Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en Afghanistan, Roza Otunbayeva a souligné l’ampleur des restrictions imposées aux femmes du pays, après trois ans et demi de régime taliban. 

La Représentante spéciale du Secrétaire général a notamment cité l’interdiction d’accès à l’éducation qui frappe les filles afghanes depuis bientôt quatre ans, une interdiction selon elle « sans aucun fondement » dans la religion islamique. 

Elle a également signalé que, le 2 décembre dernier, les autorités sanitaires talibanes avaient ordonné la fermeture des instituts médicaux pour filles, jusqu’ici l’une des dernières voies permettant à ces dernières d’accéder à une formation professionnelle. 

Selon l’envoyée spéciale, cette nouvelle interdiction entrave la capacité du pays à protéger  non seulement la santé des femmes, mais également celle de tous les Afghans. Elle a ajouté que cette décision ne ferait qu’aggraver la mortalité maternelle et infantile dans le pays, d’ores et déjà l’une des plus élevées au monde.

Roza Otunbayeva, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan, informe le Conseil de sécurité de la situation dans le pays.

La prévention du vice

Mme Otunbayeva, qui est également la cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a indiqué que la mission suivait de très près l’application par les talibans de leur loi pour « la prévention du vice et la promotion de la vertu ». 

Promulguée en août 2024, cette dernière renforce les restrictions dont font l’objet les femmes du pays, leur interdisant notamment de chanter, de réciter de la poésie et même de lire à voix haute en public.

Constatant ses effets négatifs en matière économique et de respect des droits humains, l’envoyée de l’ONU a estimé que cette loi était un obstacle majeur à la réintégration de l’Afghanistan au sein de la communauté internationale.

Le « mensonge » taliban

Venue témoigner devant le Conseil, Azadah Raz Mohammad, une  avocate afghane, a rappelé qu’au moment de leur prise de pouvoir, en 2021, les talibans s’étaient faits passer pour un groupe réformé, désormais respectueux des droits des femmes – « un mensonge », selon elle, « que la communauté internationale s’est empressée de croire ».

À l’époque, Mme Mohammad et ses compatriotes savaient que les nouvelles autorités s’acharneraient à détruire tous les acquis pour lesquels elles s’étaient battues depuis le premier règne taliban, entre 1996 et 2001.

« Au cours des trois dernières années et demie, nos craintes sont devenues réalité », a-t-elle constaté.

Un « apartheid de genre »

En pas moins de 126 décrets, « appliqués avec violence », les talibans ont selon elle privé les femmes afghanes de leurs droits les plus élémentaires à l’éducation, à l’emploi, à la libre circulation, à la liberté de réunion, à la libre parole et à vivre sans violence.

« Les talibans ont tellement effacé les femmes afghanes que même entendre leur voix ou voir leur visage en public est désormais un crime », a-t-elle ajouté. « Elles étouffent chez elles, sans même avoir le droit de regarder par la fenêtre ».

Un tel degré d’oppression « systématique et institutionnalisée » équivaut à ce que Mme Mohammad a qualifié, à l’instar de nombreux experts internationaux, « d’apartheid de genre ».

À ce titre, elle a salué les mandats d’arrêt requis, en janvier, par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre deux hauts dirigeants du régime taliban, accusés de crime contre l’humanité pour violation systématique des droits fondamentaux des filles et femmes du pays.

« C’est une lueur d’espoir pour le peuple afghan », a déclaré l’avocate, également cofondatrice de la campagne Ham Diley, qui milite pour que les responsables de crimes commis en Afghanistan soient traduits en justice.

Baisse des fonds humanitaires

Par ailleurs, l’envoyée de l’ONU en Afghanistan, Mme Otunbayeva, a indiqué que plus de la moitié de la population afghane, soit environ 23 millions de personnes, avait besoin d’une aide humanitaire en 2025. 

« Mais cette aide diminue rapidement », a-t-elle constaté.

Au cours du mois dernier, elle a signalé que plus de 200 établissements de santé avaient fermé en Afghanistan, privant de soins 1,8 million de personnes. Les services essentiels de malnutrition pour les enfants ont également été réduits à la baisse, a-t-elle ajouté. 

« Si cette aide cesse, les progrès fragiles des trois dernières années s’effondreront et de nombreux Afghans auront à nouveau recours à des mécanismes d’adaptation tels que l’émigration », a mis en garde Mme Otunbayeva.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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