Invité du point de presse quotidien de l’ONU, à New York, le Coordinateur humanitaire de l’Organisation en RDC, Bruno Lemarquis, a rappelé que l’est du pays était actuellement en proie à une escalade des affrontements armés, des déplacements massifs et une insécurité croissante dans les deux provinces du Nord- et Sud-Kivu.
Dans ce contexte, le responsable s’est dit très préoccupé par la décision du nouveau Président américain Donald Trump, le 20 janvier, de suspendre tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis pour une durée de trois mois, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence et de l’assistance militaire à destination d’Israël et de l’Egypte.
« Nous sommes le pays le plus dépendant de l’aide américaine », a déclaré M. Lemarquis, qui s’exprimait par visioconférence depuis Kinshasa, la capitale congolaise.
En 2024, le pays a en effet été l’un des premiers bénéficiaires au monde de l’aide octroyée par Washington, qui y finance 70% des opérations humanitaires.
Conséquence directe, M. Lemarquis a indiqué que les opérations de plusieurs agences de l’ONU et ONG internationales sur le terrain étaient « gravement affectées, voire interrompues ».
Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, s’adresse à des journalistes au camp de Bulengo, au Nord-Kivu.
Une situation sécuritaire volatile
Le Coordinateur humanitaire a par ailleurs rappelé que, depuis le début de mois de janvier, les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), avec l’aide des forces armées rwandaises, réalisent « une percée sans précédent » au Sud- et au Nord-Kivu, dont la capitale, Goma, est tombée entre les mains du groupe armé, le 27 janvier dernier.
Selon lui, la prise de Goma s’est accompagnée de combats intenses à l’intérieur de la métropole, qui ont causé la mort d’au moins 2.900 personnes et fait de nombreux blessés.
Parallèlement, la situation sécuritaire au Sud-Kivu ne cesse de se détériorer, a-t-il poursuivi, alors que le M23 et les forces rwandaises continuent d’avancer en direction de Kavumu, le principal aéroport de la province, qui dessert notamment sa capitale, Bukavu.
Selon M. Lemarquis, les affrontements se poursuivaient encore mercredi, cependant que des informations circulent concernant le recours possible du M23 à des routes alternatives pour atteindre Bukavu dans les prochains jours, ce qui aurait des « conséquences massives » pour les 1,3 million d’habitants de la ville.
Légère amélioration à Goma
À Goma, le haut responsable de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) a indiqué que la situation demeurait tendue, en raison de l’occupation de la ville par le M23.
Toutefois, il a noté une amélioration de la situation sécuritaire dans plusieurs zones de la ville.
Dans le contexte actuel de prolifération des armes légères au sein de Goma, M. Lemarquis a malgré tout fait état de rapports concernant des pillages de tribunaux et le recours par certains habitants à la justice populaire.
Il a également signalé que plusieurs défenseurs des droits humains spécialisés dans les violences sexuelles et de genre, ainsi que des journalistes, feraient l’objet de menaces persistantes et seraient victimes de disparitions forcées et d’exécutions sommaires.
Une équipe d’intervention rapide contre le choléra soutenue par l’UNICEF ajoute du chlore à l’eau collectée dans un réservoir à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en RDC.
Une situation humanitaire préoccupante
M. Lemarquis a indiqué qu’une grande partie de la population de Goma est confrontée à une situation humanitaire difficile.
Selon lui, les services essentiels de la ville ne sont pas pleinement opérationnels, notamment l’eau et l’électricité, ce qui a conduit de nombreuses personnes à consommer directement l’eau du lac Kivu, au risque de contracter des maladies. Cependant, il a noté que des travaux sont en cours pour rétablir l’électricité et l’approvisionnement en eau dans les prochains jours.
Les écoles ont également rouvert leurs portes, le 10 février, après une suspension de deux semaines, a-t-il ajouté, tout en précisant que de nombreux enseignants sont dans l’incertitude concernant leur statut sous le contrôle du M23.
Quant aux hôpitaux de Goma, M. Lemarquis a rapporté qu’ils étaient toujours débordés.
« Les morgues sont saturées et il y a une pénurie de médicaments et de fournitures médicales », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, le Coordinateur humanitaire s’est inquiété des risques élevés liés à la propagation d’épidémies dans la ville, en particulier le choléra et le mpox (variole simienne).
Face à l’augmentation des prix de la nourriture, il a ajouté que de plus en plus de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire pour survivre.
Une réponse humanitaire difficile
Alors que la situation sécuritaire se stabilise, notamment à Goma, M. Lemarquis a déclaré que l’ONU procédait au redéploiement de certains personnels humanitaires clés, qui avaient été évacués ou relocalisés au cours des deux dernières semaines.
« Nous sommes cependant confrontés à un certain nombre de défis majeurs », a-t-il nuancé.
Outre le gel de l’aide américaine, le responsable a signalé que de nombreuses installations des Nations Unies et des ONG avaient été pillées au plus fort des combats à Goma.
« Des millions de dollars d’aide ont été perdus, aide dont nous aurions bien besoin à l’heure actuelle », a-t-il déploré.
Le Coordinateur humanitaire a en outre mis l’accent sur les difficultés rencontrées par l’ONU pour acheminer de l’aide à Goma.
« L’aéroport de la ville, notre principale ressource humanitaire, reste fermé et non opérationnel pour un certain nombre de raisons », a-t-il déclaré.
Sans cet aéroport, a-t-il dit, les équipes sur place sont dans l’incapacité d’évacuer les blessés graves, de transporter le matériel médical nécessaire ou de faire venir des renforts humanitaires.
« Toutes les parties belligérantes doivent œuvrer ensemble à la réouverture de l’aéroport et permettre la reprise des vols humanitaires », a insisté le responsable.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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