Un responsable de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a justifié cet avertissement par la promiscuité en cours dans les abris pour personnes déplacées, mais aussi par la fermeture des hôpitaux et du départ du personnel médical, qui a fui l’assaut d’Israël.
Alors que le nombre de personnes déplacées augmente et que la population n’a qu’un accès limité aux soins d’urgence et de traumatologie, ainsi qu’aux services de santé essentiels, y compris la vaccination de routine et les services de santé maternelle et infantile essentiels, « nous sommes confrontés à une situation où le risque d’épidémies, telles que la diarrhée aqueuse aiguë, l’hépatite A et un certain nombre de maladies évitables par la vaccination, est beaucoup plus élevé », a déclaré par liaison vidéo depuis Beyrouth, Ian Clarke, Responsable adjoint de l’OMS pour le Liban, lors d’une conférence de presse à Genève.
Les infrastructures hydrauliques touchées
Cette alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) intervient alors que les infrastructures hydrauliques sont également touchées à ce jour, avec au moins 25 installations hydrauliques endommagées. Cela concerne 300.000 personnes, selon l’ONU.
Ces derniers développements surviennent alors que les hostilités en cours et les ordres de déplacement continuent de déplacer des personnes, en particulier du sud du pays et de la banlieue sud de la capitale.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé plus de 540.000 personnes déplacées depuis le 8 octobre [2023] dont environ 165.000 déplacés en une seule semaine. Il s’agit d’une hausse de près de 56% depuis le 29 septembre dernier.
Face à cet afflux de déplacés, il y a maintenant 973 abris formels à Beyrouth et dans le nord du pays, avec plus de 200.000 personnes enregistrées. Selon l’ONU, 773 de ces abris sont absolument pleins.
« Plus de 1,2 million de personnes sont touchées par cette crise ; des centaines de milliers de personnes ont été déplacées des sept districts situés sur la ligne de front dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, et bien sûr de la banlieue sud de Beyrouth, qui a été vidée de ses habitants ; nombre de ces villes, villages et banlieues ne sont plus que des décombres », a affirmé pour sa part Matthew Hollingworth, Représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Liban.
Risques d’épidémies alors que les hôpitaux sont fermés
C’est dans ce contexte que l’OMS s’est dite profondément préoccupée par l’impact de la récente escalade de la violence sur le système de santé au Liban, notamment par le nombre croissant d’attaques contre le personnel et les établissements de santé.
Depuis le 17 septembre, 16 attaques contre les soins de santé ont été enregistrées, faisant 65 morts et 40 blessés parmi le personnel de santé. Au total, l’OMS fait état de 37 attaques contre la santé, causant 87 morts et 74 blessés.
Selon le ministère libanais de la Santé, les raids meurtriers ont causé 2.083 morts et 9.869 blessés, selon un décompte effectué hier lundi 7 octobre 2024.
En outre, 96 centres de soins de santé primaires et établissements de santé ont été contraints de fermer dans le sud en raison de la montée des hostilités, cinq hôpitaux ont été déclarés non fonctionnels en raison de dommages physiques ou d’infrastructures, et quatre hôpitaux ont été partiellement évacués et ont nécessité le transfert de patients, y compris des patients atteints de dialyse et de cancer, vers d’autres hôpitaux, tout en maintenant les services d’urgence, bien qu’avec une capacité d’accueil très limitée.
Des milliers d’hectares de terres agricoles brûlés ou abandonnés
Sur le terrain, les rapports des médias indiquent que l’armée israélienne a lancé de nouvelles opérations contre le Hezbollah dans le sud-ouest du Liban, où une quatrième division a commencé « des opérations limitées ». Jusque-là, l’offensive terrestre israélienne était concentrée sur le sud et le sud-est du pays, mais, avec le déploiement de troupes de la 146e division, l’armée a étendu sa zone d’opérations au sud-ouest du Liban.
Lors de la même conférence de presse à Genève, un responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) s’est inquiété de la capacité du Liban à se nourrir, déclarant que des milliers d’hectares de terres agricoles dans le sud du pays ont brûlé ou ont été abandonnés en raison de l’escalade des hostilités.
« Du point de vue de l’agriculture et de la production alimentaire, la capacité du Liban à continuer à se nourrir est extrêmement préoccupante », a déclaré Matthew Hollingworth, Directeur du PAM au Liban, ajoutant que les récoltes n’auraient pas lieu et que les produits pourrissaient dans les champs.
Selon le PAM, 1.900 hectares de terres agricoles ont été brûlés dans le sud du pays au cours de l’année écoulée, principalement ces dernières semaines. Près de 12.000 hectares de terres agricoles ont été abandonnés dans l’une des régions les plus productives du pays.
Impact sur les récoltes d’olives
Au total, 46.000 agriculteurs sont lourdement touchés par cette crise. Les récoltes d’olives dans le sud n’auront pas lieu. Les bananes et les agrumes ne seront pas récoltés.
« Nous avons des besoins très importants pour l’avenir. Au cours des trois prochains mois, comme je l’ai dit, nous nous préparons à atteindre au moins un million de personnes qui ont été touchées en travaillant au sein d’un système d’organisations qui fournissent un soutien aux systèmes alimentaires et à la sécurité alimentaire », a ajouté M. Hollingworth.
En attendant, le PAM a été en mesure d’atteindre quotidiennement environ 150.000 personnes, avec des repas chauds, des rations prêtes à manger. L’agence onusienne indique qu’elle est en train de « rattraper le temps perdu », pour atteindre l’objectif d’un million de personnes par jour.
« De nombreuses familles que j’ai rencontrées, et j’étais dans le sud au début de la semaine dernière, parlent du fait qu’elles se déplacent uniquement par crainte de la destruction de leurs terres, de leurs maisons et de leurs quartiers, mais aussi parce qu’elles ont perdu des gens, des familles, des amis et des communautés, et qu’elles sont extraordinairement effrayées par ce qui va se passer ensuite », a dit le responsable onusien.
Appel à une « solution négociée »
Par ailleurs, la Coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban et le Chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) ont appelé, à l’occasion du passage d’un an depuis le début des hostilités entre le Hezbollah et Israël au sud du Liban, à « une solution négociée qui est la seule voie pour restaurer la sécurité et la stabilité dont les civils des deux côtés de la frontière ont si désespérément besoin ».
« Il est temps d’agir », écrivent la Coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et le Commandant de la FINUL, Aroldo Lazaro Saenz.
Dans un communiqué commun mis en ligne mardi 8 octobre, ces deux hauts responsables de l’ONU notent que « les échanges de tirs quasi quotidiens se sont transformés en une campagne militaire incessante dont les conséquences humanitaires sont tout simplement catastrophiques ».
La déclaration de Mme Hennis-Plasschaert et du général Lazaro Saenz a été faite à l’occasion du premier anniversaire des attaques menées par le Hezbollah libanais contre des postes militaires israéliens situés le long de la frontière, en soutien à ses alliés du Hamas dans la bande de Gaza.
« Aujourd’hui, un an plus tard, les échanges de tirs quasi-quotidiens se sont transformés en une campagne militaire implacable dont l’impact humanitaire n’est rien moins que catastrophique », ont-ils prévenu, relevant que la poursuite de la violence et de la destruction ne résoudra pas les problèmes sous-jacents et n’améliorera la sécurité de personne à long terme.
En Syrie, Grandi appelle à un soutien accru pour les personnes fuyant le Liban
En Syrie, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a appelé à un soutien accru pour les personnes fuyant l’escalade du conflit au Liban. Plus de 250.000 personnes ont fui les frappes aériennes au Liban et ont traversé la frontière vers la Syrie.
Filippo Grandi, qui a conclu mardi une visite d’urgence en Syrie, s’est rendu au poste frontière de Jdeidet Yabous. Il a rencontré des réfugiés libanais et des Syriens qui venaient de traverser la frontière et qui lui ont expliqué comment ils avaient échappé aux bombardements israéliens intenses qui terrifiaient leurs enfants.
« Les familles avec lesquelles j’ai parlé ont fui pour sauver leur vie et n’ont aucune idée de ce que demain leur réserve après un voyage épuisant et dangereux jusqu’à la frontière. Elles arrivent avec peu de moyens et ont besoin d’une aide d’urgence », a déclaré M. Grandi.
La route principale entre les postes frontières libanais et syriens ayant été détruite par une frappe aérienne, les gens sont obligés de traverser à pied avec leurs enfants et tous les biens qu’ils peuvent transporter.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que le Croissant rouge arabe syrien, d’autres agences des Nations Unies et des ONG, sont présents à la frontière pour fournir de l’eau, des denrées alimentaires et des couvertures. Des équipes aident également les nouveaux arrivants à obtenir une assistance juridique et des documents, et les conseillent sur les procédures administratives et autres.
« Ce nouvel afflux de personnes survient à un moment où des millions de Syriens vivent dans la précarité et ont eux-mêmes besoin d’une aide humanitaire. Nous devons renforcer notre soutien aux nouveaux arrivants et aux communautés d’accueil vulnérables qui les reçoivent », a conclu M. Grandi.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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