Haïti : l’ONU appelle à accélérer la transition politique

Le Conseil présidentiel de transition d’Haïti a décidé de limoger dimanche le Premier ministre Garry Conille en place depuis seulement cinq mois. Celui-ci avait été nommé début juin pour tenter de stabiliser le pays qui ne cesse de s’enfoncer dans le chaos notamment en raison de la violence des gangs. Il est remplacé par Alix Didier Fils-Aimé, qui a été investi lundi.

La décision de démettre Garry Conille de ses fonctions intervient après des semaines de conflit entre le dirigeant et le Conseil de transition.

Rétablir les institutions démocratiques

Le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué mardi que le chef de l’ONU suit de près les développements politiques en Haïti.

« Il réitère son appel à toutes les parties prenantes haïtiennes pour qu’elles travaillent ensemble de manière constructive afin d’accélérer la transition politique et le rétablissement des institutions démocratiques », a dit M. Dujarric, lors d’un point de presse.

Selon le chef de l’ONU, il demeure urgent et essentiel de maintenir et d’accroître le soutien à la sécurité en Haïti.

Il estime également qu’il est essentiel de veiller à ce que la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) reçoive les effectifs, le financement et l’équipement adéquats pour soutenir efficacement la Police nationale haïtienne afin que la mission multinationale puisse mettre en œuvre son mandat et étendre son déploiement et ses opérations.

Avec une nouvelle promesse de don de 10 millions d’euros de l’Allemagne, le Fonds fiduciaire a désormais reçu un total de 96,9 millions de dollars en promesses de dons et 85,3 millions de dollars en espèces. « L’ONU remercie tous les États Membres qui ont contribué au fonds en soutien à la Mission multinationale en Haïti », a dit M. Dujarric.

Une situation humanitaire désastreuse

Sur le plan humanitaire, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) prévient que l’escalade de la violence aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse.

Selon les partenaires de l’ONU, des groupes armés ont envahi lundi les rues de la capitale, Port-au-Prince, avec au moins 20 affrontements armés signalés et plusieurs barrages routiers érigés, limitant les déplacements à travers la ville.

Après qu’un vol commercial de la compagnie américaine Spirit Airlines a été la cible de tirs lors de son approche finale vers Port-au-Prince, l’aéroport a été fermé jusqu’au 18 novembre. En conséquence, tous les vols de l’ONU ont été suspendus, limitant le flux de personnel et de ressources humanitaires.

« L’aéroport de Port-au-Prince est actuellement fermé à tout trafic aérien, y compris aux vols du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS). Cette interruption de service constitue un obstacle à la réponse humanitaire en Haïti, qui cible collectivement 3,6 millions de personnes en 2024 », a souligné le Programme alimentaire mondial (PAM).

L’UNHAS, géré par le PAM, fournit un transport humanitaire de passagers et de fret léger à l’ensemble de la communauté humanitaire en Haïti, y compris les agences des Nations Unies et les ONG locales et internationales.

La fourniture de l’aide continue

Malgré cette interruption temporaire des vols de l’UNHAS, le PAM et ses partenaires continuent de fournir une aide alimentaire essentielle, à Port-au-Prince ainsi que par l’intermédiaire de ses bureaux de terrain à travers le pays.

Le porte-parole du Secrétaire général a également précisé que le mouvement de 20 camions de nourriture et de fournitures médicales essentielles vers le sud a aussi été reporté. Le port reste ouvert depuis la mer, mais l’accès routier au port n’est actuellement pas possible.

Les partenaires de l’ONU signalent que toutes les écoles de Port-au-Prince ont été fermées. De plus, les opérations d’aide en espèces à 1.000 personnes à Carrefour ont dû être annulées en raison des violences en cours.

« L’ONU fait tout ce qu’elle peut pour assurer la poursuite des opérations dans ce contexte difficile, notamment en déplaçant les vols de l’ONU vers un deuxième aéroport du pays, à Cap Haïtien », a dit le porte-parole du Secrétaire général. « L’ONU appelle à mettre un terme à l’escalade de la violence, à permettre un accès humanitaire sûr, durable et sans entrave, ainsi qu’à assurer la protection des populations ».