« Ces dernières années, nous avons été excessivement dépendants du financement américain », a reconnu M. Fletcher, dont il s’agissait de la première participation au point de presse quotidien de l’ONU, à New York, depuis sont entrée en fonctions en novembre dernier.

Alors que plus de 300 millions de personnes dans le monde ont actuellement besoin d’aide, près de la moitié des appels de fonds humanitaire lancés par l’ONU son en effet financés par le contribuable américain. 

« Nous ne devons jamais tenir cela pour acquis, surtout en cette période de difficultés économiques, à l’heure où de nombreux gouvernements se retirent du monde », a-t-il insisté.

Un secteur déjà sous pression

Mais avant même la décision de l’administration américaine, en janvier, de suspendre l’essentiel de l’aide étrangère des États-Unis pour une durée de trois mois, les travailleurs humanitaires étaient déjà débordés et sous-financés, voire même victimes d’attaques. 

L’année 2024 avait notamment été la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires. 

Dans ce contexte déjà tendu, l’arrêt de l’aide américaine a fait l’effet d’un coup de massue. 

« Le rythme et l’ampleur des coupes budgétaires auxquelles nous sommes confrontés constituent un choc sismique », a souligné M. Fletcher. « Nombreux sont ceux qui mourront parce que l’aide se tarit ». 

Sur le terrain, les programmes humanitaires sont interrompus un à un et la communauté humanitaire est en proie à des vagues de licenciement. Selon M. Fletcher, environ 10 % des personnels travaillant pour des ONGs dans le monde ont été licenciés au mois de février.

« Il ne s’agit donc pas d’un exercice », a-t-il dit.

Tom Fletcher, le chef des affaires humanitaires de l’ONU, lors de son premier point de presse quotidien, à New York.

Des choix difficiles

Pour s’adapter, les travailleurs humanitaires sont contraints de faire des choix difficiles dans l’allocation des ressources au quotidien. Concrètement, cela revient à décider « quelles vies nous devons privilégier et quelles vies nous devons tenter de sauver », explique M. Fletcher.

Selon lui, les semaines à venir seront déterminantes pour les agents humanitaires, qui seront contraints d’abandonner définitivement de nombreux programmes chers à leurs yeux. 

Étant donné l’amenuisement des ressources, ces réductions d’activités s’imposent cependant et devraient permettre de clarifier la mission du personnel. 

« Nous devons sauver autant de personnes que possible avec les fonds disponibles et non pas ceux dont nous avons disposions par le passé, ni ceux que nous souhaiterions », a-t-il expliqué. « Il ne s’agit pas de défendre des programmes, des institutions et des spreadsheets, mais de défendre les personnes que nous servons ». 

À cette fin, M. Fletcher a dit avoir demandé à chacun des coordinateurs humanitaires déployés dans les pays auxquels l’ONU vient en aide de lui adresser, d’ici vendredi, un plan détaillé sur la manière dont leurs équipes comptent adapter leurs stratégies. 

Vers une refonte du secteur humanitaire

Au-delà de ces mesures d’urgence, M. Fletcher a appelé à renouveler le secteur humanitaire.

« Nous devrons construire de nouveaux arguments, de nouveaux alliés pour notre travail. Nous devrons trouver de nouvelles sources de financement. Nous devrons riposter. Nous devrons repenser notre action », a-t-il martelé, tout en reconnaissant que la tâche ne sera pas aisée. 

Il a notamment appelé à transférer le pouvoir décisionnel vers les leaders humanitaires dans les pays en crise et les communautés partenaires de l’ONU sur le terrain. 

« Nous allons réduire une grande partie de notre travail humanitaire, certes, mais nous ne renoncerons pas à nos valeurs », a-t-il affirmé. 

M. Fletcher a ainsi appelé à mettre un terme à l’indifférence actuelle face à la détresse de nombreuses populations et à faire de nouveau valoir la solidarité internationale. 

« C’est une cause qui, à mon avis, est plus puissante que les fluctuations d’une année sur l’autre et les changements politiques », a-t-il dit.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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