Lors d’une réunion de haut niveau lundi visant à soutenir les solutions proposées par les Haïtiens, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a exhorté les donateurs à se mobiliser et répondre aux besoins urgents tout en s’engageant à fournir une aide au développement à long terme qui s’attaque aux causes profondes de l’instabilité.

Amina Mohammed a noté que la violence des gangs continue de ravager le pays et elle a dénoncé des « efforts délibérés pour éroder l’autorité de l’État, semer le chaos et faciliter l’exploitation des communautés vulnérables ».

« Des gangs lourdement armés attaquent les postes de police, pillent les hôpitaux, occupent les palais de justice et détruisent d’autres installations essentielles », a indiqué la Vice-Secrétaire générale au cours de cette réunion à laquelle participait le Premier ministre haïtien Garry Conille.

Rien qu’entre janvier et fin août, les Nations Unies ont recensé plus de 3.400 personnes tuées, 1.600 blessées et plus de 1.000 enlevées par les gangs, qui sont composés de 30 à 50 % d’enfants, a-t-elle précisé.

Vue d’une manifestation depuis un véhicule de la police nationale haïtienne dans le centre de Port-au-Prince.

Des violations effarantes

La numéro deux de l’ONU a fait part des autres violations choquantes des droits humains « amplement documentées », dont le viol, le recrutement forcé et l’exploitation.

Elle a dressé le tableau de la situation humanitaire choquante, évoquant les plus de 578.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont plus de la moitié sont des enfants ; la moitié de la population qui souffre d’insécurité alimentaire et n’a pas accès à l’eau potable ; et l’augmentation alarmante des violences sexuelles et sexistes, principalement à l’encontre des femmes et des filles.

« Dans certaines zones, les prestataires de services de santé ont déclaré recevoir 40 victimes de viol par jour. Les auteurs de ces crimes odieux doivent être traduits en justice », a dénoncé Mme Mohammed.

En outre, de nombreux enfants « sont victimes de tirs croisés, d’exploitation et de traite, forcés de rejoindre des gangs et de plus en plus utilisés pour commettre des attentats », a-t-elle ajouté.

Faire cesser les horreurs quotidiennes

Pour la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, la situation d’Haïti illustre un cercle vicieux où des décennies de déficit de développement sont aggravées par l’insécurité et l’instabilité politique.

Ce cycle a gravement entravé tout progrès vers le développement durable, affectant profondément le tissu socio-économique de la nation.

Haïti a également l’un des taux de mortalité infantile et maternelle les plus élevés de l’hémisphère occidental.

« Ces horreurs quotidiennes doivent cesser », a martelé Mme Mohammed.

L’appui à la sécurité

La police nationale haïtienne est confrontée à une grave pénurie de ressources humaines, matérielles et financières. Elle a besoin d’un soutien international durable et généreux pour l’équiper et lui donner les moyens de lutter contre l’escalade de la violence des gangs et de protéger les Haïtiens contre la violence.

Mme Mohammed s’est félicitée du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMSS) en juin, saluant l’engagement du Kenya, du Belize et de la Jamaïque, qui ont déjà déployé du personnel dans le cadre de la Mission.

Le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la Mission a reçu 67 millions de dollars de contributions volontaires de la part des États membres, sur un total de 84 millions de dollars promis.

« Il reste encore beaucoup à faire pour qu’elle puisse remplir son mandat », a néanmoins fait valoir la numéro deux de l’ONU, rappelant que le Secrétaire général de l’ONU ne cesse d’exhorter les États membres à contribuer à la Mission multinationale.

« Il ne suffit pas de répondre aux problèmes de sécurité »

« Pour briser le cycle de la violence, il faut à la fois des solutions politiques et des mesures de sécurité – en parallèle », a avancé la haute fonctionnaire de l’ONU, précisant qu’il est « essentiel d’améliorer les possibilités d’éducation, l’accès aux soins de santé, la protection sociale et le développement économique pour rompre le cycle de la pauvreté et de l’instabilité et favoriser l’émergence d’une société résiliente ».

La moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire

Or, malgré le fait que la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2024 n’est financé qu’a un tiers.

Mme Mohammed a appelé tous les acteurs politiques haïtiens à réaffirmer leur engagement en faveur de l’accord politique et de la feuille de route pour le rétablissement des institutions démocratiques, « afin que le calendrier des élections convenu par les parties prenantes haïtiennes et le rétablissement des institutions démocratiques d’ici février 2026 ne dérapent pas ».

« Un soutien et une collaboration internationaux continus sont essentiels pour garantir que ces étapes politiques soient complétées par des politiques de développement solides », a-t-elle dit.

Passer de la parole aux actes 

La réunion de haut niveau a été organisée par le Canada qui préside actuellement le Groupe consultatif sur Haïti ainsi que l’ECOSOC (Conseil économique et sociale de l’ONU).

« Nous sommes tous profondément préoccupés par la crise extrême que traverse Haïti et la situation nécessite des actions immédiates », a lancé le Premier ministre canadien en donnant le coup d’envoi de la réunion dans une salle bondée.

Justin Trudeau a souligné la nécessité de soutenir le travail essentiel de la Mission multinationale d’appui à la sécurité et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), avant d’annoncer la dernière contribution du Canada.

« Parmi nos contributions, notons les suivantes : 8.6 millions de dollars en aide humanitaire immédiate à Haïti; près de 2 millions de dollars pour lutter contre le risque de délinquance juvénile, améliorer l’accès de la justice pour les femmes et les jeunes détenus et soutenir la réinsertion sociale ; 2 millions de dollars pour aider le gouvernement de transition à mettre en œuvre son programme prioritaire et le soutenir avec des préparatifs électoraux ; et 4 millions de dollars pour réduire la violence liée au gangs et favoriser la saine gouvernance, notamment en soutenant la mise sur pied d’un observatoire de la société civile sur la violence et la résilience en Haïti », a fait valoir le dirigeant canadien. 

Mardi, une autre réunion consacrée à Haïti devait se dérouler au Siège de l’ONU en marge du débat général de l’Assemblée générale. Organisée par les Etats-Unis, elle devait porter sur le soutien à apporter à la Mission multinationale d’appui à la sécurité.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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