Le rapport du Service des droits de l’homme de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies décrit comment les Al-Kaniyat, un élément armé apparu en 2011, ont ensuite exercé un contrôle « brutal » sur Tarhuna, une ville de quelque 150.000 habitants située à 90 km au sud-est de Tripoli.
Pendant la guerre civile de 2019-2020 dans l’ouest de la Libye, la ville de Tarhuna a servi de base pour l’attaque de l’Armée nationale libyenne (ANL) sur Tripoli.
Meurtres, disparitions, enlèvements, tortures
Le rapport détaille les meurtres, disparitions, violences sexuelles, enlèvements, tortures, mauvais traitements, déplacements forcés et autres violations flagrantes des droits de l’homme, ainsi que les graves violations du droit international humanitaire commises par les Al-Kaniyat entre 2013 et 2022.
Il complète l’enquête de 2022 concernant les atrocités commises à Tarhuna, notamment la découverte de fosses communes contenant des centaines de restes humains, la plupart menottés, les yeux bandés et portant des traces de torture, et la possibilité qu’il y ait jusqu’à 100 autres sites de ce type.
« Des années se sont écoulées depuis que ces terribles violations ont été commises, mais les auteurs n’ont toujours pas été traduits en justice, pas plus que la vérité, la justice ou les réparations n’ont été accordées aux victimes et à leurs familles », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, relevant que « l’impunité doit cesser ».
La découverte de charniers à Tarhuna
Après la reprise de Tarhuna par le Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), le 5 juin 2020 et le retrait des forces d’Al-Kaniyat et de l’Armée nationale libyenne de la région, les rapports font de plus en plus état de violations flagrantes et à grande échelle des droits de l’homme et d’abus commis par Al-Kaniyat et ses alliés.
Le Centre satellitaire des Nations unies (UNOSAT) a procédé à l’analyse d’images satellites à Tarhuna, qui ont été fournies à la MANUL et à d’autres entités.
Ces images ont révélé des perturbations du sol correspondant à des activités d’enterrement de masse survenues entre avril 2019 et juin 2020 dans sept endroits où des corps et des restes humains ont été retrouvés par la suite.
Les prisons d’Al-Kaniyat
Plusieurs lieux de privation de liberté ont fonctionné à Tarhuna jusqu’en juin 2020, sous le contrôle d’Al-Kaniyat ou d’éléments armés associés. Plusieurs rapports font également état d’exécutions illégales dans les prisons contrôlées par Al-Kaniyat, soit à la suite d’actes de torture, soit en guise de représailles directes.
Chacun des lieux de privation de liberté contrôlés par Al-Kaniyat a été associé à des cas de torture et de mauvais traitements, d’exécutions extrajudiciaires et d’exécutions sommaires. La prison d’Al-Khodor, dans l’usine d’eau de Tarhuna, et la « prison des boîtes » étaient particulièrement redoutées car elles comprenaient de petites boîtes métalliques qui étaient chauffées et utilisées à des fins de torture et de mauvais traitements.
Selon l’ONU, les violences sexuelles sont largement sous-représentées dans toute la Libye, en partie à cause des traditions patriarcales et religieuses et de la culture tribale, qui conduisent souvent à la peur du rejet, à la stigmatisation et à la honte.
Néanmoins, les enquêteurs des Nations Unies ont pu recueillir des rapports de viols et d’autres formes de violence sexuelle commis sur des hommes et des femmes qui auraient été commis par les Al-Kaniyat, y compris la nudité forcée, la torture sexuelle et la mutilation des organes génitaux.
Des abus pouvant alimenter des « cycles toxiques » de violence et de vengeance
Face à ce sombre tableau décrit par les enquêteurs, le rapport indique que l’intégration d’Al-Kaniyat dans l’ancien gouvernement d’entente nationale (GNA), puis dans l’Armée nationale libyenne (ANL), a constitué un obstacle important à la reddition des comptes.
L’incapacité à rendre la justice a conduit, dans certains cas, à une recrudescence de la violence et à des violations répétées, attisant les griefs à Tarhuna et dans les zones environnantes, indique le rapport.
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait annoncé en novembre 2022, que d’autres demandes de mandats d’arrêt avaient été déposées dans le cadre de la situation en Libye.
« Ne pas s’attaquer aux causes profondes et aux moteurs du conflit ne servira qu’à alimenter les cycles toxiques de violence et de vengeance entre les communautés », a fait valoir la Cheffe par intérim de la Mission de soutien de l’ONU en Libye, Stephanie Koury.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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