La Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, a déploré la violence subie par les femmes, sous ses formes les plus cruelles, qui est une caractéristique de pratiquement toutes les guerres.

Femmes afghanes privées de leurs droits

Présentant le dernier rapport biennal du Secrétaire général de l’ONU couvrant la période allant de janvier 2022 à décembre 2023, Mme DiCarlo a évoqué sa récente visite en Afghanistan, où le sort des femmes est un exemple criant du terrain perdu en matière de droits humains.

« Les femmes et les filles afghanes sont systématiquement privées de leurs droits et de leur dignité dans de nombreux domaines de la vie, y compris l’éducation », a-t-elle dénoncé. Ces femmes rencontrées à Kaboul lui ont fait part de leurs aspirations et de leurs rêves : la même éducation que les hommes, l’égalité des chances en matière d’emploi et la liberté de choisir leur avenir.

Mais l’Afghanistan n’est pas le seul pays où les femmes se heurtent à des obstacles qui les empêchent de participer sur un pied d’égalité avec les hommes, a regretté la haute fonctionnaire, citant de nombreuses régions où les engagements en matière d’égalité entre les hommes et les femmes sont ignorés, voire annulés.

À cet égard, elle a rappelé que dans le Nouvel Agenda pour la paix, le Secrétaire général a appelé au démantèlement des structures de pouvoir patriarcales. « En fin de compte, il s’agit d’une vision simple, celle de surmonter les obstacles qui empêchent les femmes de contribuer pleinement à la société ».

Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.

Résolution 1325

Saluant le fait que plus de 100 pays de toutes les régions ont élaboré des plans nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, Mme DiCarlo a appelé d’autres pays à se joindre à cet appel. 

Les processus de paix menés par l’ONU encouragent une solide représentation des femmes. Elle en a voulu pour preuve que les 30% des membres du Comité constitutionnel syrien, par exemple, sont des femmes. Et les femmes représentent 43% des équipes de médiation de l’ONU. Dans les processus de paix menés par d’autres et auxquels l’ONU apporte un certain soutien, le pourcentage n’est souvent pas aussi élevé, a-t-elle toutefois déploré.

S’agissant des jeunes, Mme DiCarlo a estimé qu’ils méritent d’avoir la possibilité de façonner leur avenir, car ils ne sont pas des « adultes en devenir ». Ce sont des êtres humains à part entière qui ont des espoirs, des aspirations, des idées et de l’énergie à revendre, a-t-elle souligné. À cet égard, elle est revenue sur les recommandations contenues dans le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité visant à favoriser les progrès urgents en matière d’inclusion des jeunes qui doivent pouvoir participer en toute sécurité aux processus de paix et aux activités électorales.

Cependant, a nuancé Mme DiCarlo, le rapport pointe la méfiance croissante des jeunes à l’égard des institutions de gouvernance et des processus électoraux. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 82% des jeunes de 65 pays déclarent que la violence électorale entrave leur participation.

Encourager les jeunes à s’impliquer

C’est pourquoi elle a souligné l’importance d’encourager de manière concrète les jeunes à s’engager dans la politique et le rétablissement de la paix, car à travers cette voie les gouvernements peuvent renforcer la solidarité entre les différentes générations et rétablir la confiance dans les institutions.

Mme DiCarlo a aussi mis en exergue le rôle des jeunes femmes et des jeunes hommes en tant que défenseurs de l’environnement, dirigeants communautaires, activistes, mobilisateurs et artisans de la paix qui doivent être reconnus et encouragés. 

De son côté, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, a souligné que les souffrances des femmes en temps de conflit ne sont pas de leur fait, avant de mentionner certains progrès.

L’an dernier, des femmes ont participé à 79 processus de réconciliation, tandis que la mobilisation des femmes se poursuit en Afghanistan. Elle a souligné l’importance du dialogue intergénérationnel dans les pays en proie à un conflit pour surmonter les entraves à la participation politique et sociale des jeunes femmes. « Il faut briser les structures de pouvoir et les normes qui écartent les femmes ».

Besoin de mesures concrètes

La cheffe d’ONU Femmes a dévoilé trois priorités, la première étant la participation renforcée des jeunes femmes aux processus de décision. Pour cela, nous avons besoin de mesures concrètes, comme des quotas, a précisé Mme Bahous, en appelant à ne pas se contenter de « vaines paroles ».

La lutte contre la haine et la désinformation est la seconde priorité. Le champ de bataille est Internet, a-t-elle dit, en ajoutant que cette lutte pourrait être perdue sans une action énergique.

Enfin, elle a demandé que les jeunes femmes soient mieux représentées dans les parlements, puisque moins de 1% des parlementaires dans le monde sont des jeunes femmes.

Pour sa part, le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, Felipe Paullier a présenté au Conseil de sécurité le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité. Ce rapport évalue de manière globale les progrès du programme jeunesse, paix et sécurité et de ses cinq piliers clefs, a-t-il précisé, reconnaissant que beaucoup reste à faire.

Initiatives de jeunes

Le haut fonctionnaire a cependant fait état de progrès dans la mobilisation des jeunes pour la paix. Ils continuent de créer leurs propres mouvements et démontrent leur capacité d’action et leur leadership croissants à travers le monde, s’est-il félicité, avant de citer des initiatives de jeunes en Syrie, au Soudan, en Somalie ou encore dans des camps de réfugiés au Tchad.

Il a également noté des avancées dans l’institutionnalisation de l’engagement significatif des jeunes à l’ONU, avec notamment la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse. Il faut à présent traduire les politiques en actions concrètes, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, a plaidé M. Paullier. 

Dans un contexte de discriminations multiples et de rétrécissement de l’espace civique, le Sous-Secrétaire général a constaté que les jeunes sont la cible privilégiée des menaces numériques, alimentées par les réseaux sociaux. Ces menaces ont accru la propagation des discours de haine, de la désinformation et du harcèlement sexuel, a-t-il dénoncé, observant que les jeunes femmes et les filles, en particulier celles qui sont handicapées et issues de communautés marginalisées, courent un risque accru de violence. 

Pour répondre à ces problèmes de protection, l’ONU et les organisations de la société civile ont pris des mesures spécifiques à chaque pays, a-t-il indiqué, évoquant par exemple le réseau d’alerte communautaire mis en place par la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) avec des dirigeants de la jeunesse. 

À l’approche du dixième anniversaire du programme jeunesse, paix et sécurité et de la résolution 2250 (2015), M. Paullier a formulé plusieurs recommandations, à commencer par l’organisation chaque année d’un débat public au Conseil de sécurité sur cette question.

Il a ensuite demandé d’accroître les possibilités offertes aux jeunes de participer aux délibérations du Conseil et aux visites de pays, ce qui implique de revoir les méthodes de travail de l’organe et de garantir des protocoles de protection pour encadrer la participation des jeunes intervenants.

Il a également souhaité que le Conseil continue de renforcer les éléments du programme jeunesse, paix et sécurité dans le cadre du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.

L’histoire inspirante de quatre jeunes Congolaises

En tant que jeune ambassadrice pour la paix de l’Union Africaine pour la région de l’Afrique de l’Ouest, Simone Mbode Diouf, a confié être la « preuve vivante » que les institutions internationales et régionales peuvent choisir de faire confiance à l’expertise et au leadership des jeunes femmes en les plaçant au-devant de la scène mondiale.

Pour mettre en lumière le travail « incroyable » que les jeunes femmes artisanes de paix accomplissent chaque jour sur le continent africain, Mme Diouf a souhaité partager l’histoire inspirante de quatre jeunes Congolaises avec lesquelles elle a eu le privilège de collaborer en République démocratique du Congo (RDC).

Tout d’abord, Nora et Marie Rose ont dirigé le Secrétariat technique national, créé par le gouvernement de la RDC pour promouvoir la mise en œuvre au niveau national de la résolution 2250 (2015). 

Grâce à leur leadership, la RDC a créé son premier plan d’action national sur la jeunesse, la paix et la sécurité en août 2022. Ensuite, Émilie et Esther, les coordinatrices des réseaux « Jeunes Femmes Leaders pour la Paix » au Nord et au Sud-Kivu, ont, malgré un contexte sécuritaire difficile marqué par la guerre, veillé à ce que le plan d’action national prenne en compte les besoins spécifiques des jeunes en matière de genre.

Nora, Marie Rose, Émilie et Esther ne sont pas seules, a assuré la représentante. Comme elles, de nombreuses jeunes femmes à travers l’Afrique se consacrent à relever les défis qui affectent leur avenir, tels que les changements climatiques, la résurgence des conflits, l’extrémisme violent, la marginalisation politique, la violence sexuelle liée aux conflits et le manque d’opportunités économiques. 

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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