS-UNU. Le rapport renvoie aux traditions de la Confédération Haudenosaunee (ou « Ligue des Iroquois »), qui vit en Amérique du Nord selon le principe de la septième génération. Toutes les décisions sont prises, en effet, en considérant leur impact sur 175 ans.
De même, des « comités de l’avenir » créés au niveau des Parlements se multiplient à travers le monde, en Finlande, en Islande et au Chili, donnant eux aussi l’exemple. Leur préoccupation : « préserver le bien-être de ceux qui hériteront de notre monde ».
6 – Une chambre forte mondiale de semences en Norvège
Dans la même perspective, comment protéger la biodiversité pour les générations futures ? L’une des réponses se trouve à Svalbard, en Norvège. Sur cet archipel du grand Nord, en mer du Groenland, le gouvernement norvégien a fondé en 2008 une « Chambre forte mondiale de semences ».
Le site, protégé par le froid naturel du permafrost, est capable de résister à des inondations et des séismes. Il conserve comme un trésor, à -18 degrés, les semences de plus de 6 000 espèces de plantes. Au Pérou, le même type d’initiative conserve les semences de différentes espèces de pommes de terre. Svalbard est l’un des 1 700 lieux dans le monde qui conservent des échantillons génétiques de 50 000 espèces de plantes.
7 – Le « Bonheur national brut » au Bhoutan
Pour prendre le mal à la racine, il faudrait donner la priorité au bien-être et à l’équilibre écologique plutôt qu’à la croissance économique, plaide le rapport. Ses auteurs encouragent à « redéfinir la valeur : de la richesse économique à la santé de la planète ».
Un exemple : l’indice du Bonheur national brut au Bhoutan, qui se préoccupe de la santé, du bien-être et de la diversité écologique dans la prise de décision. Ce qui a permis à ce petit royaume himalayen de « plutôt réussir dans sa réponse à la pandémie de Covid-19, en mettant l’accent sur la santé publique et le soutien social, plutôt que sur l’économie ».
8 – « Ordonnances vertes » pour se soigner par la nature
Dans le même ordre d’idées, « créer des systèmes qui reconnaissent des valeurs non économiques » devrait permettre de mieux estimer, par exemple, l’apport essentiel des forêts. Celles-ci « absorbent 7,6 millards de tonnes de CO2 par an, une fois et demie le niveau annuel d’émissions des Etats-Unis ».
Certains pays, comme le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Japon, considèrent déjà les espaces verts comme un bon moyen de lutter contre l’hypertension, l’anxiété et la dépression. Leurs médecins signent ainsi des « ordonnances vertes » pour que les patients passent du temps dans la nature.
Pour conclure, « le changement peut être désagréable, mais revenir en arrière ne résoudra pas les défis d’un monde qui évolue rapidement », déclare Dr Zita Sebesvari, l’une des autrices principales du rapport. « Ce rapport ne vise pas seulement à éviter les catastrophes, mais aussi à s’affranchir de la mentalité qui consiste à se contenter d’atténuer les dommages. Nous nous limitons lorsque nous nous concentrons uniquement sur la prévention du pire, au lieu de viser le meilleur ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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