Selon le Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU pour le Myanmar, si toutes les ethnies de l’État de Rakhine ont souffert, la population rohingya qui y est restée se trouve dans une situation particulièrement précaire.
Les populations Rohingyas sont ainsi prises en étau entre l’armée du Myanmar et les rebelles de l’Arakan. « Elles ont été directement pris pour cible et des milliers d’entre eux ont été déplacés de force », a fustigé le Chef du Mécanisme, Nicholas Koumjian, relevant que les enquêteurs onusiens examinent activement « les horribles rapports faisant état de meurtres, de tortures, de viols et d’incendies de villages ».
A l’occasion d’un dialogue interactif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation au Myanmar, il s’est dit particulièrement « choqué » par une vidéo qui a circulé le mois dernier et qui montrait les conséquences d’une attaque de drones contre des Rohingyas qui tentaient de fuir le Myanmar. « Des dizaines de corps, principalement des femmes et des enfants, étaient éparpillés à côté de bagages au bord d’une rivière ».
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Les victimes étaient manifestement des civils.
« Je ne peux imaginer que l’on puisse croire que cette attaque avait un but militaire. Nous suivrons les preuves partout où elles nous mèneront et nous ferons tout notre possible pour que les responsables de cette attaque, quelle que soit leur appartenance ethnique ou politique, soient amenés à rendre des comptes », a-t-il affirmé.
Au cours de l’année écoulée, le mécanisme a recueilli des preuves de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité de plus en plus fréquents et brutaux, commis par de nombreuses parties aux conflits en cours. Dans de nombreux cas, les civils ne sont pas seulement des « dommages collatéraux », mais plutôt la cible d’attaques qui semblent destinées à créer la terreur.
Les attaques aériennes de l’armée du Myanmar se sont intensifiées dans tout le pays. Des avions ont bombardé une fête de mariage et des monastères dans la région de Sagaing, un camp de personnes déplacées dans l’État de Kachin et des écoles dans les États de Kayah, Kayin et Chin.
« La semaine dernière encore, des frappes aériennes près d’un marché de nuit dans le nord de l’État de Shan auraient tué une douzaine de personnes, dont une femme enceinte et deux enfants », a dit M. Koumjian.
Plus d’un million d’éléments de preuve
Le Mécanisme a recueilli de nombreux rapports et témoignages concernant des crimes commis à l’encontre des milliers de personnes actuellement détenues, notamment des actes de torture et des agressions sexuelles. Les victimes et les témoins ont raconté avoir été battus, avoir reçu des décharges électriques, avoir été étranglés et avoir été torturés en arrachant les ongles avec des pinces.
« Il est prouvé que des mineurs et d’autres victimes de tous sexes ont été soumis à des viols collectifs, à des brûlures sur les parties sexuelles du corps et à d’autres crimes sexuels et sexistes violents ».
Selon les enquêteurs indépendants onusiens, ce qui se passe aujourd’hui dans l’État de Rakhine et dans tout ce pays de l’Asie du Sud-Est est le résultat de « décennies d’impunité ».
« Lorsque des crimes restent impunis, cela ne fait qu’alimenter d’autres comportements criminels », a fait valoir M. Koumjian.
Pour lutter contre cette impunité, le Mécanisme a ainsi accéléré le partage de ses preuves et de ses analyses avec les autorités qui mènent des procédures concernant les crimes contre les Rohingyas à la Cour pénale internationale (CPI), à la Cour internationale de justice (CIJ) et en Argentine.
« À ce jour, nous avons partagé plus de 80 paquets contenant plus d’un million d’éléments de preuve », a détaillé le Chef du Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU pour le Myanmar.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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