Des agences des Nations Unies ont mis en garde jeudi contre l’insécurité alimentaire aiguë dans 22 pays et territoires, lors des sept prochains mois et la situation à Gaza, Soudan, Soudan du Sud, Mali et Haïti étant les plus préoccupantes.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), l’extension des conflits, en particulier au Moyen-Orient, associée à des facteurs économiques et climatiques (le phénomène La Niña), pourrait menacer des systèmes alimentaires fragiles dans des régions déjà vulnérables, poussant ainsi des millions de personnes au bord du gouffre.

Les deux agences appellent donc à une action humanitaire urgente pour sauver des vies et prévenir la famine et la mort dans les points chauds où la faim aiguë risque fort de s’aggraver entre novembre 2024 et mai 2025.

Des enfants font la queue pour obtenir de la nourriture à Gaza.

Les conflits à l’origine de la majeure partie de l’insécurité alimentaire aiguë

Les conflits sont le principal facteur de la faim dans toutes ces régions. 

Dans tous les points chauds les plus préoccupants, les communautés sont déjà confrontées à la famine ou à un risque de famine, ou encore à des conditions catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë.

Les conditions météorologiques extrêmes sont un facteur important dans d’autres régions, tandis que les inégalités économiques et les niveaux d’endettement élevés dans de nombreux pays en développement nuisent à la capacité de réaction des gouvernements.

« La situation dans les cinq points chauds les plus préoccupants est catastrophique. Les populations souffrent d’un manque extrême de nourriture et sont confrontées à une famine durable sans précédent, alimentée par l’escalade des conflits, les crises climatiques et les chocs économiques. Si nous voulons sauver des vies et prévenir la faim et la malnutrition aiguës, il est urgent d’instaurer un cessez-le-feu humanitaire et de rétablir l’accès, mais aussi de réactiver la production alimentaire locale », a déclaré QU Dongyu, Directeur général de la FAO, ajoutant que « la paix est une condition préalable à la sécurité alimentaire ».

Distribution de nourriture en Haïti alors que le pays est confronté à des niveaux de famine sans précédent.

Le sort des déplacés piégés par la violence et la faim

Le rapport montre qu’au Soudan, des centaines de milliers de personnes déplacées continueront d’être confrontées à la famine, notamment dans les camps de déplacés de Zam Zam, au nord du Darfour.

Dans la bande de Gaza, la recrudescence des hostilités récentes fait craindre que le scénario catastrophe de la famine ne se concrétise, selon le rapport. Environ 40% de la population, soit 876.000 personnes, seront confrontées à des niveaux de famine d’urgence, niveau 4, de novembre à fin avril, tandis que près de 15%, soit 345.000 personnes, connaîtront des niveaux catastrophe, selon le rapport.

Dans les Caraïbes, la violence armée conjuguée à une crise économique persistante et aux ouragans, risque d’aggraver des niveaux de faim déjà critiques à Haïti. Entre août 2024 et février 2025, 2 millions de personnes (18% de la population analysée) devraient être confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë d’urgence (phase 4 de l’IPC), et 6.000 personnes à des conditions catastrophiques (phase 5).

Au Soudan du Sud, le nombre de personnes confrontées à la famine et à la mort devrait déjà avoir presque doublé au cours des quatre mois compris entre avril et juillet 2024 par rapport à la même période de 2023.

Inquiétudes au Mali

Au Sahel, l’escalade du conflit au Mali risque d’aggraver des niveaux déjà critiques avec les groupes armés imposant des barrages sur les routes et empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire.

Suite au retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) fin 2023, le conflit s’est intensifié, avec une augmentation marquée du nombre de morts. Les blocages permanents des groupes armés non étatiques et les contraintes qui pèsent sur les opérations humanitaires continueront d’avoir un impact sur la sécurité alimentaire, notamment à Ménaka, mais aussi à Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal.

Dans tous ces cinq pays au « niveau d’alerte le plus élevé », des interventions humanitaires urgentes et ciblées sont nécessaires pour éviter que la famine et la mort ne s’aggravent dans ces régions à haut risque.

Au total, 22 pays/territoires sont classés comme « points chauds de la faim », où des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë devraient encore se détériorer en raison de la combinaison des conflits, de l’instabilité économique et des chocs climatiques au cours de la période considérée. 

En l’absence d’une intervention immédiate, notamment d’un financement accru de l’aide alimentaire et des moyens de subsistance, des centaines de milliers de personnes supplémentaires devraient être confrontées à la famine dans les mois à venir.

© UNICEF/Dar al Mussawir/Ramzi Haidar

Les membres d’une famille ayant fui leur maison au Liban se reposent sous un arbre.

Situation préoccupante au Liban, Tchad, Nigéria ou Syrie

Outre ces cinq pays classé au « niveau d’alerte le plus élevé », le Tchad, le Liban, le Myanmar, le Mozambique, le Nigéria, la République arabe syrienne et le Yémen sont des points chauds très préoccupants, avec un grand nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et critique, associée à des facteurs de dégradation qui devraient encore intensifier les conditions de vie dans les mois à venir.

Depuis l’édition précédente du rapport sur les points chauds de la faim (juin 2024), le Kenya, le Lesotho, la Namibie et le Niger ont rejoint la liste des points chauds de la faim, aux côtés du Burkina Faso, de l’Éthiopie, du Malawi, de la Somalie, de la Zambie et du Zimbabwe, où l’insécurité alimentaire aiguë est susceptible de se détériorer davantage au cours de la période considérée.

« Il est temps que les dirigeants du monde s’engagent et travaillent avec nous pour atteindre les millions de personnes qui risquent de mourir de faim – en apportant des solutions diplomatiques aux conflits, en usant de leur influence pour permettre aux humanitaires de travailler en toute sécurité, et en mobilisant les ressources et les partenariats nécessaires pour stopper la faim dans le monde », a fait valoir Cindy McCain, la cheffe du PAM.

Impacts prévus de La Niña sur la sécurité alimentaire

Par ailleurs, les effets du phénomène climatique La Niña, qui devrait avoir un impact sur les climats mondiaux de novembre 2024 à mars 2025, devraient encore exacerber certaines crises alimentaires. Alors que certaines régions pourraient bénéficier de meilleures conditions agricoles, La Niña est susceptible de provoquer des inondations dévastatrices dans des pays tels que le Nigéria et le Soudan du Sud, tout en contribuant potentiellement à des conditions de sécheresse en Somalie, au Kenya et en Éthiopie.

Ces phénomènes météorologiques extrêmes menacent des systèmes alimentaires déjà fragiles et exposent des millions de personnes au risque de famine.

Le rapport souligne qu’une action rapide et ciblée est essentielle pour empêcher une nouvelle détérioration de la crise et éviter une mortalité massive liée à la faim. 

La FAO et le PAM exhortent les dirigeants mondiaux à donner la priorité à la résolution des conflits, au soutien économique et aux mesures d’adaptation au climat afin de protéger les populations les plus vulnérables du risque de famine.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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