La nouvelle vague de violence qui secoue la Colombie n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’histoire du pays.
« Alors que l’année dernière touchait à sa fin, les Colombiens célébraient le huitième anniversaire de l’accord de paix », a en effet rappelé le Représentant spécial pour la Colombie, Ruiz Massieu, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation dans le pays.
Après des décennies de conflit interne, l’Accord de paix final conclu en 2016 entre le gouvernement cololmbien et l’ancienne guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) avait permis dans un premier temps de réduire les violences dans ce pays d’Amérique du Sud, premier producteur mondial de cocaïne.
« Malheureusement, les premiers jours de la nouvelle année ont été marqués par la violence », a déploré M. Massieu, qui est également chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, chargée de vérifier la mise en œuvre de l’accord.
Regain de violence
Selon le Représentant spécial, des affrontements ont éclaté en fin de semaine dernière à Catatumbo, une région reculée du nord-est du pays, où les guérilleros guévaristes de l’Armée de libération nationale (ELN) ont attaqué un groupe armé rival implanté dans la zone, connu sous le nom d’EMBF (Estado Mayor de los Bloques y Frentes, en espagnol).
Cette attaque s’inscrit dans le cadre de violences entre plusieurs groupes armés qui se disputent le contrôle de diverses zones du pays où la présence de l’État est limitée, a-t-il précisé.
Dans une déclaration publiée mardi soir par son porte-parole, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a condamné les violences à Catatumbo, qui ont fait des dizaines de morts parmi les civils, notamment des anciens combattants des FARC-EP signataires de l’accord et des défenseurs des droits de l’homme.
Suspension des négociations de paix
Le Secrétaire général a par ailleurs pris acte de la suspension par le Président colombien, Gustavo Petro, de tout dialogue avec l’ELN suite à cette attaque.
Il s’agit de la seconde fois, au cours des cinq derniers mois, que les pourparlers de paix entre les autorités colombiennes et le groupe d’extrême gauche sont interrompus en raison de violences.
M. Guterres a appelé à une cessation immédiate des hostilités et à accélérer la mise en œuvre de l’accord, « pierre angulaire » selon lui de la consolidation de la paix en Colombie.
Parallèlement, le Président Petro, lui-même un ex-membre dans sa jeunesse d’une guérilla d’extrême gauche (le M-19), s’est rendu dans la zone de violence et a mobilisé les agences gouvernementales pour aider les personnes touchées et les milliers de civils déplacés par les violences.
« C’est dans le vide de la présence de l’État que les groupes armés illégaux se battent pour le contrôle territorial et social », a déclaré M. Massieu devant le Conseil.
Aussi le Représentant spécial a-t-il salué l’engagement du Président Petro à ce que les budgets de mise en œuvre de l’accord de paix soient préservés, malgré la conjoncture financière complexe.
Les ex-combattants pris pour cible
Au cours des six derniers jours, pas moins de 1.000 personnes ont été tuées dans la région de Catatumbo, a de son côté déploré le représentant de la haute partie contractante à la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final, Diego Tovar. Et cette violence menace de s’étendre à d’autres régions, a-t-il prévenu.
L’impunité en ce qui concerne les meurtres d’ex-combattants dans le pays est très élevée, a poursuivi M. Tovar, selon qui 90% de ces crimes demeurent sans suite.
Huit ans après la signature de l’accord, 76% des ex-combattants se retrouvent au chômage, a-t-il également noté, avant de rappeler au gouvernement colombien ses obligations envers les milliers d’anciens combattants qui avaient volontairement déposé les armes en 2016.
Les populations autochtones en situation critique
M. Tovar a précisé que 60% des personnes touchées par les violences actuelles appartiennent à des populations autochtones.
Dans ce cadre, il a jugé urgent de renforcer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord, selon lui l’un des domaines où les progrès sont les moins visibles. La réintégration des ex-combattants « ayant une identité ethnique », soit près de 3.000 personnes, demeure notamment au point mort, a déploré M. Tovar .
Cette dimension ethnique est d’autant plus importante qu’un dixième des Colombiens sont d’origine autochtone et que ces derniers occupent un tiers du territoire, a quant à lui estimé Armando Wouriyu Valbuena, du Forum de haut niveau sur les populations autochtones de Colombie.
Dans ce contexte, M. Wouriyu Valbuena a regretté que seules 28% des dispositions de l’accord concernant les populations autochtones aient été mises en œuvre, alors qu’en 2023, le Gouvernement s’était fixé pour objectif d’atteindre 60% de mise en œuvre d’ici la fin de son mandat.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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