L’interpellation, mardi, de M. Duterte à l’aéroport de Manille, puis sa remise, le jour suivant, au centre de détention de la CPI, à La Haye, ont été salué par le chef du bureau des droits humains de l’ONU, Volker Türk, qui a qualifié l’évènement d’étape « très importante » pour la justice. « C’est un pas essentiel vers la responsabilisation des auteurs et vers la reconnaissance des droits des milliers de victimes et de leurs familles », a-t-il dit dans un communiqué publié mercredi.
M. Türk a souligné que les accusations portées contre l’ex-chef d’État devaient désormais être examinées « de manière équitable et indépendante, dans le strict respect du droit ».
Accusations de crimes contre l’humanité
Selon le bureau du procureur de la CPI, Karim Khan, l’ex-président est poursuivi pour crimes contre l’humanité – en l’occurrence le meurtre – en vertu de l’article 7(1)(a) du Statut de Rome.
Ces crimes auraient été commis entre le 1ᵉʳ novembre 2011 et le 16 mars 2019, période durant laquelle M. Duterte était successivement maire de Davao, fondateur présumé du redoutable « escadron de la mort » dans cette ville importante du sud des Philippines, puis président du pays.
L’ancien homme d’État est accusé d’avoir orchestré une politique d’exécutions sommaires dans le cadre de sa lutte contre le trafic de drogue, d’abord à l’échelle locale à Davao, puis à l’échelle nationale, une fois élu à la présidence en 2016.
Un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, publié en 2020, faisait déjà état d’« allégations crédibles » de meurtres systématiques et d’une impunité presque totale pour les responsables. D’autres mécanismes onusiens, comme le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, avaient également documenté de graves violations des droits humains dans le pays sur cette période.
Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux alors qu’il était sur le point d’atterrir aux Pays-Bas pour être remis à la CPI, M. Duterte, âgé de 79 ans, a semblé assumer ses responsabilités. « Je suis celui qui a dirigé les forces de l’ordre et l’armée. J’ai dit que je vous protégerai et j’assume mes responsabilités », a-t-il déclaré.
Une coopération inattendue de Manille
L’exécution du mandat d’arrêt, délivré par la CPI le 7 mars 2025, a été rendue possible grâce à la coopération des autorités philippines. Une décision surprenante, alors que Manille avait officiellement quitté la CPI en 2019 à l’initiative de M. Duterte, toujours en exercice à l’époque, après l’ouverture préliminaire d’enquêtes sur sa politique sécuritaire.
Dans un communiqué publié mercredi, le bureau du procureur de la CPI a salué cette coopération et exprimé sa reconnaissance envers les victimes, les témoins et les militants des droits humains qui ont contribué à l’enquête. L’arrestation de M. Duterte constitue selon le bureau « une avancée cruciale dans la poursuite de la responsabilité pénale pour les crimes commis dans le cadre de la soi-disant ‘guerre contre la drogue’ ».
Pour Volker Türk, cette arrestation ouvre des perspectives nouvelles dans la lutte contre l’impunité aux Philippines. Il a ainsi exhorté le pays à réintégrer le Statut de Rome, afin d’assurer une coopération durable avec la CPI. Le haut responsable a également insisté sur la nécessité de protéger les victimes et les témoins, pour éviter toute forme de représailles.
Un procès à venir
Le bureau du procureur de la CPI a annoncé qu’il entamait désormais les préparatifs pour la première comparution de M. Duterte devant les juges de la cour. L’enquête sur la situation aux Philippines se poursuit, avec l’objectif d’établir toutes les responsabilités et d’explorer des nouvelles pistes éventuelles de coopération avec Manille.
En attendant l’ouverture du procès, cette arrestation marque une victoire symbolique pour les défenseurs des droits humains et un signal fort quant à la portée du droit international. Elle illustre aussi le rôle déterminant que continue de jouer la CPI, malgré les résistances de certains États, dans la lutte contre les crimes les plus graves.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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