Environ 120 incidents de violence sexuelle liée au conflit ont été documentés entre avril 2023 et novembre 2024, concernant au moins 203 victimes, dont 162 femmes et 36 filles, d’après cette étude publiée par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).
« L’utilisation persistante de la violence sexuelle comme arme de guerre au Soudan est profondément choquante », a déclaré le chef des droits humains de l’ONU, Volker Türk, à l’occasion de la publication du rapport.
« Les parties doivent prendre des mesures urgentes pour y mettre fin, afin que les auteurs soient tenus pour responsables et que les survivants obtiennent réparation », a-t-il ajouté.
Depuis avril 2023, le Soudan est le théâtre d’un conflit dévastateur entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, au pouvoir de facto depuis le putsch qui a secoué le pays en octobre 2021.
Forte hausse des grossesses et naissances à la suite de viols
Les signalements de violences sexuelles semblent suivre l’évolution géographique des combats, à mesure que ces derniers se propagent à travers le pays, selon l’étude, qui tend à démontrer le recours systématique à ces violences.
Toutefois, de nombreux cas ne sont pas signalés, en raison notamment de la stigmatisation des victimes, de la peur des représailles et de l’effondrement des institutions médicales et judiciaires.
Les signalements de grossesses et d’enfants nés à la suite de viols ont ainsi quintuplé par rapport à la période précédente.
Ces grossesses et naissances font suite à des viols de femmes et de filles détenues « dans des conditions proches de l’esclavage par des hommes portant l’uniforme des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et des milices arabes qui leur sont affiliées dans la région du Darfour ».
Des prestataires de services signale en outre les difficultés que rencontrent les survivantes enceintes pour obtenir des avortements sécurisés et légaux ou pour trouver des solutions d’adoption pour les enfants.
Une caravane de familles déplacées fuyant El Fasher, dans le nord du Darfour, en quête de sécurité.
Violences sexuelles contre la communauté masalit
D’une manière générale, les violences sexuelles signalées dans l’État du Darfour occidental sont souvent liées à des attaques menées par les paramilitaires des FSR contre la communauté masalit pour des raisons ethniques.
Selon le rapport, lors d’un viol documenté pendant la période couverte par le rapport, mais survenu en juin 2023, un homme portant l’uniforme des Forces de soutien rapide a dit à une femme que, cette année-là, « toutes les filles masalit mettraient au monde leurs enfants ».
Plus de la moitié des viols signalés ont pris la forme de viols collectifs − une tendance constante depuis avril 2023 − ce qui indique un usage coordonné de la violence sexuelle dans le cadre du conflit, principalement par les FSR et les milices arabes qui leur sont affiliées.
À titre d’exemple, en février 2024, cinq hommes portant l’uniforme des Forces de soutien rapide se sont relayés pour violer collectivement une femme au Darfour-Sud, en faisant valoir que l’ordre dans lequel ils s’étaient relayés avait été déterminé par leur rang, ce dont a témoigné une survivante.
Exécutions sommaires pour des motivations ethniques
Plus largement, le document détaille des attaques menées contre des zones densément peuplées, des camps de personnes déplacées, des centres de santé, des marchés et des écoles.
Il fait également état d’exécutions sommaires motivées par des considérations ethniques.
Au moins 12 journalistes ont été tués, dont deux en détention, et 31 ont été détenus arbitrairement, dont quatre femmes.
« Certains de ces actes peuvent être assimilés à des crimes de guerre », a estimé M. Türk.
« Ils doivent faire l’objet d’une enquête rapide et indépendante, en vue de traduire les responsables en justice », a-t-il ajouté.
Au total, en 2024, le rapport documente plus de 4.200 meurtres de civils dans le contexte des hostilités.
Le nombre total de victimes civiles est probablement beaucoup plus élevé, met en garde l’étude.
Les combats à El Fasher, au Soudan, et dans les environs ont forcé de nombreuses familles à fuir pour se mettre à l’abri.
Embargo sur les armes
Au nombre des incidents les plus meurtriers, le document rapporte qu’au moins 141 civils ont été tués et plus de 200 autres blessés lorsque les paramilitaires des FSR ont attaqué, le 25 octobre 2024, des villages dans l’État d’Al-Jazirah.
« Alors que les combats s’intensifient pour le contrôle de Khartoum et d’El Fasher, je reste très préoccupé par la protection des civils, en particulier ceux qui appartiennent à des groupes victimes d’une discrimination persistante », a déclaré M. Türk.
Pour limiter les abus, le chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé la communauté internationale à étendre l’embargo sur les armes et la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), actuellement limités à la région du Darfour, à l’ensemble du Soudan.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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