Hiver à Gaza : le désarroi des déplacés contraints de vivre dans des camps dévastés par les inondations

À cause des fortes pluies, les tentes, qui sont leur seul refuge, sont rendus inhabitables. Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), des centaines de milliers de familles tentent de survivre à un nouvel hiver sans abri adéquat. Et les récentes inondations ajoutent à l’horreur de leur quotidien. « Elles ont besoin de produits de première nécessité : couvertures, bâches, nourriture ».

Selon le groupe sectoriel des Nations Unies chargé des « abris », seuls 23 % des besoins pour protéger les personnes déplacées dans l’enclave palestinienne de la pluie et du froid ont été satisfaits jusqu’à présent. Ce qui laisse 945.000 personnes exposées au risque d’exposition cet hiver.

Les contraintes d’accès impactent la fourniture d’abris

Le groupe sectoriel a calculé qu’au moins 25 camions par semaine de kits de scellement étaient nécessaires pour couvrir les besoins d’un million de personnes en matière d’aide à l’hivernage des abris de base dans le sud.

Cela comprend les articles en cours de livraison pour 240.000 personnes et les ressources supplémentaires pour couvrir les besoins de 760.000 personnes par la fourniture de bâches, de bâches en plastique et de matériel de fixation.

En attendant, 123 camions de matériel d’abri sont entrés dans le sud de Gaza depuis le 1er septembre, y compris de la literie, des matelas et des tentes. Au rythme actuel de 10 à 11 camions par semaine, il faudrait encore 8 semaines pour que ces matériaux entrent dans la région. « Cela laisse encore un vide pour 545.000 personnes dans des sites de fortune et des bâtiments endommagés qui ont un besoin urgent de protection », a détaillé le groupe sectoriel sur les abris.

Accès très limité à des hôpitaux

Par ailleurs, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) indique que l’offensive terrestre sur le nord de Gaza se poursuit, entravant l’accès aux services de santé. L’accès aux hôpitaux de Kamal Adwan, d’Al Awda et d’Indonésie reste très limité, et l’on signale de graves pénuries de fournitures médicales, de carburant et d’unités de sang. Les missions de l’OMS sont gravement entravées.

Après 7 semaines de tentatives infructueuses et de missions refusées, une équipe médicale internationale d’urgence (EMT) a finalement été déployée à l’hôpital Kamal Adwan pour maintenir l’hôpital fonctionnel (composée de deux chirurgiens, deux infirmières d’urgence, un gynécologue et un logisticien). Le déploiement de l’EMT avait été refusé au moins cinq fois au cours des dernières semaines.

La dernière mission réussi a permis à l’OMS de livrer à l’hôpital Kamal Adwan 10.000 litres de carburant, 200 colis alimentaires, des unités de sang et des fournitures médicales.

Cette alerte intervient alors que depuis octobre 2023 jusqu’au 4 décembre, près de 60 % des 273 missions prévues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’intérieur de Gaza ont été soit refusées, annulées ou entravées, avec encore moins de missions achevées dans le nord de Gaza.

591 attaques contre les soins de santé à Gaza

Sur le terrain, les attaques contre l’hôpital Kamal Adwan se poursuivent. « Hier jeudi 5 décembre, un quadcopter a attaqué l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, le Dr Richard Peeperkorn, Représentant de l’OMS dans les Territoire palestiniens occupés.

Selon le ministère de la Santé, une patiente de 16 ans a été tuée alors qu’elle était transportée en fauteuil roulant au service de radiologie. 12 autres personnes ont été blessées, dont deux membres du personnel de santé, l’un d’entre eux ayant subi une blessure grave. L’hôpital a été la cible de tirs de quadcoptères à 8 reprises entre le matin et le soir. Les réseaux d’oxygène, d’air comprimé et d’eau de l’hôpital ont été endommagés.

Au cours de la semaine dernière (28 novembre – 4 décembre), les attaques ont fait trois blessés parmi le personnel de santé, la mort de l’infirmière en chef de l’unité de soins intensifs et endommagé les générateurs de l’hôpital.

Au total, plus de 1.249 attaques contre les soins de santé ont été vérifiées du 7 octobre 2023 au 6 décembre 2024, avec 591 attaques à Gaza et 658 en Cisjordanie.

Évacuations médicales

Sur un autre plan, l’OMS continue de soutenir les évacuations médicales en dehors de Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, 5.325 patients ont été évacués hors de Gaza. Parmi eux, 4.947 ont été évacués par le point de passage de Rafah avant le 7 mai, dont 4.043 enfants.

Le 3 décembre, l’OMS a évacué 11 enfants ayant besoin d’un traitement contre le cancer de Gaza vers la Jordanie, avec 20 accompagnateurs. Le 4 décembre, l’OMS a dirigé une autre évacuation médicale de huit patients hors de Gaza – cinq vers la Belgique, deux vers l’Espagne et un vers la Roumanie. Les patients ont été évacués avec 25 accompagnateurs.

Toutefois, au moins 12.000 patients dans la bande de Gaza ont encore besoin d’évacuations médicales pour survivre. « Nous demandons instamment l’utilisation rapide et efficace de tous les couloirs pour permettre à tous les patients de recevoir à temps les soins nécessaires à leur survie », a ajouté le Dr Peeperkorn, relevant que depuis la fermeture du point de passage de Rafah le 7 mai 2024, seuls 378 patients ont été évacués hors de Gaza.

Les cinq principaux besoins médicaux des personnes évacuées grâce à l’aide de l’OMS sont les suivants : 44 % de cancers, 25 % de traumatismes, 8 % d’anomalies congénitales, 7 % de maladies cardiaques, 4 % d’ophtalmologie. Les cinq principaux centres de référence pour les évacuations soutenues par l’OMS : Emirats arabes unis (266), États-Unis (22), Jordanie (20), Roumanie (15), Belgique (5).