Dans un entretien accordé à ONU Info, la haute responsable de l’ONU raconte quelles ont été ses impressions lorsqu’elle a visité récemment une maternité dans la ville de Port-Soudan.
Laila Baker : Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j’ai vu. Dans la maternité comme dans l’espace sûr pour les femmes et les filles, il y avait des gens qui ne se souciaient guère de leur propre situation de déplacement et de stress. Ils continuent simplement à fournir des services aux femmes et aux filles dans le besoin.
Nous avons rencontré des médecins qui travaillaient jour et nuit. J’ai rencontré une merveilleuse sage-femme qui se rendait inlassablement sur le terrain, s’assurait que les soins prénataux étaient dispensés et assurait le suivi des femmes pauvres, les amenant dans le même hôpital.
C’était une source d’inspiration. Les conditions que nous avons vues à la maternité étaient tout aussi épouvantables. Nous avons vu des bébés entassés dans des couveuses et des chaufferettes. Il y avait deux ou trois bébés dans une seule chaufferette en raison de la pénurie de ces dernières.
Il est très difficile pour les professionnels de la santé de s’occuper d’un tel nombre de patients et de fournir des soins
Il est très difficile pour les professionnels de la santé de s’occuper d’un tel nombre de patients et de fournir des soins. Les personnes elles-mêmes souffrent du manque de fournitures et d’hygiène. Malgré tous les efforts déployés, l’hôpital est surchargé. Il fournit des services quatre fois supérieurs à sa capacité en raison du nombre de personnes déplacées.
Je travaille dans ce domaine depuis près de trente ans et j’ai vu beaucoup d’abris et de personnes déplacées au cours de cette période. Mais je n’ai jamais vu une situation comme celle-ci, où la surpopulation, le désespoir, le manque de nourriture, d’eau potable et de produits d’hygiène se conjuguent pour de nombreuses femmes, ainsi que la peur extrême et le traumatisme des pertes et des préjudices qu’elles ont subis, soit à cause du conflit, soit à cause des inondations, soit les deux. Nombre d’entre elles ont également subi des violences sexuelles en raison de leur déplacement.
ONU Info : La guerre au Soudan a été décrite comme une guerre contre les femmes. Avez-vous des anecdotes à partager à ce sujet ?
Laila Baker : J’aimerais pouvoir dire non, mais malheureusement, j’ai rencontré des femmes qui ont partagé leur histoire, qui ont été assez courageuses pour nous dire ce qui leur est arrivé.
L’UNFPA condamne les violences sexuelles, en particulier celles qui sont utilisées comme stratégie de guerre. Nous ne jugeons pas les autres. Nous ne demandons pas qui est l’auteur de la violence. Nous nous concentrons sur la femme ou la jeune fille qui a subi ce type de violence et nous veillons à ce qu’elle reçoive un traitement, y compris des soins psychosociaux et médicaux, et qu’elle entame le processus de rétablissement.
Lors d’une discussion de groupe où de nombreuses femmes racontaient leur histoire, une jeune femme s’est levée mais n’a pas pu parler. Elle est devenue rauque et s’est mise à pleurer. Je lui ai dit de venir s’asseoir. Elle s’est assise à côté de moi et m’a murmuré à l’oreille qu’elle avait été violée. La seule chose que j’ai pu faire a été de la prendre dans mes bras et de lui dire : « Vous n’êtes pas seule. Nous sommes là pour vous aider. Merci de nous avoir raconté votre histoire ».
Je pense qu’elle était soulagée d’avoir un espace pour raconter son histoire, qu’elle n’avait jamais partagée avec personne auparavant, mais cela l’a profondément affectée et elle a commencé à perdre confiance en elle.
C’était une jeune femme d’une vingtaine d’années, belle, dynamique et instruite, dont la vie se déroulait bien. Et dans le contexte de ce conflit brutal, elle a dû retourner à l’endroit où elle avait été agressée parce que c’était son lieu de travail et qu’elle était la seule à subvenir aux besoins de sa famille. Nous avons pleuré ensemble. Son histoire m’a profondément émue.
ONU Info : Compte tenu de ce que vous avez vu, quelle est la prochaine étape pour le Soudan ?
Laila Baker : Le Soudan mérite la paix. C’est un beau pays avec un potentiel et des gens bien.
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à ce violent conflit et apporter la stabilité à un pays qui était autrefois le grenier à blé de tout le continent africain.
Nous devons repenser la manière dont nous traitons ce conflit et apporter au peuple soudanais tout le soutien possible afin que la paix puisse être instaurée le plus rapidement possible.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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