Dans la Syrie du régime Assad, les familles des personnes disparues se retrouvaient généralement dans une situation désespérée, obligées de verser de grosses sommes d’argent à des intermédiaires, des fonctionnaires et des responsables de la sécurité pour obtenir des informations sur les personnes disparues, souvent sans résultat.

Mazen Dabbagh, conseiller d’éducation au lycée français Charles de Gaulle de Damas, et son fils Patrick, étudiant en psychologie à l’université de Damas, ont été arrêtés en novembre 2013 par les services de renseignement de l’armée de l’air syrienne.

Un calvaire marqué par d’atroces tortures

Leur arrestation, d’abord arbitraire, s’est transformée en une disparition forcée, puis en un calvaire marqué par d’atroces tortures, comme le révèlent des témoignages et des documents judiciaires.

En 2018, le régime syrien les a déclarés morts, des années après leur disparition, en avançant de fausses causes de décès. Ces arrestations n’étaient pas motivées par des accusations fondées. Ni Mazen, ni Patrick n’étaient impliqués dans des manifestations contre le régime, ce qui souligne la brutalité aveugle et systémique d’un régime qui s’en prenait à des familles entières pour asseoir son règne par la terreur.

« Malgré ces épreuves, mon engagement est resté intact. J’ai refusé de céder à la peur et aux pressions. Ce combat dépasse ma famille », a détaillé Obeidah Dabbagh, décrivant ce combat qu’il a mené pendant quinze ans pour tenter de retrouver ses deux parents.

Le calvaire raconté par Obeidah Dabbagh, frère et oncle de deux victimes de disparition forcée en Syrie ressemble aux nombreux témoignages recueillis par les différents organes des Nations Unies. La quête de réponse pour des centaines de milliers de Syriens, qui cherchent sans relâche un proche enlevé, obligés de vivre dans l’angoisse permanente.

Hanny Megally, membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, examine des documents dans une pièce d’une ancienne prison d’État syrienne.

Les proches des victimes exposés à de graves représailles

Des familles qui peuvent également être intimidées ou menacées, juste pour avoir des réponses sur le sort d’un parent, d’un proche. En plus des intimidations, ils sont face à un mur du silence.

Les obstacles sont nombreux. En Syrie, demander des nouvelles de Mazen et Patrick exposait les proches à de graves représailles. Outre les tortures et les exécutions, le régime syrien a extorqué la famille, finissant par expulser la femme et la fille de Mazen de la maison familiale à Damas.  Mais malgré ces épreuves, M. Dabbagh est resté engagé.

 Obeidah Dabbagh a décrit les démarches entreprises en novembre 2013 par sa famille auprès des autorités françaises et d’organisations non gouvernementales internationales.

En 2016, en collaboration avec la Fédération internationale des droits de l’homme, une plainte a été déposée auprès du parquet de Paris pour crimes contre l’humanité. Ce fut un tournant dans la lutte, permettant à la justice française d’ouvrir une enquête et de recueillir des témoignages cruciaux, notamment de déserteurs syriens.

Cette enquête a débouché sur une ordonnance de mise en accusation en mars 2023, renvoyant trois hauts responsables du régime syrien devant la justice pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.

Verdict de la justice française

Cette plainte a abouti à une ordonnance de mise en accusation en 2023, renvoyant trois hauts responsables du régime syrien devant les assises pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.

Le procès, qui a eu lieu en 2024, a envoyé un message fort : l’impunité des crimes contre l’humanité ne sera pas éternelle. La justice française a qualifié ces crimes et a établi la responsabilité des trois hauts dirigeants en les condamnant à une réclusion criminelle à perpétuité pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

M. Dabbagh a insisté sur le fait que ce combat acharné est une démarche contre l’oubli, l’impunité et la terreur orchestrée par le régime syrien. Il reflète aussi une volonté inébranlable d’utiliser les outils juridiques français et internationaux pour faire face à des crimes contre l’humanité. M. Dabbagh a espéré que ce procès inciterait d’autres familles de victimes syriennes à poursuivre leur quête de justice, malgré les obstacles.

Un mécanisme de l’ONU chargé « clarifier » le sort des milliers de disparus en Syrie

Après la chute du régime Assad, il espère que les nouvelles autorités de facto de Damas s’emparent de la question des disparitions forcées, qui concerne des centaines de milliers de personnes, par le biais de la justice transitionnelle.

M. Dabbagh espère que dans un avenir proche, la famille pourra connaître l’endroit où son frère et son neveu sont enterrés, leur donner une sépulture digne et pouvoir enfin faire son deuil.

Dans la Syrie des Assad, des milliers de personnes ont été arrêtées et détenues après le début, en 2011, de la violente répression des manifestations antigouvernementales sous le règne du Président Bachar Al-Assad, et leurs familles sont depuis sans nouvelles.

De nombreuses personnes auraient été enterrées dans des fosses communes après avoir été torturées dans les prisons du pays pendant la guerre qui a fait plus d’un demi-million de morts.

Après l’arrivée à la tête du pays de rebelles islamistes qui ont chassé du pouvoir Bachar Al-Assad le 8 décembre, des milliers de personnes détenues ont été libérées, mais de nombreux Syriens sont toujours sur les traces de proches disparus.

A noter que l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) a créé, en juin 2023, une « institution indépendante » pour « clarifier » le sort des milliers de personnes disparues lors de la guerre civile en Syrie.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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