« La réalité est que, jusqu’à présent, HTC et les autres groupes armés ont envoyé de bons messages au peuple syrien ; ils ont envoyé des messages d’unité, d’inclusion et, franchement, nous voyons aussi à Alep et à Hama des choses rassurantes sur le terrain », a affirmé lors d’un point de presse à Genève, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen.

« Si tous les différents groupes et toutes les communautés de Syrie ont la possibilité de prendre un nouveau départ, je suis convaincu que la communauté internationale se penchera à nouveau sur l’inscription de HTC sur la liste [terroriste], car il s’agit alors d’un véritable changement », a assuré M. Pedersen.

En attendant, ces messages d’unité, d’inclusion doivent maintenant être transformés en actes sur le terrain dans les jours et les semaines à venir, a-t-il dit.

Réelle opportunité pour le changement

M. Pedersen, diplomate norvégien qui a pris ses fonctions d’envoyé de l’ONU pour la Syrie en 2018, a déclaré que « le test le plus important sera la manière dont les dispositions transitoires à Damas seront organisées et mises en œuvre ».

« Ces arrangements, comme je l’ai souligné à maintes reprises, doivent être inclusifs. Si ces dispositions sont réellement inclusives pour tous les différents groupes et toutes les communautés de Syrie, alors il y aura la possibilité d’un nouveau départ », a insisté l’Envoyé de l’ONU pour la Syrie, se disant « convaincu » que la communauté internationale examinera à nouveau la liste des sanctions.

Toutefois, beaucoup de choses ne sont pas encore claires au sujet de HTC et de ses motivations, a souligné M. Pedersen, notant que [Abu Mohammad al] « Jolani lui-même a mentionné dans une interview avec CNN qu’ils discutaient de la possibilité de démanteler HTC.

« Nous nous trouvons toujours dans ce que nous appelons une période très fluide et les choses ne se sont pas encore stabilisées. Il existe une réelle opportunité pour le changement, mais cette opportunité doit être saisie par les Syriens eux-mêmes et soutenue par les Nations Unies et la communauté internationale ».

Une façon pour le principal négociateur des Nations Unies chargé d’aider les Syriens à créer un avenir pacifique et démocratique d’insister sur le fait que rien ne devait être considéré comme acquis.

Affrontements entre différents groupes armés dans les zones kurdes

« La Syrie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, avec de grandes opportunités pour nous, mais aussi de graves risques. Et nous devons vraiment considérer les deux », a fait valoir M. Pedersen. « Nous savons que, bien sûr, HTC est maintenant le groupe dominant qui contrôle Damas, mais il est important de se rappeler qu’il n’est pas le seul groupe armé à Damas ».

Au milieu des images de scènes de liesse dans les rues de Damas après la fin du régime Assad, M. Pedersen a averti que le transfert de pouvoir avait été accompagné de rapports de vols et d’« invasions de bâtiments publics ou de maisons privées ». « Mais cela semble avoir cessé et c’est une bonne chose », a-t-il dit.

Au-delà de Damas, la situation reste plus incertaine, héritage de la guerre civile syrienne qui dure depuis 13 ans et qui a attiré des acteurs régionaux et internationaux, entravant les efforts de paix menés par les Nations Unies.

« Le conflit dans le nord-est n’est pas terminé ; il y a eu des affrontements entre l’armée nationale syrienne, les groupes d’opposition et les [Forces démocratiques syriennes]. Nous appelons évidemment au calme dans cette région », a dit l’Envoyé spécial de l’ONU.

Pour un arrêt des mouvements et des frappes israéliennes

M. Pedersen a également souligné la nécessité de désamorcer le conflit qui fait toujours rage dans le nord-est de la Syrie, en demandant notamment l’arrêt des « attaques israéliennes ».

« Il est extrêmement important que nous ne voyions aucune action de la part d’un acteur international qui détruise la possibilité d’une transformation en Syrie », a-t-il déclaré à propos des mesures israéliennes visant à étendre une zone tampon à l’intérieur de la Syrie.

« Nous continuons à voir les mouvements et les bombardements israéliens sur le territoire syrien. Cela doit cesser. C’est extrêmement important. Permettez-moi ensuite de vous transmettre les trois messages clés sur lesquels nous devons continuer à insister, à savoir la protection des civils. J’ai lancé un appel aux acteurs armés pour qu’ils maintiennent de bons contacts, la loi et l’ordre, qu’ils protègent les civils conformément au droit humanitaire international et qu’ils préservent les institutions publiques ».

S’il n’est pas en contact avec les Israéliens, le diplomate norvégien soutient que les Nations Unies à New York le sont. « Et, vous savez, les soldats de la paix sur le plateau du Golan sont en contact quotidien avec les Israéliens. Et bien sûr, le message de New York est le même : ce que nous voyons est une violation de l’accord de désengagement de 1974 », a conclu M. Pedersen.

Reprise des activités humanitaires à Idleb et Alep

Sur le plan humanitaire, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que de nombreux postes frontières ont été fermés, ce qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement. Dans ces conditions, des pénuries de pain et d’autres produits de première nécessité font grimper les prix.

Mais depuis lundi, toutes les organisations humanitaires présentes à Idleb et dans le nord d’Alep ont repris leurs activités. Autre bonne nouvelle, les trois points de passage de la Türkiye utilisés par les Nations Unies pour acheminer les fournitures humanitaires restent ouverts. Cela permet aux agences de fournir une assistance dans le nord-ouest de la Syrie.

À Alep, les partenaires de l’ONU fournissent une aide de base, notamment de la nourriture, des services de santé et de nutrition, ainsi qu’un soutien à l’accès à l’eau potable. « Dans le nord-est, nous acheminons également des fournitures aux personnes déplacées du gouvernorat d’Alep et des unités médicales ont été déployées dans les centres d’accueil et les écoles », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA.

Dans les centres d’accueil pour les personnes déplacées, les agences fournissent de la nourriture, de l’eau, du carburant, des tentes, des couvertures et des kits d’hygiène.

Une réponse humanitaire à plus grande échelle est nécessaire

Cependant, après près plus de 13 ans de conflit en Syrie, les besoins sont énormes. Avant les récents événements, près de 17 millions de personnes, dont des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, avaient déjà besoin d’une aide humanitaire.

Comme pour aggraver les choses, plus d’un million de personnes – principalement des femmes et des enfants – ont été déplacées depuis le 28 novembre à Idlib, Alep, Hama et Homs. Certaines auraient commencé à rentrer chez elles ces derniers jours. Les besoins humanitaires augmentent et une réponse à plus grande échelle est nécessaire.

Toutefois l’appel de fonds de 4 milliards de dollars pour cette année est actuellement financé à moins d’un tiers. « Voilà où nous en sommes. Beaucoup d’entre vous suivent la Syrie – comme moi – depuis 13 ou 14 ans, alors permettez-moi d’ajouter que nous vivons une période cruciale », a fait valoir M. Laerke.

Le HCR appelle à la patience et la vigilance

Alors que la Syrie est toujours à la croisée des chemins, les réfugiés dans les pays voisins expriment leur joie et leur espoir, mais aussi leur prudence quant à l’éventualité d’un retour, selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR),

Des millions de réfugiés syriens restés à l’extérieur tentent de comprendre ce que l’évolution rapide de la situation signifie pour eux. Ils se demandent s’il est possible de retourner en Syrie en toute sécurité et dans quelle mesure leurs droits seront respectés avant de pouvoir prendre la décision de rentrer chez eux en toute connaissance de cause et de leur plein gré. Selon le HCR, il faut leur donner l’espace nécessaire pour le faire sans aucune pression

« Nous prenons note de l’annonce de la suspension des demandes d’asile des ressortissants syriens. Il convient de rappeler que les événements se déroulent rapidement et que la situation évolue. Les dynamiques de déplacement se poursuivent. Il est important de garder à l’esprit la fluidité de la situation et que tout Syrien ou toute personne cherchant une protection internationale doit pouvoir accéder aux procédures d’asile et voir sa demande examinée pleinement et individuellement sur le fond », a détaillé Shabia Mantoo, porte-parole du HCR.

Des retours de réfugiés syriens depuis la Turquie et le Liban

Sur le terrain, les mouvements transfrontaliers restent minimes depuis la Türkiye et la Jordanie.

Le 9 décembre, les équipes de terrain du HCR ont mené des entretiens avec 215 familles (316 personnes), dont plus de la moitié prévoient de retourner à Alep, principalement en raison de l’amélioration de la situation sécuritaire et pour retrouver des membres de leur famille.

Le nombre de réfugiés syriens retournant dans le nord-ouest de la Syrie depuis la Türkiye par les points de passage internes de Bab al-Hawa et Bab al-Salam a légèrement augmenté.

A partir de ce mardi 10 décembre, les partenaires du HCR seront présents aux points de passage de Bab al-Hawa et de Bab al-Salam pour surveiller le retour des réfugiés syriens depuis la Türkiye et collecter des informations, y compris des données de base sur les ménages et les destinations prévues.

Après plus de 13 ans de conflit, les récents développements permettent d’espérer que la souffrance du peuple syrien puisse enfin prendre fin, et que la plus grande crise de déplacement forcé au monde puisse évoluer vers des solutions justes.

Des mouvements transfrontaliers de la Syrie vers le Liban

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Damas a une chance remarquable de progresser vers la paix et de voir son peuple commencer à rentrer chez lui. Mais la situation étant encore incertaine, des millions de réfugiés évaluent avec soin s’ils peuvent le faire en toute sécurité. Certains sont impatients, d’autres hésitent.

En attendant, plusieurs milliers de Syriens seraient rentrés en Syrie depuis le Liban par le point de passage officiel de Masnaa, bien qu’il y ait également des mouvements de retour vers le Liban. Dans la matinée du 8 décembre, le Bureau de la sécurité générale du Liban a officiellement indiqué qu’il faciliterait le retour des Syriens en Syrie.

Si les autres points de passage officiels restent fermés, le poste frontière de Masnaa a toutefois rouvert le matin du 8 décembre. Selon les premières indications, environ 2.000 personnes ont traversé Masnaa pour se rendre en Syrie.

Dans le même temps, il y aurait eu quelques mouvements de la Syrie vers le Liban dans le gouvernorat de Baalbek-Hermel depuis le 7 décembre, soulignant que les gens se déplacent sans qu’aucun chiffre officiel ne soit encore disponible. Environ 70 % d’entre eux sont libanais et 30 % sont syriens.

Pour un retour des réfugiés « sûr, volontaire et digne »

Le HCR indique suivre de près l’évolution rapide de la situation. « Comme pour toute situation de réfugiés, le retour des réfugiés doit être sûr, volontaire et digne », a déclaré Filippo Grandi, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, demandant également aux donateurs de veiller à ce que le HCR et ses partenaires disposent des ressources nécessaires pour répondre rapidement et efficacement, y compris dans les pays voisins accueillant encore des millions de réfugiés syriens.

La crise qui sévit depuis longtemps en Syrie a eu des conséquences dévastatrices pour le pays et sa population. Plus de 13 millions de Syriens ont été contraints de fuir leur foyer au cours des 14 dernières années, et 90 % des personnes vivant en Syrie ont besoin d’une forme d’aide humanitaire.

Avec des infrastructures détruites et plus de 90 % de la population dépendant de l’aide humanitaire, une aide urgente est nécessaire à l’approche de l’hiver – notamment des abris, de la nourriture et de l’eau, selon les agences humanitaires de l’ONU.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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