L’Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, Najat Rochdi, a observé, dans un exposé devant les membres du Conseil, que le pays est frappé par le conflit régional et par les vagues croissantes de conflits à l’intérieur de ses propres frontières.

Dans ce contexte d’extrême tension, la communauté internationale doit agir pour empêcher, à tout prix, que la Syrie soit entraînée dans une conflagration plus vaste et plus dure, a-t-elle dit.

Hausse des frappes israéliennes

Mme Rochdi a constaté que les frappes aériennes israéliennes contre la Syrie continuent d’augmenter, tant en fréquence qu’en intensité.

Elle a noté que, si Israël affirme que ses frappes visent des cibles liées à l’Iran, au Hezbollah ou au Jihad islamique palestinien, l’ONU ne peut que constater « une fois de plus » que ces frappes, y compris au cœur même de Damas, font des victimes civiles.

Cette situation rend toujours aussi périlleux le passage en Syrie des civils fuyant la violence au Liban et provoque, de plus, de graves perturbations dans les importations et les exportations de biens essentiels, qui ont chuté de 40 à 50%. Les prix de l’essence et des produits de première nécessité ont augmenté de manière vertigineuse, laissant les plus vulnérables dans une situation précaire, a-t-elle encore relevé.

L’Envoyée spéciale adjointe a attiré l’attention sur la situation particulière du nord-est de la Syrie, région prise pour cible par des tirs de drones américains contre des bases militaires qui appartiendraient à l’Iran, mais aussi, après l’attentat d’Ankara du 23 octobre, par des tirs de l’aviation turque contre des positions du PKK/YPG.

Après avoir signalé une multiplication d’attaques de l’État islamique d’Iraq et du Levant/Daech dans la région du désert central, elle a jugé urgent, pour ramener la région vers un semblant de calme, l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza et au Liban et de faire respecter la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie et de tous les États de la région.

Situation politique

Concernant la situation politique en Syrie, Mme Rochdi a demandé au gouvernement de s’impliquer réellement dans les processus politiques en cours, ce qui signifie en premier lieu que la Commission constitutionnelle reprenne ses réunions, notamment avec les membres de la Commission syrienne de négociation de l’opposition.

Cela enverrait un message clair, a-t-elle dit, à savoir que le cadre du processus politique est toujours vivant et opérationnel, qu’il existe un Gouvernement syrien et une opposition dont les membres sont capables de s’asseoir autour de la table pour traiter les questions cruciales au cœur du conflit intrasyrien, mais aussi de celles relatives à la protection, à la souveraineté, à la sécurité, à l’économie, aux sanctions, aux détenus, aux disparus et aux réfugiés.

Et parce qu’il existe un fort désir de réconciliation et de paix véritables au sein des communautés syriennes, « la société civile doit avoir voix au chapitre dans ce processus », a conclu Mme Rochdi.

De nombreuses familles syriennes et libanaises ont fui le Liban vers la Syrie après l’escalade des frappes aériennes de l’armée israélienne

Afflux de réfugiés venus du Liban

De son côté, la Directrice de la Division des opérations et de la communication au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Edem Wosornu, a présenté une mise à jour sur la situation humanitaire en Syrie, abordant trois points essentiels : l’impact des conflits régionaux sur les civils, l’aggravation des besoins humanitaires et le besoin urgent de financement accru pour maximiser l’efficacité des ressources.

Elle a constaté que l’intensification des hostilités au Liban a entraîné un afflux massif de réfugiés vers la Syrie, avec plus de 540.000 personnes ayant traversé la frontière depuis fin septembre. Parmi elles, deux tiers sont des Syriens, la moitié sont des enfants, plus de 7.000 sont des femmes enceintes, et 40% des ménages arrivant dans le pays sont dirigés par des femmes, a-t-elle détaillé.

La responsable de l’OCHA a salué le maintien de l’ouverture des frontières par le Gouvernement syrien, tout en regrettant que les frappes aériennes à proximité des points de passage aient rendu ces itinéraires dangereux et impraticables pour les véhicules, contraints de prendre des chemins plus longs et plus risqués.  Ces frappes ont également endommagé un poste frontalier à Joussié ainsi qu’une route reliant Damas à Homs, compliquant davantage l’acheminement de l’aide.

Crise humanitaire profonde

L’afflux de réfugiés aggrave une crise humanitaire déjà profonde dans un pays où 16,7 millions de personnes –soit plus de 70% de la population– dépendent d’une assistance vitale, a observé Mme Wosornu.

Elle a souligné que les hostilités dans le nord-est, outre les pertes humaines qu’elles ont causées, ont détruit des infrastructures essentielles, privant des milliers de personnes d’eau, d’électricité et de carburant. Par ailleurs, une épidémie de choléra émerge avec 270 cas suspectés, principalement dans le camp surpeuplé de Hol, où des dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions sanitaires précaires.

La situation est tout aussi alarmante dans le nord-ouest, où 1,4 million de déplacés nécessitent une aide d’urgence, dont 730.000 vivent encore sous des tentes, exposés à un hiver imminent, s’est inquiétée Mme Wosornu.

Or, seuls 28% des fonds nécessaires pour le Plan de réponse humanitaire ont été reçus, contraignant le Programme alimentaire mondial à réduire son aide de 80% en deux ans. En conséquence, 13 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë, plaçant la Syrie parmi les cinq pays les plus touchés dans le monde.

Mme Wosornu a insisté sur le besoin urgent de financements supplémentaires pour répondre aux besoins hivernaux de 2,5 millions de personnes.

Enfin, Mme Wosornu a souligné l’urgence d’investir dans des initiatives de relèvement précoce, citant la réhabilitation des systèmes d’irrigation comme un exemple clef pour améliorer la production agricole.  Cette année, la récolte de blé est estimée à 50% en dessous des niveaux d’avant le conflit.  Elle a également mis en avant la nécessité d’interventions similaires dans les secteurs de la santé, de l’eau, de l’éducation et de l’énergie, tous gravement affectés par des années de conflit.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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