Environ un million de Rohingyas sont réfugiés au Bangladesh et plus de 130.000 autres ont cherché refuge dans la région sans perspectives immédiates de retour, a déclaré António Guterres dans un communiqué publié par son porte-parole à l’occasion du sinistre anniversaire dimanche.
« La situation sécuritaire et humanitaire désastreuse, avec des difficultés d’accès persistantes, a exacerbé les vulnérabilités préexistantes de la population du Myanmar, y compris les Rohingyas, qui continuent d’être confrontés à la discrimination et à la persécution alors que le conflit armé s’intensifie dans l’État de Rakhine », indique le communiqué.
Le Secrétaire général a appelé toutes les parties au conflit – qui oppose les troupes loyales à la junte militaire au pouvoir et de nombreux groupes armés luttant pour l’autonomie ou l’indépendance – « à mettre fin à la violence et à assurer la protection des civils conformément aux normes internationales applicables en matière de droits de l’homme et au droit international humanitaire ».
« Aucun moyen de se mettre à l’abri »
Des milliers de civils de l’État de Rakhine, dans l’ouest du Myanmar, ont été contraints de fuir à pied, les séparatistes de l’armée d’Arakan continuant à les rassembler dans des endroits qui offrent peu de possibilités de refuge, a également mis en garde Volker Türk, le chef des droits de l’homme de l’ONU.
Des centaines de civils auraient été tués lors de ces violences alors qu’ils tentaient de fuir les combats.
« Alors que les points de passage vers le Bangladesh restent fermés, les membres de la communauté rohingya se retrouvent piégés entre l’armée et ses alliés et l’armée d’Arakan, sans aucun moyen de se mettre à l’abri », a averti M. Türk.
La situation n’a fait qu’empirer au cours des quatre derniers mois, alors que des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup appartiennent à la minorité musulmane des Rohingyas, ont fui une offensive majeure des rebelles de l’Armée de l’Arakan, un groupe armé ethnique qui vise à prendre le contrôle des municipalités aux mains de l’armée du Myanmar.
La tragédie historique se poursuit
Le responsable des droits de l’homme a souligné que ce mois d’août marque le septième anniversaire des opérations militaires au Myanmar, qui ont poussé 700.000 personnes à traverser la frontière pour se réfugier au Bangladesh.
« Bien que le monde entier ait dit « plus jamais ça », nous sommes à nouveau témoins de meurtres, de destructions et de déplacements dans la région de Rakhine », a déclaré M. Türk.
Lors de l’une des attaques récentes les plus meurtrières le long de la rivière Naf, à la frontière avec le Bangladesh, le 5 août, des dizaines de personnes auraient été tuées, y compris par des drones armés, bien que l’on ne sache pas exactement quel camp est responsable.
« Les parties au conflit armé publient des déclarations dans lesquelles elles nient toute responsabilité dans les attaques contre les Rohingyas et d’autres personnes, agissant comme si elles étaient impuissantes à les protéger. Cela dépasse les limites de la crédibilité », a poursuivi M. Türk, soulignant l’obligation de toutes les parties, en vertu du droit international humanitaire, de protéger les Rohingyas contre le risque de subir d’autres préjudices.
Une réponse sans équivoque est nécessaire
De graves violations des droits de l’homme ont été commises à l’encontre des Rohingyas par l’armée et l’armée de l’Arakan, notamment des enlèvements, des recrutements forcés, des bombardements aveugles de villes et de villages à l’aide de drones et de pièces d’artillerie, et des meurtres.
Un nombre croissant de Rohingyas, dont près de la moitié sont des enfants, demandent de l’aide pour des blessures liées au conflit, y compris ceux qui meurent de diarrhée en raison du manque d’accès à l’eau potable et de conditions de vie tout à fait inadéquates.
« Ces atrocités exigent une réponse sans équivoque : les responsables doivent être tenus de rendre des comptes et la justice doit être poursuivie sans relâche », a déclaré M. Türk.
« La répétition des crimes et des horreurs du passé doit être évitée, c’est un devoir moral et une nécessité juridique. Il incombe à la communauté internationale, avec l’ANASE [Association des nations de l’Asie du Sud-Est] en première ligne, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les Rohingyas et les autres victimes civiles de ce conflit cruel », a conclu le responsable des droits de l’homme.
Ne pas oublier les centaines de milliers d’enfants rohingyas
Aujourd’hui, Cox’s Bazar, au Bangladesh, abrite le plus grand camp de réfugiés au monde, avec près d’un million d’enfants, de femmes et d’hommes vivant dans des campements de fortune, ont souligné Education sans délai et leurs partenaires à l’occasion de ce triste anniversaire.
« Cette crise est une abomination pour l’humanité », ont-ils déclaré, appelant à ne pas oublier les centaines de milliers d’enfants rohingyas « qui n’aspirent qu’à apprendre dans la sécurité et la liberté ».
Avec l’UNICEF et d’autres partenaires, Education sans délai soutiennent des opportunités d’éducation holistique pour les enfants rohingyas et ceux de la communauté d’accueil au Bangladesh depuis novembre 2017.
Ces investissements se traduisent par des repas scolaires nutritifs, des possibilités d’apprentissage intégrées, des cours de rattrapage, ainsi que par la sécurité et le réconfort dans un monde devenu fou.
A ce jour, le plan de réponse conjoint à la crise humanitaire des Rohingyas pour 2024 qui prévoit un financement total de 852 millions de dollars, dont 68 millions pour l’éducation, n’est financé qu’ à 287 millions de dollars, dont seuls 12,8 % pour la réponse en matière d’éducation.
« En investissant dans leur éducation, nous investissons dans la paix, l’éducation et la sécurité dans toute la région. Par-dessus tout, c’est un investissement dans les droits du peuple Rohingya et d’autres groupes persécutés », ont fait valoir les défenseurs de de l’éducation et des enfants.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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