Elles sont venues du monde entier pour la Commission de la condition de la femme, deux semaines de discussions, de débats et de réseautage.
Lors de la séance d’ouverture lundi, Sima Bahous, Directrice d’ONU Femmes (l’agence des Nations Unies pour l’égalité des sexes), leur a affirmé que « la misogynie est en hausse » et, lors d’une réunion publique organisée par António Guterres mardi, le Secrétaire général de l’ONU a déclaré qu’une « réaction violente » menaçait de « faire reculer les progrès ».
ONU Info a rencontré des participantes pour évaluer l’état d’esprit et connaître leur sentiment face à la réaction négative au féminisme signalée par ONU Femmes, et ce que la menace de coupes budgétaires massives de la part de certains grands pays donateurs pourrait signifier pour leurs organisations et les personnes qu’elles soutiennent.
« Nous allons reculer avant d’avancer »
Grace Forrest, Directrice fondatrice de l’organisation anti-esclavage Walk Free
Grace Forrest est la Directrice fondatrice de Walk Free, Walk Free, un groupe international de défense des droits humains qui se consacre à l’éradication de l’esclavage moderne et qui produit l’Indice mondial de l’esclavage, considéré comme le principal ensemble de données au monde pour mesurer et comprendre l’esclavage moderne.
« Nous sommes ici parce que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par presque toutes les formes d’esclavage moderne, du mariage forcé au travail forcé, en passant par la servitude pour dettes et la traite des êtres humains.
Leur vulnérabilité à l’esclavage moderne augmente et leurs droits risquent d’être bafoués partout dans le monde. C’est pourquoi nous avons souhaité être ici pour mettre l’esclavage moderne à l’ordre du jour, dans le contexte d’un gouvernement autoritaire aux États-Unis qui tente d’interdire des termes tels que « race », « genre » et « féminisme ». Nous ne nous laisserons pas réduire au silence ni effacer.
Aujourd’hui, la misogynie est manifeste, sur les réseaux sociaux, par des dirigeants mondiaux qui ne mâchent pas leurs mots et par l’élection de dirigeants qui ignorent la sécurité et la valeur des femmes dans l’espace public.
Nous sommes extrêmement préoccupées par les coupes budgétaires des principaux donateurs. Nous entendons parler d’organisations de terrain, dirigées par des personnes ayant survécu à la servitude pour dettes et au travail forcé, qui doivent contracter des emprunts pour tenter de maintenir leurs organisations à flot. Certaines des organisations de terrain les plus efficaces sont les plus durement et les plus rapidement touchées.
Faire progresser les droits des femmes et des filles est un défi de taille à l’heure actuelle, et il est effrayant de constater que nous espérons simplement ne pas reculer. Et je pense que nous allons reculer avant d’avancer.
Il est temps que les systèmes se mobilisent et affirment la nécessité de financer des actions telles que la lutte contre l’esclavage moderne ».
« Nous sommes fortement touchées par les coupes budgétaires »
Moufeeda Haidar de l’ONG de jeunesse Restless Development, s’exprime lors de la nouvelle session de la Commission de la condition de la femme.
Moufeeda Haidar est Coordinatrice régionale principale de programmes à Restless Development, une organisation à but non lucratif qui soutient le pouvoir collectif des jeunes leaders. Elle a reçu une bourse en 2024 dans le cadre du programme de la Jeunesse pour l’égalité des genres.
« Je suis basée au Liban et je travaille principalement sur un programme qui s’attaque à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des jeunes femmes en situation de handicap, des femmes vivant avec le VIH, des personnes s’identifiant comme LGBTQ et des femmes déplacées dans neuf pays d’Afrique, d’Amérique centrale et de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
Le rejet du féminisme a toujours existé. Il est parfois très politisé et instrumentalisé au profit du patriarcat, ce qui porte atteinte aux droits des femmes et aux droits en matière de genre. Il y a indéniablement une réaction négative croissante au Liban et dans la région MENA.
Le contexte politique actuel ne nous surprend pas. Nous sommes déjà fortement touchées par les coupes budgétaires dans la région MENA. Les financements destinés aux programmes jeunesse sont réduits depuis des années. Dans notre dernier rapport sur l’état de la jeunesse de la société civile, 72 % des personnes interrogées ont déclaré ne recevoir pratiquement aucun financement pour leurs projets d’action climatique.
Nous sommes très préoccupées par la planification. Nous travaillons avec des organisations locales, des organisations dirigées par des femmes et des mouvements féministes. Nous avons créé des réseaux dans ces pays et constaté le travail remarquable qu’ils ont accompli au fil des ans. Nous nous interrogeons sur la suite. Comment allons-nous soutenir ce réseau ? »
« Cela me laisse perplexe et sans voix »
Linda Sestock, Présidente de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, s’exprimant lors de la nouvelle session de la Commission de la condition de la femme.
Linda Sestock est Présidente de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, qui décerne des bourses universitaires aux femmes et encourage leur participation à tous les aspects des nouvelles technologies et du leadership.
« Nous sommes extrêmement préoccupées, surtout après avoir vu ce qui s’est passé chez nos voisins du Sud : nous avons constaté l’évolution des alliances aux États-Unis et nous sommes très inquiets. Nous voulons nous assurer que cela ne se reproduise pas au Canada.
La plupart des Canadiens croient aux droits de leurs compatriotes et croient que nous pourrons poursuivre sur la même voie, mais nous devons être prudents et veiller à ne pas reculer.
Nous devons nous concentrer pleinement sur l’éducation des femmes et leur intégration dans les domaines de la technologie, de l’ingénierie, des sciences et des mathématiques, car les algorithmes actuels sont biaisés en faveur des hommes et peuvent être utilisés contre les femmes.
Nous sommes inquiets de constater que certains mots ne sont plus autorisés, comme « diversité », « équité » et « inclusion » [une liste de mots interdits ou déconseillés par l’administration américaine aurait été établie et diffusée]. Nous avons beaucoup de professeurs dans notre organisation, et des personnes perdent des subventions parce qu’on leur demande de supprimer des mots comme « féminin » et « genre ». Ils refusent et perdent donc des financements. Nous devons donc veiller à continuer de promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion.
C’est ahurissant et je suis sans voix ».
Ces entretiens ont été édités pour plus de clarté et de concision.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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