Le chef de l’ONU s’exprimait lors d’une manifestation spéciale sur l’éducation au siège des Nations Unies pour faire le point sur les progrès réalisés près de deux ans après le Sommet sur la transformation de l’éducation qui avait eu lieu à New York et quelques mois avant le Sommet du futur prévu en septembre.
Une crise qui ne s’apaise pas
« La crise mondiale de l’éducation ne semble guère en passe de s’apaiser », a estimé M. Guterres. « Nous devons nous attaquer à cette crise de manière totalement différente, sans quoi il ne nous sera pas possible de façonner un monde plus pacifique, plus durable et plus juste ».
Il a rappelé que « l’éducation ne se résume pas à des connaissances et à des compétences » et qu’il s’agit de l’avenir des enfants et des jeunes, mais aussi de l’avenir de la planète et de « nos relations mutuelles ».
« L’éducation n’est pas seulement une question d’apprentissage. L’éducation consiste à apprendre à apprendre aussi. Elle s’étend au-delà d’une matière ou d’une salle de classe, jusqu’au caractère même des sociétés », a estimé le Secrétaire général.
Pour de véritables sociétés de l’apprentissage
Selon M. Guterres, « chaque pays devrait tout faire pour créer de véritables sociétés de l’apprentissage, fondées sur des systèmes qui offrent des possibilités d’apprendre tout au long de la vie, de l’enfance à l’âge adulte ».
Alors que, « compte tenu des enjeux, le monde ne peut se permettre de négliger l’éducation », « c’est exactement ce que nous faisons », a-t-il estimé, notant qu’en 2030, quelque 84 millions d’enfants pourraient ne toujours pas être scolarisés, et que le taux d’achèvement des études secondaires augmente, mais à un rythme extrêmement lent.
« Il ne suffit pas d’augmenter le nombre d’élèves dans les salles de classe. Nous devons nous attaquer aussi au problème de la qualité », a ajouté le Secrétaire général, jugeant choquant qu’environ 70 % des enfants d’Afrique subsaharienne soient incapables de lire un texte simple à l’âge de 10 ans.
L’impact de la pandémie de COVID-19
Il a également observé que les systèmes éducatifs peinent encore à combler les lacunes en matière d’apprentissage et d’assiduité causées par la pandémie de COVID-19, qui a entraîné un nombre historique de fermetures d’écoles et de pertes d’apprentissage pour toute une génération d’élèves – « une crise qui perdure encore aujourd’hui ».
Dans le même temps, les systèmes éducatifs ne dotent pas les apprenants des compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir dans un monde qui évolue rapidement. L’éducation de la petite enfance, la formation professionnelle et l’apprentissage des adultes sont considérés comme facultatifs alors qu’il s’agit de moyens éprouvés et essentiels de se former tout au long de la vie.
L’éducation se heurte aussi à un problème de financement. À l’échelle mondiale, 4 personnes sur 10 vivent dans des pays dont les gouvernements consacrent davantage de ressources au service de la dette qu’à l’éducation ou à la santé.
Le Secrétaire général a rappelé que lors du Sommet sur la transformation de l’éducation en 2022, plus de 140 pays ont présenté des engagements nationaux ambitieux pour surmonter cette crise. Il a noté des progrès mais les a jugés « beaucoup trop lents et inégaux ».
Pour une éducation de qualité
Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, a fait écho aux déclarations du Secrétaire général sur la nécessité d’une transformation.
Il a rappelé sa récente visite au Soudan du Sud où « au moins 70% des enfants éligibles ne sont pas scolarisés ».
Il a également souligné que le déni du droit des filles à l’éducation en Afghanistan et l’impossibilité d’accéder à l’éducation en Ukraine et à Gaza en raison d’attaques constantes sont des indicateurs clairs d’une crise insoluble.
« Au-delà de l’accès, nous devons garantir une éducation de qualité pour tous, en favorisant des opportunités d’apprentissage inclusives, équitables et tout au long de la vie qui permettent à chaque individu de s’épanouir dans un monde en évolution rapide », a déclaré M. Francis. « Nous devons combiner notre volonté politique et des actions clairement ciblées pour répondre de manière décisive à ces besoins urgents ».
Plan en quatre points
Dans la perspective du Sommet du futur, le Secrétaire général de l’ONU a proposé jeudi un plan en quatre points pour mettre fin à la crise mondiale de l’éducation.
- Premièrement, il faut combler le déficit de financement. Mais les pays en développement ne peuvent y parvenir seuls et les donateurs doivent accroître les ressources qu’ils allouent aux activités de développement liées à l’éducation.
- Deuxièmement, il faut garantir l’accès. Tous les enfants et les jeunes méritent de recevoir une éducation, qu’ils se trouvent dans des zones de guerre ou des zones sinistrées, qu’ils soient migrants ou réfugiés, qu’ils vivent dans des communautés pauvres et mal desservies, ou qu’il s’agisse de filles, de personnes en situation de handicap ou issues d’autres groupes marginalisés.
- Troisièmement, il faut soutenir les enseignants, dans un contexte de pénurie. Il manque en effet 44 millions d’enseignants dans le monde.
- Quatrièmement, il faut transformer les systèmes éducatifs de fond en comble, en repensant le contenu des programmes; en repensant le mode d’apprentissage des élèves – notamment en tirant parti du numérique pour enrichir l’apprentissage et l’enseignement et faciliter l’accès des élèves dans les zones éloignées ou inaccessibles; et en repensant l’organisation des temps d’apprentissage afin que chaque personne puisse apprendre et se réorienter tout au long de sa vie.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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