Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), la crise des droits humains dans l’est de la RDC continue de s’aggraver. Cette alerte intervient alors que les hostilités entre les forces armées congolaises et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, s’étendent vers le Sud-Kivu après la prise de Goma par le M23.

Depuis le début de la crise, des bombes ont frappé au moins deux sites de personnes déplacées, faisant des victimes civiles. « Nous avons également documenté des exécutions sommaires d’au moins 12 personnes par le M23 entre le 26 et le 28 janvier », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Jeremy Laurence, porte-parole du HCDH.

Sur le terrain, les agences humanitaires ont également constaté un afflux de blessés qui cause « une saturation des capacités d’accueil au niveau des hôpitaux dans la ville de Goma et de Bukavu ».

Des demandes urgentes de protection de la part de civils

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2.000 blessés ont été enregistrés dont 45 aux établissements de soins et 315 dans les rues de la ville de Goma selon la protection civile congolaise.

Des rapports indiquent que le M23 a progressé plus au sud vers Bukavu. Coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, Goma, principale ville de l’est de la RDC, est tombée ces derniers jours aux mains du M23 après une offensive de plusieurs semaines.

Des rapports de la presse indiquent que le groupe rebelle tente désormais de progresser dans la province voisine du Sud-Kivu, vers la cité minière de Nyabibwe, à une centaine de kilomètres de Bukavu. Selon les observateurs, Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, pourrait à son tour être menacée.

En attendant, le HCDH continue de recevoir « des demandes urgentes de protection de la part de civils ». « Nous travaillons avec nos collègues de l’ONU et d’autres partenaires pour assurer leur sécurité », a précisé M. Laurence.

Dans d’autres zones contrôlées par le M23 dans le Sud-Kivu, comme Minova, le M23 a occupé des écoles et des hôpitaux, a forcé les personnes déplacées à quitter les camps et a soumis la population civile à la conscription forcée et au travail forcé.

Une cinquantaine de femmes violées par les FARDC dans le Sud-Kivu

Par ailleurs, les services du Haut-Commissaire Türk indiquent également avoir documenté « des cas de violences sexuelles liées au conflit, commises par des éléments des Forces armées congolaises (FARDC) et les combattants alliés du Wazalendo dans le territoire de Kalehe ».

« Nous sommes en train de vérifier des rapports selon lesquels 52 femmes ont été violées par les troupes congolaises dans le Sud-Kivu, y compris des rapports allégués de viols collectifs », a fait valoir le porte-parole du HCDH.

En outre, les autorités congolaises signalent qu’au moins 165 femmes ont été violées par des détenus masculins lors de l’évasion de plus de 4.000 détenus de la prison de Muzenze, à Goma, le 27 janvier, alors que le M23 commençait son assaut sur la ville.

La violence sexuelle liée aux conflits est une caractéristique effroyable des conflits armés dans l’est de la RDC depuis des décennies. « Le Haut-Commissaire Volker Türk est particulièrement préoccupé par le fait que cette dernière escalade risque d’aggraver encore le risque de violence sexuelle liée au conflit », a affirmé M. Laurence, relevant que « la prolifération généralisée des armes à Goma exacerbe les risques déjà importants de violations et d’abus graves ».

Le Haut-Commissaire appelle à la fin des violences et demande à toutes les parties de respecter leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  « Il est essentiel que des enquêtes soient menées sur les violations commises, afin de traduire les auteurs en justice et de garantir une responsabilité globale », insiste le porte-parole du HCDH.

Des femmes exposées au risque de violence sexuelle

Le Bureau en RDC de l’Agence des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA) fait aussi état d’une augmentation des cas de viols et de violences sexistes. « Les rapports de plus en plus nombreux de viols dans les zones de conflit sont alarmants, alors que l’accès humanitaire reste dangereusement limité », alerte l’agence onusienne.

Les principaux couloirs d’approvisionnement humanitaire étant bloqués et l’accès aux soins de santé sévèrement limité, les besoins des femmes et des jeunes filles augmentent à un rythme alarmant. Elles subissent de plein fouet les effets de la dévastation et sont confrontées à des risques accrus de violences sexuelles et sexistes, de grossesses non désirées et de perte de services de santé essentiels.

« Plus de 2.000 femmes sont exposées à un risque accru de violence sexuelle et de transmission d’IST/VIH en raison de leur vulnérabilité ».

En outre, l’UNFPA estime à environ 20.000 le nombre de femmes enceintes, dont 15 % risquent des complications graves. Selon l’agence onusienne, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est sérieusement affecté par l’aggravation de la situation sécuritaire, le manque de fournitures et d’accès aux points de prestation de services par les prestataires de services, notamment les sage-femmes en première ligne dans les Kivu.

Des personnes déplacées dans le camp de Lushagara à Goma, dans la province du Nord-Kivu.

Des milliers de déplacés ont trouvé refuge à Bukavu

Plus largement, l’offensive du M23 au Nord-Kivu a gravement restreint l’accès à Goma. Depuis le dimanche 26 janvier, l’aéroport de Goma est fermé et les principales routes, notamment la RN2, sont coupées.

De plus, la frontière avec la ville rwandaise de Gisenyi est devenue inaccessible depuis le 28 janvier, isolant davantage Goma. Cette situation entrave l’acheminement de l’aide humanitaire et complique les déplacements des populations en quête de sécurité.

Au Sud-Kivu, les voies d’accès à Minova sont impraticables depuis le 18 janvier dernier, en raison de l’insécurité sur plusieurs axes stratégiques. Cette situation a conduit au déplacement de plus de la moitié de la population vers le territoire de Kalehe. Environ 178.000 déplacés ont trouvé refuge à Kalehe, Idjwi, et Bukavu.

Par ailleurs, l’escalade des hostilités dans le Nord et le Sud-Kivu a entraîné le déplacement interne de près de 45.00 personnes vers des sites de déplacés internes dans et autour de Goma entre le 6 et le 25 janvier. L’Organisation internationale des migrations (OIM) estime que près de 700.000 personnes ont été nouvellement déplacées dans ces deux provinces orientales congolaises.

Peu de réfugiés signalés dans les pays voisins

Pour l’instant, peu de Congolais ont franchi les frontières internationales. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) fait état de 600 arrivées au Rwanda voisin au cours des derniers jours.

Les arrivées quotidiennes en Ouganda restent dans la fourchette habituelle, avec une moyenne de 150 personnes par jour. Au Burundi voisin, les arrivées quotidiennes restent dans la fourchette normale de 50-60 par jour.

Avant les récents développements, la République démocratique du Congo était confrontée à l’une des plus importantes crises de déplacement en Afrique, avec 6,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont 4,6 millions dans le Sud et le Nord-Kivu.

La RDC accueille également plus de 520.000 réfugiés et demandeurs d’asile des pays voisins, tandis que 1,1 million de réfugiés congolais ont été accueillis dans les pays voisins de la région, dont plus de la moitié en Ouganda.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.