Nord Gaza : le dernier hôpital de la zone en situation très précaire

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle, vendredi, à une action immédiate pour rendre les routes praticables et faciliter l’accès à l’hôpital Al-Awda, dans le nord de l’enclave, afin qu’il puisse rester opérationnel.

L’OMS indique qu’elle s’efforce d’accéder à l’hôpital pour le réapprovisionner. L’agence cherche également à évaluer la situation à l’hôpital Kamal Adwan, qui n’est quant à lui pas en état de fonctionner. 

« Cependant, les routes endommagées et les facilités insuffisantes ont rendu impossible un accès sûr », souligne l’agence onusienne sur le réseau social X.

L’hôpital Al-Awda est privé des médicaments et du carburant nécessaires à son fonctionnement. « Actuellement, 38 patients reçoivent des soins dans différents services, malgré des circonstances extrêmement difficiles, une pénurie de médicaments, de fournitures médicales, de carburant et de nourriture », déclare sur X, le Dr Mohammed Salha, Directeur de l’hôpital Al-Awda. « Nous continuons à fournir des services dans des conditions très difficiles ».

Un accès extrêmement limité

Cette dernière alerte de l’OMS intervient alors que sévit, au Nord de Gaza, une grave pénurie d’antibiotiques, de médicaments pour le traitement de la douleur et des maladies non transmissibles (MNT), de fournitures pour l’hémodialyse et l’orthopédie, de préparations pédiatriques, de fournitures pour l’unité de soins intensifs (USI) et de réactifs de laboratoire.

Pour sa part, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) prévient que le manque de carburant pour alimenter les générateurs contribue également à la paralysie du système de santé de Gaza, mettant en danger la vie des patients. Malgré les difficultés persistantes, l’OCHA rapporte que les Nations Unies et ses partenaires humanitaires s’efforcent d’apporter une aide cruciale aux habitants de l’enclave.

Dans toute la bande de Gaza, entre le 22 décembre 2024 et le 8 janvier 2025, les partenaires affirment qu’environ 560.000 personnes ont reçu des services de soins de santé primaires et secondaires.

Pendant ce temps, les attaques et les hostilités en cours dans le gouvernorat du nord de Gaza ont gravement perturbé les services de santé pour les survivants qui y sont restés. L’accès à l’hôpital Al-Awda à Jabalya – le seul hôpital du gouvernorat de Gaza Nord qui fonctionne encore partiellement – est extrêmement limité.

Seuls 10 convois sur 21 autorités hier

Selon l’OCHA, les autorités israéliennes continuent de refuser les efforts menés par l’ONU, pas plus tard qu’aujourd’hui, pour atteindre le gouvernorat du nord de Gaza.

La veille, dans toute la bande de Gaza, seuls 10 des 21 convois prévus par l’ONU ont été facilités par les autorités israéliennes. Sur les 11 restants, sept ont été refusés d’emblée, trois ont été bloqués et un a été annulé en raison de problèmes de sécurité et de logistique, d’après un décompte effectué ce vendredi.

Alors que l’hiver se poursuit, les partenaires humanitaires s’efforcent d’acheter et de distribuer des vêtements chauds aux enfants les plus vulnérables, notamment aux nouveau-nés hospitalisés, aux enfants handicapés et à ceux qui ont perdu leurs parents.

Toutefois, les efforts d’intensification ont été gravement entravés par des retards dans l’obtention des approbations des autorités israéliennes, des procédures complexes et des processus de dédouanement, ainsi que par le pillage armé des fournitures.

Poursuite des violences en Cisjordanie

Parallèlement, l’OCHA rapporte qu’au cours de la première semaine de 2025, les forces israéliennes ont tué trois Palestiniens, dont un enfant, et en ont blessé 38 autres en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

Par ailleurs, des Palestiniens armés ont abattu trois colons israéliens et en ont blessé huit autres près de Qalqiliya.

L’OCHA rapporte également qu’au cours de la première semaine de cette année, des colons israéliens ont blessé 18 Palestiniens en Cisjordanie, dont neuf dans le gouvernorat de Ramallah. Entre-temps, plus de 50 Palestiniens en Cisjordanie ont été déplacés par des démolitions de maisons, la majorité à Silwan, à Jérusalem-Est.

Accès restreint au camp de Jénine

Dans le camp de réfugiés de Jénine, les forces palestiniennes se heurtent à des Palestiniens armés depuis plus d’un mois. OCHA rapporte que depuis le début de l’opération, l’accès au camp a été fortement restreint.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime qu’environ 3.400 personnes vivent encore dans le camp de Jénine, dans des conditions désastreuses, et que plus de 2.000 familles ont été déplacées vers la ville de Jénine.

L’OCHA annonce avoir mobilisé des partenaires pour répondre aux besoins des familles touchées, à l’intérieur comme à l’extérieur du camp.