Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), la situation des civils est déjà désespérée et il existe des preuves de la commission de crimes de guerre et d’autres atrocités.
Les services du Haut-Commissaire Türk craignent que la situation ne prenne « une tournure encore plus dangereuse ».
« Alors que les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide se battent pour prendre le contrôle à tout prix de la guerre insensée qui fait rage depuis près de deux ans maintenant, les attaques directes et à motivation ethnique contre les civils deviennent de plus en plus fréquentes », a déclaré dans un communiqué, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Au cours de la seule semaine dernière, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU indique avoir a recensé au moins 21 morts en seulement deux attaques dans l’État d’Al Jazirah, bien que le nombre réel d’attaques dirigées contre des civils et de civils tués soit très probablement plus élevé.
Des attaques de représailles d’une brutalité choquante et sur la base ethnique
Lors d’une attaque menée le 10 janvier, au moins huit civils ont été tués dans le camp de Taiba, et au moins 13 femmes et un homme ont été enlevés. Des maisons ont été brûlées, du bétail, des récoltes et d’autres biens ont été pillés, et des dizaines de familles ont été déplacées.
Le lendemain, au moins 13 civils ont été tués, dont deux garçons, lors d’une attaque contre le camp de Khamsa. Les deux camps sont situés à environ 40 kilomètres de Wad Madani, la capitale d’Al Jazirah.
Les rapports suggèrent que les attaques ont été menées par les forces du bouclier soudanais dirigées par Abu Aqla Keikal, un ancien commandant des paramilitaires des forces de soutien rapide qui a fait défection en octobre 2024. Elles visaient les Kanabi, un groupe historiquement marginalisé composé principalement de Nubas et d’autres tribus africaines.
Pour l’ONU, « les attaques de représailles – d’une brutalité choquante – contre des communautés entières sur la base d’une identité ethnique réelle ou supposée sont en augmentation », tout comme les discours de haine et l’incitation à la violence.
« Il est urgent de mettre un terme à cette situation », a ajouté M. Türk.
Vidéos d’exécutions sommaires à Wad Madani et violences ethniques au Nord-Darfour
Dans trois vidéos reçues par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies qui documentent des scènes de violence, y compris des exécutions illégales, les victimes sont déshumanisées et dénigrées comme « Wassekh » (saleté), « Afan » (moisissure), « Beheema » (animal) et « Abnaa E-dheif » (bâtards), et les exécutions sommaires sont saluées par les auteurs comme étant « Nadhafa » (une opération de nettoyage).
Les vidéos auraient été filmées à Wad Madani, en présence d’hommes portant des uniformes des Forces armées soudanaises.
De graves préoccupations persistent également pour les civils du Darfour Nord, où les attaques à motivation ethnique menées par les forces de sécurité soudanaises et les milices arabes qui leur sont alliées contre les groupes ethniques africains, en particulier les Zaghawa et les Fur, continuent de faire d’horribles victimes.
Prolifération du recrutement des milices ethniques et mobilisation de combattants
Par ailleurs, dans la ville d’Omdurman, quelque 120 civils auraient été tués et plus de 150 blessés lors d’attaques de drones le 13 janvier, qui auraient été lancées par les Forces armées soudanaises sur un marché de la place Ombada Dar es Salam, une zone contrôlée par les Forces armées soudanaises.
Le Haut-Commissaire a renouvelé son appel aux deux parties pour qu’elles respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.
Il a également prévenu que la prolifération du recrutement des milices et la mobilisation des combattants, en grande partie selon des critères ethniques, risquent de déclencher une guerre civile plus large et des violences intercommunautaires.
L’ONU avertit que des enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et transparentes sur tous les rapports de violations et d’abus sont cruciales.
« Les FAS et les FSR sont responsables des actions des groupes et des individus qui combattent en leur nom », a fait valoir M. Türk. « Elles doivent prendre des mesures immédiates pour assurer la protection de tous les civils, notamment en prenant toutes les mesures possibles pour éviter ou au moins minimiser les dommages causés aux civils dans la conduite des hostilités ».
Il ne reste que le tiers de la population de Wad Medani après sa reprise par l’armée
Alors que l’armée soudanaise et ses alliés ont repris la ville stratégique de Wad Medani aux mains des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), les partenaires humanitaires indiquent qu’il ne reste que 30 % de la population de cette localité de l’Etat d’Al Jazirah.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), ne sont restés que des femmes, des enfants et des personnes âgées. Des violences sexistes ont également été signalées.
L’armée régulière a annoncé le samedi 11 janvier être entrée dans la capitale de la Jazirah, une région marquée par les exactions commises par les paramilitaires des RSF et une campagne de déplacements forcés.
Ces derniers développements ouvrent ainsi la voie à la communauté humanitaire qui peut, pour la première fois depuis décembre 2023, venir en aide aux personnes dans le besoin.
Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), en octobre 2024, la reprise du conflit a provoqué un déplacement généralisé, y compris un déplacement secondaire de la population de Khartoum.
434.000 personnes déplacées de Wad Medani vers 15 États en fin 2024
Fin 2024, 434.000 personnes avaient été déplacées de Wad Medani vers 15 États du Soudan, la majorité cherchant refuge à Gedaref, Kassala et dans d’autres parties d’Al Jazirah (OIM).
Au 8 janvier 2025, l’Etat d’Al Jazirah accueillait environ 275.000 personnes déplacées dans huit localités, selon l’OIM.
Wad Medani est un centre agricole et économique clé, connu pour ses cultures telles que le coton, le blé, le sorgho et les légumes, mais les agriculteurs de nombreuses régions ont manqué la saison des semailles en raison du conflit.
Sur le terrain, les premiers rapports font état d’une forte contamination par des munitions non explosées (UXO). « Cinq enfants sont morts à la suite d’explosions – trois dans la région d’Al Sharif Yagoub et deux dans celle d’Al Kamar », a détaillé dans son dernier rapport l’OCHA, relevant que « des messages de sensibilisation aux engins non explosés doivent être diffusés de toute urgence ».
En attendant, le Service national de déminage des Nations Unies (UNMAS) s’est mobilisé et a intensifié ses interventions afin que les travailleurs humanitaires puissent intervenir dans des conditions sûres.
Selon l’OCHA, de nombreuses personnes ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance en raison du conflit qui a endommagé ou détruit les infrastructures publiques telles que les marchés, l’eau et les installations de soins de santé dans l’État.
La nourriture, l’eau, la santé et les services de protection parmi les besoins prioritaires
La plupart des services de base, y compris l’eau et l’électricité, ne sont pas disponibles. Ces services devront être rétablis lorsque les gens rentreront chez eux.
L’hôpital principal de Wad Medani a été endommagé et ne fonctionne pas actuellement. Les pharmacies ont été pillées et il y a une pénurie de médicaments essentiels.
Les personnes touchées ont besoin d’une aide urgente pour reconstruire leur vie. Leurs besoins prioritaires sont la nourriture, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la santé, la nutrition et les services de protection.
Face à ces besoins urgents, des préparatifs sont en cours pour une évaluation rapide des besoins, selon l’OCHA. En attendant, des cuisines communautaires ont été mises en place pour fournir de la nourriture aux personnes vulnérables.
Une équipe du Programme élargi de vaccination (PEV) a été également déployée à Wad Medani le 16 janvier pour évaluer le stockage des vaccins et les dégâts subis.
Cette localité de l’Etat d’Al Jazirah avait été un refuge pour les familles déplacées au cours des premiers mois de la guerre.
Près de 40 % des établissements de santé détruits ou non fonctionnels
De son côté, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) note que l’accès aux soins de santé reste très limité dans ce pays d’Afrique du Nord-Est. Près de 40 % des établissements de santé ont été déclarés détruits ou non fonctionnels.
« Les gens meurent à cause du manque d’accès aux soins de santé et aux médicaments de base et essentiels. Selon un rapport publié en décembre 2024, 38 % des hôpitaux ne sont pas fonctionnels et 62 % sont partiellement fonctionnels dans 7 États », a affirmé lors d’un point de presse à Genève, Tarik Jasarevic, porte-parole de l’OMS.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plu de 140 attaques contre les soins de santé ont été recensées depuis avril 2023, faisant 240 morts et 216 blessés. Dans ce lot, l’année 2024 a été la plus dramatique, avec 77 attaques ayant occasionné 202 morts et 171 blessés.
« L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a suspendu ses activités médicales à l’hôpital de Bashair (l’un des derniers hôpitaux fonctionnels dans le sud de Khartoum) à la suite d’attaques répétées contre le personnel et les patients », a ajouté M. Jasarevic.
L’accès aux soins de santé reste très limité en raison de l’insécurité, des attaques contre les soins de santé, de la pénurie de médicaments et de fournitures médicales, de personnel de santé et de liquidités pour couvrir les coûts de fonctionnement des établissements de santé.
Le choléra, le paludisme, la dengue et la rougeole signalés dans plus de 12 États
De nombreuses régions du pays restent largement inaccessibles aux acteurs humanitaires. L’insécurité, les obstacles bureaucratiques et les problèmes logistiques ont limité la capacité de l’OMS et de ses partenaires à fournir une assistance directe aux établissements de santé du Darfour, de Khartoum, d’Al Jazirah, de Sennar et des Kordofans.
Dans ces conditions, les établissements de santé manquent de médicaments et de fournitures médicales, et les activités de vaccination sont très limitées dans les zones les plus touchées. Le constat à Khartoum est particulièrement sévère : environ 90% des centres de santé ne sont pas fonctionnels.
Ces derniers développements surviennent alors que le choléra, le paludisme, la dengue et la rougeole sont signalés dans plus de 12 États. Plus de 50.568 cas de choléra dont 1.200 décès ont été signalés ainsi que 798 cas de rougeole dont 10 décès ont été aussi répertoriés dans 12 États.
Sur le terrain, l’OMS dirige la réponse à l’urgence sanitaire, en livrant plus de 1,5 tonne de fournitures médicales, en soutenant les centres de stabilisation nutritionnelle, en assurant la vaccination contre le choléra et la polio, et en surveillant les épidémies par des opérations transfrontalières et transfrontalières, y compris des fournitures en provenance du Tchad. L’OMS a ainsi atteint des zones difficiles d’accès et déployé des cliniques mobiles.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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