« La ligne de front se rapproche de l’aéroport de Kavumu », a rapporté depuis Kinshasa le Coordinateur humanitaire des Nations Unies en RDC, Bruno Lemarquis, dans un entretien vidéo avec ONU Info.
Après Goma, la capitale du Nord-Kivu, tombée entre les mains des rebelles du M23 à la fin du mois de janvier, le groupe armé, soutenu par les forces rwandaises, gagne à nouveau du terrain en direction de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, dans l’est du pays.
« Kalehe, qui est une ville importante au Sud-Kivu, est tombée en milieu de journée », a notamment indiqué M. Lemarquis.
Cette ville est située à une trentaine de kilomètres à peine de Kavumu, où se trouve le principal aéroport de la province.
M. Lemarquis a signalé que cet aéroport commercial, lui-même situé à une trentaine de kilomètres de Bukavu, est désormais pour l’essentiel réservé aux opérations militaires des forces armées régulières de la RDC.
« Jusqu’à il y a peu de temps, c’était vraiment notre ligne de vie principale pour amener du personnel [humanitaire] au Sud-Kivu », a-t-il indiqué, à l’instar de l’aéroport de Goma, désormais non-opérationnel, qui était la ligne de vie humanitaire des opérations humanitaires dans le Nord-Kivu.
Une situation historiquement préoccupante
Avant l’offensive du M23, en debut d’année, M. Lemarquis a rappelé que la situation humanitaire dans le Sud-Kivu était déjà préoccupante.
La province comptait en effet 1.65 million de personnes déplacées, soit un peu plus de 20 % de la population, pour des raisons diverses.
« Il y a d’autres conflits dans la province, des tensions communautaires, des tensions liées au foncier », a-t-il expliqué.
Le Sud-Kivu est également une province sujette aux désastres, notamment aux glissements de terrain au bord du lac Kivu, qui sont responsables de nombreux déplacements.
« Il y avait donc une grosse opération humanitaire au Sud-Kivu », a résumé le Coordinateur humanitaire.
C’est dans ce contexte difficile qu’il faut comprendre la percée récente du M23, dont il s’agit de la première incursion au Sud-Kivu depuis le retrait de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) de la province, en juin 2024.
« Ça ne va faire que rajouter de la complexité et des besoins », a-t-il estimé.
170.000 nouveaux déplacements
M. Lemarquis a estimé que les affrontements depuis le début de l’année dans la province avaient causé le déplacement de 170.000 nouvelles personnes.
Avec l’avancée des combats, il a en outré noté un afflux de populations vers la capitale régionale, où résident près de 1.3 millions de personnes.
« On peut imaginer qu’en fonction de l’évolution de la situation, dans les prochains jours, il y aura encore plus d’afflux de populations vers la ville de Bukavu, puis hors de la ville de Bukavu, vers le sud », a anticipé le Coordinateur humanitaire.
Un tel scénario se traduirait selon lui par un accès plus difficile encore aux services de santé et aux services sociaux de base, notamment pour les plus vulnérables.
Risques d’épidémies
M. Lemarquis s’est également inquiété des risques d’épidémie accrus liés à la poursuite de l’offensive du M23 au Sud Kivu, une province où le choléra est endémique.
« Quand le fonctionnement des services est altéré, cela peut avoir des incidences en termes d’épidémie », a-t-il expliqué.
C’est d’autant plus préoccupant, a ajouté M. Lemarquis, que la province est l’épicentre, au niveau mondial, d’une nouvelle variante du mpox (variole simienne), dite clade Ib, notamment dans le territoire qui entoure la ville de Kalehe, tombée aujourd’hui sous le contrôle du M23.
Un accès humanitaire coupé vers le sud
Fait positif, le Coordinateur humanitaire a indiqué que la route sur l’axe allant de Goma vers Minova, la première ville du Sud-Kivu conquise par le M23, à la mi-janvier, était de nouveau accessible.
« Il y a eu quelques jours assez difficiles pour les collègues humanitaires du fait des combats », a-t-il reconnu. « Mais maintenant l’accès a été rouvert ».
Plus au sud dans la province, en revanche, l’accès humanitaire est coupé.
« Depuis un bon moment, la route entre Goma et Bukavu n’est plus accessible », a précisé M. Lemarquis.
L’accès fluvial par le lac Kivu, qui borde la province et relie Goma, au nord, à Bukavu, au sud, a lui aussi été interrompu.
« Les routes alternatives ne sont pas nombreuses, l’aéroport étant la principale voie d’accès », a-t-il reconnu.
Le Coordinateur humanitaire a également mentionné la possibilité d’acheminer de l’aide via le Rwanda voisin, une solution qui n’est pas sans présenter certaines difficultés.
« C’est une situation délicate », a-t-il souligné.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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