Dans une interview accordée à ONU Info, le Président de l’Assemblée générale, Philémon Yang, se dit particulièrement préoccupé par les défis auxquels sont confrontés les pays africains et par la nécessité de combler le fossé qui sépare les pays du Sud des pays développés en matière de développement.
L’entretien a eu lieu au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, au cours de laquelle la Vice-secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, a qualifié le continent – qui compte 59 % de tous les décès liés au terrorisme dans le monde – d’« épicentre du terrorisme mondial ».
M. Yang, ancien Premier ministre du Cameroun, a suggéré que l’une des réponses pourrait être le déploiement d’opérations de paix dirigées par l’Union africaine et financées par les Nations Unies. ONU Info lui a d’abord demandé pourquoi il était favorable à ce modèle.
Cet entretien a été édité pour des raisons de clarté et de longueur.
Philémon Yang : La Charte des Nations Unies prévoit que des organisations régionales ou sous-régionales peuvent se voir confier une mission spécifique, et l’une de ces organisations régionales est l’Union africaine, qui est capable de mener des missions de paix.
Je suis convaincu que, lorsque les questions de paix en Afrique sont complexes, l’Union africaine, qui comprend très bien un grand nombre de ces questions, pourrait se voir confier l’autorité, l’autorisation et le financement des Nations Unies pour mener à bien une telle mission.
Ces missions ne sont pas encore bien établies, mais je suis convaincu que si le Conseil de sécurité de l’ONU accorde sa confiance à l’Union africaine, de très nombreuses choses pourraient être faites de la bonne manière à l’avenir.
ONU Info : Comment pensez-vous que l’Afrique peut combler la fracture numérique, à savoir le manque relatif de technologie numérique en Afrique ?
Philémon Yang : La possession d’un ordinateur, d’un smartphone ou l’accès à l’Internet sont liés au développement. Le Pacte pour l’avenir [un plan adopté par les États membres de l’ONU en 2024 pour un avenir meilleur] fait spécifiquement référence à l’Afrique.
L’initiative « Tombouctou » du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) vise à réduire l’écart en aidant les pays africains à développer les processus numériques plus rapidement qu’ils ne l’ont fait par le passé. Il faut que cela fonctionne, car si nous ne réduisons pas le fossé, beaucoup de jeunes en Afrique n’auront pas la possibilité de se développer.
ONU Info : Vous avez qualifié l’Assemblée générale de « grand baobab sous lequel les nations harmonisent leurs points de vue ». Vous envisagez d’organiser des « dialogues sous l’arbre à palabres ». Comment fonctionneront-ils ?
Philémon Yang : L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. Mes prédécesseurs organisaient des dialogues informels, non scriptés, de simples conversations sans discours écrits, sans remarques écrites.
En Afrique, les arbres à palabres sont des endroits où les gens s’assoient et parlent librement. Ils soulèvent des questions qui les préoccupent et, très souvent, ils ne sont pas obligés de trouver une solution immédiatement.
Les discussions sont détendues, ce qui favorise un discours productif. Nous pourrions ainsi créer un sentiment de confiance entre les pays.
ONU Info : De nombreux pays africains sont confrontés à d’énormes problèmes financiers, tels que le remboursement de la dette et des taux d’intérêt élevés, qui entravent leur développement. Vous organisez une réunion avec l’Union interparlementaire sur la réforme de l’architecture financière internationale. Quels sont vos objectifs ?
Philémon Yang : Il faut adapter le comportement et les pratiques des institutions financières internationales au monde moderne.
Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain a créé le plan Marshall, qui a apporté une aide financière considérable à l’Europe occidentale. Ce plan a très bien fonctionné. Si l’on devait rétablir le plan Marshall aujourd’hui, il faudrait l’adapter à l’évolution des circonstances.
La réforme de l’architecture financière internationale est essentielle pour nous, et nous nous réjouissons de pouvoir en discuter avec l’Union interparlementaire, mais aussi lors de la conférence sur le financement du développement qui se tiendra en juin. La réforme permettra au monde de continuer à se développer et à aller de l’avant.
ONU Info : Dans quelle mesure l’ONU, cette institution vieille de 80 ans, est-elle encore pertinente ?
Philémon Yang : Si l’ONU n’existait pas, nous la créerions aujourd’hui parce qu’il y a tellement de problèmes, tellement de défis qu’un seul pays ne peut relever.
Quatre-vingts ans, c’est long dans la vie d’un être humain, mais pas dans la vie d’un pays ou d’une organisation. L’ONU n’est pas parfaite, mais nous ne pouvons pas créer une organisation parfaite.
L’ONU reste pertinente et très importante, mais des réformes sont nécessaires.
Lorsqu’elle a été créée en 1945, la plupart des pays qui sont aujourd’hui membres de l’Assemblée générale n’existaient pas. Il serait injuste de continuer à utiliser toutes les règles mises en place en 1945, car elles ne s’appliquent plus facilement.
Je peux prendre un exemple simple. Le droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Tout le monde admet la nécessité d’une réforme, et des voix s’élèvent pour demander la création de deux sièges permanents au Conseil pour les pays africains.
Les réformes ne sont pas dangereuses. Elles ne tuent personne. Et elles ne feraient que rendre les Nations Unies mieux équipées pour faire face à tous les problèmes mondiaux auxquels nous sommes confrontés, que ce soit à Gaza, en Ukraine, au Soudan ou ailleurs. Il est dans l’intérêt de tous que les Nations Unies soient plus performantes.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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