Venu informer le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de l’escalade de la crise au Myanmar, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation dans ce pays d’Asie du Sud-Est a indiqué que la junte militaire au pouvoir faisait face à une résistance farouche de la part du peuple du Myanmar.
« Selon des rapports crédibles, elle contrôle aujourd’hui moins d’un tiers des municipalités du pays et a perdu des dizaines de milliers de soldats qui ont fait défection, se sont rendus ou ont été tués », a déclaré Tom Andrews.
Face à ces pertes, la junte a réagi en instituant un programme de conscription militaire qui consiste notamment à enlever des jeunes hommes dans la rue ou à leur domicile au milieu de la nuit.
Des camps de déplacés et des hôpitaux bombardés
La junte intensifie également ses attaques contre les civils. Des avions militaires ont bombardé des hôpitaux, des écoles, des magasins de thé, des installations religieuses, des festivals et des camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays, où ceux qui avaient tout perdu s’étaient réfugiés pour se mettre à l’abri.
« J’ai parlé avec des familles qui ont vécu l’horreur indicible de voir leurs enfants tués lors de ces attaques », a affirmé M. Andrews.
En outre, les forces de la junte sont accusées par l’expert d’avoir commis des viols et d’autres formes de violence sexuelle à grande échelle.
Le nombre de victimes civiles des mines terrestres est en constante augmentation. Le nombre de personnes tuées ou blessées par des mines terrestres est aujourd’hui plus élevé au Myanmar que dans n’importe quel autre pays du monde.
« Le Myanmar se trouve à un moment charnière : Les États membres des Nations unies ont apporté un soutien essentiel au peuple du Myanmar, notamment en refusant à une junte militaire brutale les moyens de l’attaquer. Ces actions ont véritablement fait la différence », a fait valoir l’expert onusien.
Une famille traverse l’État de Kayah, dans le sud-est du Myanmar, pour se mettre en sécurité en traversant la frontière thaïlandaise. (archive)
Recul des achats militaires via le système financier international
À cet égard, il a détaillé les mesures prises par certains gouvernements pour limiter les transferts d’armes vers le Myanmar. Certains ont imposé des sanctions ciblées aux personnes impliquées et, dans certains cas, l’ont fait en coordination avec d’autres États membres.
Les banques ont renforcé leur vigilance, notamment en mettant fin à leurs relations avec les institutions contrôlées par la junte. « Il y a trois semaines, la Bangkok Bank m’a informé qu’elle ne faciliterait plus les transferts impliquant la Myanmar Economic Bank, la principale institution financière contrôlée par la junte qui lui permet d’acquérir des armes et du matériel militaire », a indiqué M. Andrews, saluant cette « avancée importante ».
De sorte que, l’année dernière, les achats militaires de la junte auprès de fournisseurs de Singapour ont chuté de 90 %. Globalement, ces achats via le système financier international ont diminué de plus d’un tiers.
Les « conséquences désastreuses » du gel de l’aide américaine
En attendant, « plus de 6.400 civils ont été tués » au cours de ce conflit meurtrier, qui a également provoqué une crise humanitaire. Plus de 3,5 millions de personnes ont été déplacées, dont 40 % sont des enfants.
Près de 20 millions de personnes – un tiers de la population du Myanmar – ont besoin d’une aide humanitaire, dont 6,3 millions d’enfants.
« Alors que de nombreux habitants du Myanmar se demandaient si la situation pouvait encore empirer, elle est en train de se dégrader considérablement. Et cette fois, ce n’est pas à cause de la junte militaire, mais à cause des décisions prises par ceux qui s’étaient engagés à les soutenir en ces temps difficiles », prévient l’exprt.
M. Andrews a ainsi regretté le « retrait soudain et chaotique du soutien des États membres, principalement du gouvernement des États-Unis », qui a déjà des conséquences selon luu désastreuses.
Une façon de rappeler que ce chaos a un coût important, « un coût qui ne sera pas seulement supporté par le peuple du Myanmar, mais aussi par la région et au-delà ».
Pour l’expert, la détérioration des conditions au Myanmar et dans les camps de réfugiés déstabilisera les régions frontalières et augmentera le flux de personnes traversant la frontière.
« Les prestataires de services médicaux craignent de plus en plus que la tuberculose résistante aux médicaments, pour laquelle le Myanmar est devenu un point chaud mondial, ne se propage aux pays voisins », a-t-il souligné.
NOTE :
Les Rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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