Dans une étude rendue publique aujourd’hui, le Programme alimentaire mondial (PAM) note que l’aggravation de l’insécurité alimentaire des ménages de la zone métropolitaine a fait passer la proportion de ménages ayant une consommation alimentaire pauvre de 28% à 33%. Il s’agit d’une augmentation de 5 points de pourcentage en 2 semaines après les événements sécuritaires de mi-novembre.
Selon le PAM, les communes les plus touchées restent à Pétion-Ville, Delmas et Port-au-Prince. Dans ce climat d’insécurité et de faim, l’agence onusienne fait état d’une hausse de 7 points de pourcentage de ménages ayant expérimenté une faim modérée ou sévère – sur l’échelle de la faim des ménages (HHS) – pour atteindre 84% dans l’ensemble de l’île.
Recours à des stratégies de survie
La détérioration de la situation alimentaire est encore plus importante chez les personnes déplacées internes confrontées à de multiples privations sur les sites.
Une analyse de la consommation alimentaire et des stratégies d’adaptation de ces derniers révèle que près de 60 % des déplacés présentent une consommation alimentaire pauvre (soit 22 points de pourcentage de plus que la moyenne de la zone métropolitaine de 33 %). Un chiffre alarmant qui met en évidence une précarité alimentaire accrue des déplacés interne au sein d’une population déjà fragile.
Dans ces conditions, plus de 80 % des personnes déplacées ont recours à des stratégies de survie en crise ou d’urgence. Ces stratégies se manifestent par l’adoption de comportements alimentaires précaires tels que la consommation d’aliments moins chers ou de moindre qualité, le recours à l’emprunt alimentaire, la réduction des portions et de la fréquence des repas, ainsi que la priorisation de la consommation des enfants par rapport à celle des adultes.
Un Haïtien sur deux n’avait pas assez à manger
Ces derniers développements surviennent alors que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) à Haïti s’élève désormais à plus de 700.000, principalement dans la capitale Port-au-Prince et dans la région de l’Artibonite.
Plus largement, Haïti connaît une crise alimentaire sans précédent. Au niveau national, près de la moitié de la population, soit 5,4 millions, est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë (crise ou urgence), dont 985.000 dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ceci représente une hausse de plus de 1,3 million de personnes depuis 2020.
Des données de novembre de l’IPC sur la sécurité alimentaire montraient qu’un Haïtien sur deux n’avait pas assez à manger, que deux millions de personnes étaient confrontées à des niveaux de faim d’urgence et que jusqu’à 6.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays connaissent des niveaux de faim catastrophiques (phase 5 de l’IPC).
Intensification de l’aide alimentaire en réponse à l’augmentation rapide des besoins
Selon le PAM, cette dégradation est due à la violence des groupes armés, aux chocs économiques et climatiques, qui affectent les moyens de subsistance des plus vulnérables. La vulnérabilité des ménages haïtiens s’est accrue face à une série de chocs.
Et la récente crise sécuritaire dans la capitale haïtienne a exacerbé la précarité alimentaire dans la zone métropolitaine. Comme pour aggraver les choses, la crise a engendré une « hausse significative des prix » de la plupart des produits dans la zone métropolitaine, avec des impacts particulièrement ressentis dans les communes de Pétion-Ville, Tabarre et Delmas.
Cette inflation a considérablement réduit le pouvoir d’achat des ménages, aggravant ainsi leur situation économique. Les produits de base comme la farine de blé ont connu des augmentations significatives dans les communes de Tabarre (+ 25 %), de Pétion-Ville (+ 13 %) et du Riz sur croix des bouquets (+ 25 %).
En réponse à cette crise alimentaire et la dernière vague de personnes déplacées, le PAM et ses partenaires ont intensifié leur soutien avec des repas chauds et une aide en espèces. L’agence fournit actuellement des repas à plus de 50.000 personnes déplacées par jour, soit le plus grand nombre de personnes servies chaque jour depuis le début de la crise.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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