La jeunesse volée des enfants de Gaza : « une génération toute entière est traumatisée »

La liste des atrocités subies par les enfants de Gaza au cours des 15 derniers mois à de quoi glacer le sang.

« Des enfants ont été tués et affamés, à moins qu’ils n’aient péri dans le froid », a déclaré M. Fletcher, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation des enfants dans l’enclave.

« Ils ont été mutilés, séparés de leur famille ou sont devenus orphelins », a-t-il ajouté.

De sorte qu’à l’heure actuelle, plus de 17.000 enfants sont livrés à eux-mêmes dans l’enclave.

Ceux qui n’ont pas trouvé la mort se retrouvent dépourvus d’accès à l’éducation et souffrent de maladies chroniques sans pouvoir bénéficier de soins médicaux.

Une génération traumatisée

Comble de l’horreur, beaucoup d’entre eux ont été victimes de violences sexuelles. 

« Quant aux filles, elles ont enduré l’indignation supplémentaire de ne pas avoir accès à des soins menstruels », a précisé le chef de l’humanitaire.

Au total, ils sont aujourd’hui un million d’enfants à avoir besoin d’un soutien psychosocial pour lutter contre la dépression, l’anxiété et les pensées suicidaires, d’après les estimations du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Une génération toute entière est traumatisée », a déploré M. Fletcher.

Un afflux massif d’aide

Dans ce contexte catastrophique, le cessez-le-feu entré en vigueur dimanche dernier s’est accompagné, selon M. Fletcher, d’« évolutions positives ».

Outre la fin des hostilités dans l’enclave et la libération d’otages israéliens emprisonnés depuis octobre 2023, l’accord conclu entre Israël et le Hamas s’est en effet traduit par un afflux massif d’aide humanitaire à Gaza, également marqué par un arrêt presque complet des pillages de convois, devenus monnaie courante durant les mois de guerre.

« Nous pouvons sauver davantage de vies si toutes les parties continuent de respecter l’accord », a ainsi exhorté le chef de l’humanitaire.

Il a rappelé que l’intégralité de la bande de Gaza, soit plus de deux millions de personnes, dépend de l’aide humanitaire. D’où la nécessité pour les Etats Membres de réapprovisionner régulièrement les réserves, a-t-il ajouté.

La Cisjordanie, nouvelle ligne de front

En Cisjordanie, à l’inverse, la situation s’est fortement détériorée depuis l’annonce du cessez-le-feu.

Ces derniers jours, des colons israéliens ont notamment attaqué des villages palestiniens et incendié leurs maisons. 

Parallèlement, les forces israéliennes procèdent à des arrestations massives dans toute la Cisjordanie, où les restrictions à la liberté de mouvements des Palestiniens s’intensifient.

M. Fletcher s’est dit particulièrement préoccupé par la dégradation de la situation dans le camp de réfugiés de Jénine, au nord du territoire, où une opération militaire israélienne a fait plusieurs morts, détruit des infrastructures et provoqué de nouveaux déplacements.

Cette opération, toujours en cours, fait suite à plusieurs semaines d’affrontements entre l’Autorité palestinienne et des Palestiniens armés, qui ont causé le déplacement d’environ 2.000 familles dans le camp.

4,07 milliards de dollars nécessaires en 2025

Aux vues de ces développements mitigés, M. Fletcher a appelé le Conseil de sécurité à veiller à ce que le cessez-le-feu soit maintenu à Gaza et à ce que le droit international soit respecté dans tout le territoire palestinien, y compris en Cisjordanie.

« Tous les otages doivent être libérés. Les Palestiniens détenus arbitrairement doivent être libérés », a-t-il déclaré.

Le chef de l’humanitaire a en outre rappelé que 4,07 milliards de dollars seront nécessaires en 2025 pour répondre aux besoins de 3 millions de personnes à Gaza et en Cisjordanie.

« Le financement de cet appel est essentiel pour répondre aux besoins massifs et pour maintenir le cessez-le-feu », a-t-il insisté.