La plus jeune nation au monde est à nouveau plongée dans un tourbillon de violence menaçant de raviver les horreurs de la guerre civile qui avait éclaté en 2013, deux ans seulement après l’obtention par le pays de son indépendance du Soudan voisin.
L’accord fragile de partage du pouvoir conclu en 2018 entre le président Salva Kiir, soutenu par les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF), et son rival, le vice-président Riek Machar, semble en effet sur le point de s’effondrer. Depuis le mois dernier, la tension monte entre les deux hommes en lien avec des intrigues politiques dans la capitale Djouba et des affrontements armés dans le nord-est du pays.
Invité du point de presse quotidien de l’ONU à New York, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Soudan du Sud, Nicholas Haysom, n’a pas mâché ses mots pour décrire l’urgence de la situation. « Le Soudan du Sud est au bord d’une nouvelle guerre civile », a-t-il mis en garde par visioconférence.
Vers une reprise de la guerre civile ?
Le 4 mars dernier, un groupe de miliciens de la communauté Nuer connu sous le nom de l’Armée blanche – que le président Kiir accuse, selon la presse, d’être proche du vice-président Machar – a envahi un campement militaire des SSPDF à Nasir, dans l’État du Haut-Nil, près de la frontière nord-est du Soudan du Sud avec l’Éthiopie.
En représailles, les forces armées de M. Kiir ont multiplié les raids aériens dans la région au moyen de bombes barils, qui seraient remplies, selon le Représentant spécial, d’un liquide hautement inflammable. « Ces attaques aveugles contre les civils font de nombreuses victimes et causent des blessures horribles, notamment des brûlures, y compris chez les femmes et les enfants », a-t-il déploré.
M. Haysom, qui est également chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a indiqué que ces violences avaient d’ores et déjà déplacé plus de 63.000 personnes.
Et ce n’est que le début. Selon ses informations, l’Armée blanche et les SSPDF continuent de mobiliser leurs troupes dans la région, où des rapports font état de recrutement forcées d’enfants, l’un des aspects les plus tragiques du conflit, qui ne fait plus la distinction entre combattants et civils.
Nicholas Haysom, chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), lors d’une conférence de presse (archive).
Crise politique
Parallèlement aux affrontements dans le nord-est, le Soudan du Sud est plongé dans une crise politique profonde entre les deux principales factions rivales.
Le mois dernier, des responsables politiques affiliés au Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) de M. Machar ont été écartés du pouvoir à Djouba. « Certains ont été remplacés ou démis de leurs fonctions officielles tandis que d’autres ont été arrêtés, se sont cachés et ont fui le pays », a précisé M. Haysom.
Ces développements ont eu lieu, ajoute-t-il, dans un contexte de désinformation et de discours de haine généralisés, qui ne font qu’exacerber les tensions ethniques et politiques, au détriment de la stabilité du pays.
Ce climat de défiance et de violence rappelle selon lui à s’y méprendre les débuts de la guerre civile de 2013, qui a plongé le Soudan du Sud dans une crise humanitaire sans précédent et a fait des dizaines de milliers de victimes.
Des personnes déplacées dans la province du Haut-Nil, au Soudan du Sud (archive).
L’espoir ténu d’une solution pacifique
Dans ce contexte, l’ONU, soutenue par ses partenaires internationaux et régionaux, tente de jouer le rôle de médiateur. M. Haysom a notamment souligné l’implication de l’Union africaine (UA), de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) – une organisation régionale – et de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée (RJMEC) et de l’ONU, qui se sont tous réunis récemment pour envisager des solutions.
Malgré ces efforts, une ombre plane sur les négociations : le 3 avril, une visite ministérielle des chefs de la diplomatie de l’IGAD à Juba a été reportée à la dernière minute, « sans explication » de la part du gouvernement sud-soudanais. Un revers diplomatique préoccupant, selon Haysom : « C’est une évolution décevante à un moment où la sensibilisation diplomatique est plus importante que jamais », a-t-il dit.
« Les efforts de la communauté internationale pour parvenir à une solution pacifique ne pourront aboutir que si les parties elles-mêmes sont disposées à s’engager et à faire passer les intérêts de leurs peuples avant les leurs », a mis en garde le Représentant spécial.
Autrement dit, les dirigeants sud-soudanais devront choisir entre la paix et la guerre. Le spectre de cette dernière est d’autant plus menaçant que le conflit pourrait s’étendre au-delà des frontières du pays. « Cela dévasterait non seulement le Soudan du Sud, mais également toute la région », a prévenu M. Haysom, pour qui la menace d’une escalade du conflit, en raison de l’implication de puissances régionales et de nouveaux acteurs internationaux, est omniprésente.
Selon le Représentant spécial, le message est clair : « Il est temps d’agir, car l’alternative est trop terrible pour ne serait-ce que l’envisager ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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