Gaza : « Ramenez-les tous chez eux maintenant », déclare un otage libéré au Conseil de sécurité

Lors d’une réunion d’information avec les membres du Conseil, Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général au Département des affaires politiques (DPPA), a réitéré la condamnation sans équivoque par l’ONU des terribles attaques du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre des communautés israéliennes le 7 octobre 2023.

Plus de 1.200 Israéliens ont été brutalement tués et plus de 250 pris en otage. Au moins 59 personnes, vivantes ou décédées, sont toujours détenues par le Hamas et d’autres groupes armés dans l’enclave.

« Rien ne peut justifier les homicides intentionnels, la torture, les violences sexuelles et les destructions : des familles entières ont été assassinées, brûlées dans leurs maisons, prises en otage », a déclaré M. Khiari. « Les événements de cette journée horrible ne seront pas oubliés ».

Escalade du conflit

M. Khiari a également fait état de la dégradation de la situation à Gaza suite à la rupture de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, et à la reprise d’un conflit généralisé.

Des frappes aériennes israéliennes ont causé la mort de centaines de Palestiniens, dont des femmes et des enfants, a-t-il déclaré, ajoutant que six membres du personnel de l’ONU ont été tués ces trois derniers jours.

Réclamant un retour urgent au cessez-le-feu, M. Khiari a averti que « chaque jour qui passe nous éloigne de l’objectif de rapatrier les otages restants en toute sécurité ».

Il a rappelé l’exposé du chef des secours de l’ONU, Tom Fletcher, au Conseil en début de semaine : « Un cessez-le-feu renouvelé est le meilleur moyen de protéger les civils – à Gaza, dans les territoires palestiniens occupés et en Israël – de libérer les otages et les détenus et de permettre l’acheminement de l’aide et des fournitures commerciales ».

Témoignage d’un survivant : Je suis revenu de l’enfer

Le Conseil de sécurité a également entendu le témoignage d’Eli Sharabi, un survivant israélien qui a passé 491 jours en captivité aux mains du Hamas. Arraché à son domicile du kibboutz Be’eri le 7 octobre 2023, M. Sharabi a été détenu dans la clandestinité, enchaîné, affamé et soumis à des violences psychologiques et physiques.

« Je suis revenu de l’enfer », a-t-il déclaré aux membres du Conseil de sécurité.

« Pendant 491 jours, j’ai été retenu principalement sous terre, dans les tunnels terroristes du Hamas… captif dans l’obscurité, isolé du monde par les terroristes du Hamas », a-t-il poursuivi.

« Pendant 491 jours, je me suis accroché à l’espoir, j’ai imaginé la vie que nous reconstruirions, j’ai rêvé de revoir ma famille », a-t-il dit.
Cependant, ce n’est qu’à son retour chez lui le mois dernier qu’il a appris la vérité : sa femme et ses deux filles avaient été tuées par le Hamas le 7 octobre.

« Raconter ce qu’ils ont vécu »

M. Sharabi a souligné qu’il s’était présenté aujourd’hui devant le Conseil de sécurité pour raconter l’histoire de son frère, Yossi, également pris en otage et tué, et celle des autres personnes toujours à Gaza.

« Mon frère Yossi, assassiné lors de sa captivité par le Hamas, son corps est toujours retenu en otage, à 50 mètres sous terre. Je lui ai juré de raconter son histoire », a déclaré M. Sharabi. « Pour chaque otage encore aux mains du Hamas, je suis là pour vous dire toute la vérité ».

Il a décrit les événements du 7 octobre, lorsque le Hamas a attaqué le kibboutz Be’eri, comment lui et sa femme, Lianne, ont tenté de protéger leurs filles et comment il a été emmené.

« Supplier était notre existence »

M. Sharabi a détaillé les horreurs de la captivité, décrivant comment les otages étaient privés de nourriture, de soins médicaux et d’hygiène de base.

« Nous devions supplier pour avoir de la nourriture, supplier pour aller aux toilettes. Supplier était notre existence », a-t-il dit, ajoutant : « Les [terroristes] du Hamas mangeaient comme des rois pendant que [nous] mourrions de faim ».

M. Sharabi a été libéré le 8 février, dans le cadre de l’accord de libération des otages et de cessez-le-feu. Depuis sa libération, il a rencontré le Président américain Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer, leur racontant le sort des otages et appelant à leur libération.

« Maintenant, je suis ici devant vous, aux Nations Unies, pour vous dire : ramenez-les tous chez eux. Plus d’excuses, plus de retards. Si vous défendez l’humanité, prouvez-le. Ramenez-les tous chez eux ».

Le chef de l’ONU appelle au respect du cessez-le-feu

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a une nouvelle fois appelé jeudi au respect du cessez-le-feu, à un accès humanitaire sans entrave à toutes les zones de Gaza et à la libération immédiate et inconditionnelle des otages.

« Il est absolument essentiel de maintenir ouverte la seule voie vers la paix au Moyen-Orient : un État palestinien aux côtés d’un État israélien », a ajouté le chef de l’ONU à Bruxelles lors d’un point de presse avec le Président du Conseil européen, Antonio Costa.