La guerre à Gaza a ainsi dévasté l’économie palestinienne, qui est aujourd’hui 35 % plus petite qu’elle ne l’était au début de l’invasion israélienne il y a un an, tandis que les niveaux de développement à Gaza même se sont effondrés pour redescendre au niveau de 1955.

Selon les estimations d’une nouvelle évaluation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO), le développement, tel que mesuré par l’indice de développement humain (IDH), pourrait chuter d’ici à la fin de 2024, à des niveaux jamais observés depuis 2004, lorsque l’IDH a été calculé pour la première fois pour l’État de Palestine.

Le conflit à Gaza a réduit à néant plus de 69 ans de progrès

Pour l’État de Palestine, l’IDH descendra à 0,643, un niveau estimé pour l’année 2000, faisant régresser le développement de 24 ans. Et pour Gaza, l’IDH devrait tomber à 0,408 – un niveau estimé pour 1955, réduisant à néant plus de 69 ans de progrès.

Pour la Cisjordanie, il devrait se replier à 0,676, soit une perte de 16 années de développement, qui risque de s’aggraver, selon l’évaluation, si les incursions militaires en Cisjordanie s’étendent.

« Les projections de cette nouvelle évaluation confirment qu’au milieu des souffrances immédiates et des horribles pertes en vies humaines, une grave crise du développement est en train de se produire – une crise qui compromet l’avenir des Palestiniens pour des générations à venir », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du PNUD.

À moins que les restrictions économiques ne soient levées, qu’un processus de relèvement ne soit facilité et que des investissements axés sur le développement ne soient réalisés, l’économie palestinienne pourrait ne pas être en mesure de retrouver son niveau d’avant-guerre et de progresser en comptant uniquement sur l’aide humanitaire.

Des décennies d’efforts de développement anéanties

Le document prédit également que le produit intérieur brut (PIB) se contractera de 35,1 % en 2024 par rapport à un scénario d’absence de guerre, le taux de chômage pouvant atteindre 49,9 %.

Le rapport suggère qu’un plan global de relèvement et de reconstruction, combinant l’aide humanitaire à des investissements stratégiques dans le redressement et la reconstruction, ainsi que la levée des restrictions économiques et la promotion de conditions favorables au relèvement, pourrait contribuer à mettre l’économie palestinienne sur la voie de la relance afin de se réaligner sur les plans de développement palestiniens d’ici à 2034.

« Nos évaluations servent à tirer la sonnette d’alarme concernant les millions de vies qui sont brisées et les décennies d’efforts de développement qui sont anéanties », a déclaré Rola Dashti, Secrétaire exécutive de la CESAO.

L’évaluation envisage trois scénarios de relèvement rapide, une approche qui comprend un large éventail d’actions permettant de répondre rapidement aux besoins immédiats et vitaux, mais de manière à soutenir l’autonomie des communautés et à réduire progressivement leur dépendance totale à l’aide humanitaire, posant ainsi les fondements d’un relèvement durable à plus long terme.

Les scénarios envisagés pour « un processus de relèvement rapide »

« L’évaluation indique que, même si l’aide humanitaire était fournie chaque année, l’économie pourrait ne pas retrouver son niveau d’avant la crise avant au moins une dizaine d’années. Si les conditions sur le terrain le permettent, le peuple palestinien a besoin dès maintenant d’une solide stratégie de relèvement rapide, qui soit intégrée à la phase d’aide humanitaire et pose les fondements d’un relèvement durable », a ajouté M. Steiner.

Les deux premiers scénarios envisagés prévoient un processus de relèvement rapide qui est sujet à des restrictions ou l’absence totale de stratégie de relèvement rapide. La seule différence entre ces deux scénarios est le niveau de l’aide humanitaire allouée pour répondre aux besoins immédiats.

En plus des 280 millions de dollars d’aide humanitaire annuelle, 290 millions de dollars sont alloués chaque année à l’appui d’initiatives de relèvement. Il en résulterait une augmentation de la productivité de 1 % par an, ce qui permettrait une baisse substantielle du taux de chômage, qui devrait tomber à 26 %, et à l’économie de se relever et de remettre le développement palestinien sur les rails.

Une grande partie de la bande de Gaza a été détruite par le conflit.

L’odeur de la mort est omniprésente

Par ailleurs, les agences humanitaires de l’ONU se sont alarmé de la détérioration de la situation des civils dans le nord de Gaza, y compris les déplacements massifs et le manque de produits essentiels à la survie.  Les récentes attaques qui ont touché des hôpitaux dans le nord de Gaza exacerbent une crise humanitaire déjà très grave et mettent en péril la vie de dizaines de milliers de personnes.

C’est dans ce contexte que l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a lancé un signal de détresse de son personnel dans le nord de l’enclave palestinienne où les assiégés vivent dans « des conditions désespérées, sans nourriture, ni eau, ni soins médicaux ».

Après près de trois semaines de bombardements ininterrompus de la part des forces israéliennes, « le nombre de morts augmente et les gens sont abandonnés, vivant dans la peur de la mort à chaque instant ».

« Notre personnel rapporte qu’il ne trouve ni nourriture, ni eau, ni soins médicaux. L’odeur de la mort est omniprésente, les corps gisant sur les routes ou sous les décombres. Les missions visant à dégager les corps ou à apporter une aide humanitaire sont refusées », a fustigé sur le réseau social X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.

Selon M. Lazzarini, les gens, qui attendent simplement de mourir, se sentent abandonnés, désespérés et seuls. « Ils vivent d’heure en heure, craignant la mort à chaque seconde. Au nom de notre personnel dans le nord de Gaza, je demande une trêve immédiate, même si ce n’est que pour quelques heures, afin de permettre un passage humanitaire sûr pour les familles qui souhaitent quitter la zone et atteindre des endroits plus sûrs.  C’est le strict minimum pour sauver la vie de civils qui n’ont rien à voir avec ce conflit », a-t-il insisté.

Des personnes piégées sous les décombres à Jabalya

En écho à ce signal de détresse de l’UNRWA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) demande urgemment un accès à la zone de Falouja de Jabalya pour aider les personnes piégées sous les décombres. Une demande a été refusée par les autorités israéliennes pour le quatrième jour consécutif, a souligné l’OCHA, rappelant que ces retards risquent de coûter des vies.

Le carburant nécessaire pour faire fonctionner les installations d’eau a été épuisé et les gens risquent leur vie pour trouver de l’eau potable ou consomment de l’eau provenant de sources non sûres. 

L’OCHA signale que presque aucune aide humanitaire ne parvient au camp de réfugiés de Jabalya et que les télécommunications sont gravement perturbées par les frappes aériennes, les bombardements et les combats qui se poursuivent dans le nord de la bande de Gaza, alors que la violence déplace de plus en plus de personnes.

Entre le 6 octobre et le 21 octobre, l’OCHA indique que 28 demandes de mouvements humanitaires coordonnés vers Jabalya, Beit Hanoun et Beit Lahia – tous situés dans le gouvernorat de Gaza Nord – ont été refusées par les autorités israéliennes, et sept ont rencontré des obstacles.  Par ailleurs, au cours des 20 premiers jours d’octobre, les autorités israéliennes n’ont facilité que 4 des 66 missions humanitaires prévues au point de contrôle israélien entre le sud et le nord de la bande de Gaza.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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