Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, à New York, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la RCA, Valentine Rugwabiza, a condamné l’incident dont a été victime, en début de semaine dernière, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du pays (MINUSCA).

Mme Rugwabiza, qui est également la cheffe de la MINUSCA, a appelé les autorités centrafricaines à mener une enquête approfondie et à traduire les responsables en justice.

La Représentante spéciale a rappelé combien la RCA, à la frontière du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo (RDC) – deux nations ravagées par la guerre – est elle-même un foyer de conflits, en raison de son importance stratégique, mais également de tensions intercommunautaires et troubles civils en son sein.

Un passé trouble

Depuis 2012, la RCA est en proie à un conflit entre la milice anti-Balaka à majorité chrétienne et la coalition rebelle Séléka à majorité musulmane, qui a fait des milliers de morts et de nombreux blessés.

Des groupes armés se sont emparés de la capitale Bangui en 2013, contraignant le Président du pays à l’époque, François Bozizé, à prendre la fuite. 

Suite à une brève période d’accalmie, en 2015, marquée par l’organisation d’élections générales l’année suivante, les combats se sont à nouveau intensifiés.

Des pourparlers de paix ont débuté en 2019 sous les auspices de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA, dirigée par l’Union africaine (UA) avec le soutien de l’ONU. Un accord a été conclu la même année à Khartoum, puis formellement signé à Bangui.

Élections : opportunités ou risques ?

Alors que des élections locales, législatives et présidentielles sont prévues en 2025 en RCA, Mme Rugwabiza a noté qu’un cycle électoral « sûr, transparent et inclusif » pourrait contribuer à résoudre les causes profondes du conflit.

Selon elle, des progrès ont déjà été enregistrés dans les préparatifs, notamment l’élaboration des listes électorales menées avec succès dans 11 des 20 préfectures du pays.

La MINUSCA a soutenu le processus, en veillant à ce que 98 % des centres d’inscription soient opérationnels pour permettre à plus de 570.000 nouveaux électeurs de s’inscrire.

Cependant, la cheffe de la mission a reconnu que la persistance de problèmes, alors que 58 centres d’inscription des électeurs demeurent fermés pour des questions de sécurité.

Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine et chef de la MINUSCA, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays.

Une situation instable

Malgré certaines améliorations, Mme Rugwabiza a indiqué que l’instabilité persiste en RCA, notamment dans les zones frontalières où des groupes armés exploitent des sites miniers et des couloirs de transhumance.

Elle a également noté que la guerre civile en cours au Soudan complique encore davantage la situation et rend nécessaire un renforcement de la coopération transfrontalière.

A ce titre, la Représentante spéciale a salué l’inauguration récente du premier poste frontière multiservices de la RCA à Bembéré, construit avec l’appui de la MINUSCA, une étape selon elle importante dans les efforts de sécurité aux frontières.

Les défis du processus de paix

Six ans après la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, neuf des 14 groupes armés signataires se sont dissous, a par ailleurs indiqué Mme Rugwabiza. 

Cependant, certaines factions restent actives et sapent les efforts de paix.

« Il est urgent de renforcer la mobilisation politique, notamment de la part des garants, à savoir l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, pour faciliter le retour des chefs de ces groupes armés et leur désarmement ultérieur à long terme », a souligné Mme Rugwabiza.

En outre, elle a appelé les autorités centrafricaines à accélérer la mise en place de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR), soulignant l’importance de la justice transitionnelle et de la responsabilité des victimes.

Réforme du secteur de la sécurité

Aux yeux de la cheffe de la MINUSCA, la réforme du secteur de la sécurité reste essentielle pour la stabilisation du pays. 

Mme Rugwabiza a reconnu les progrès récents en la matière, notamment la création d’un tribunal militaire à Bouar.

Cependant, « le recrutement d’anciens membres de groupes d’autodéfense en dehors des cadres réglementaires risque d’annuler les gains en matière de sécurité », a-t-elle averti.

Le haute responsable a également signalé des violations des droits de l’homme en RCA, malgré l’adoption récente d’une loi nationale visant à protéger les défenseurs des droits humains. 

Mme Rugwabiza a ainsi appelé le gouvernement à prendre des mesures décisives contre l’impunité.

Deux amies en République centrafricaine.

Les femmes, moteur économique

Portia Deya Abazene, présidente de la Fédération des femmes entrepreneures de la RCA, a quant à elle souligné le rôle des femmes dans la relance économique du pays.

La présidente, qui s’adressait au Conseil de sécurité par visioconférence, a noté que malgré les cadres juridiques garantissant l’égalité entre hommes et femmes en RCA, ces dernières ne représentent qu’une faible minorité des propriétaires d’entreprises.

Au cours des deux dernières années, son organisation a facilité la formation de plus de 2.700 femmes qui ont reçu une éducation en leadership, en marketing numérique et en finance.

« La RCA ne pourra pas atteindre son plein potentiel tant que plus de 51 % de sa population – je parle des femmes – restera marginalisée », a-t-elle déclaré.

Soutien international

Mme Rugwabiza a souligné que « l’allocation de ressources opportunes et adéquates reste essentielle pour consolider les acquis en matière de sécurité et les traduire en améliorations concrètes dans la vie des Centrafricains ».

Alors que les élections approchent et que les menaces sécuritaires persistent, elle a jugé essentiel le rôle de la MINUSCA pour soutenir la stabilité du pays.

Cependant, Mme Rugwabiza a averti que, sans un soutien politique et financier continu, les progrès durement acquis par le pays risquent d’être réduits à néant.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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