Pour beaucoup de Syriens, la prison de Saidnaya évoque les pires exactions du régime de Bachar Al-Assad. Depuis que les nouvelles autorités de facto, menées par des islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ont libéré le bâtiment, des milliers de personnes ont tenté d’y accéder ces derniers jours. Des familles en quête de nouvelles ont accouru à la recherche de leurs proches. L’ONG Amnesty International avait d’ailleurs qualifié en 2017 cette prison d’ « abattoir humain ».
Ces images témoignent d’une souffrance indicible et d’une douleur qui dépasse l’entendement, endurées par les détenus, leurs familles et leurs proches. Malgré une documentation et des témoignages abondants, elles ne font qu’effleurer les horreurs du système carcéral.
Selon l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, il est temps de prendre des mesures décisives et compatissantes. « Les familles des détenus, des disparus et des personnes récemment libérées ont besoin de notre soutien urgent, notamment en matière de soins médicaux, de soutien psychologique, d’assistance juridique et d’abris sûrs », a-t-il plaidé dans un communiqué.
Des Syriens toujours détenus arbitrairement
Dans le cadre de la reddition des comptes, l’ONU note que les sites de détention, les fosses communes et les documents connexes doivent être sécurisés afin d’aider les familles dans leur quête de justice. Les preuves des atrocités commises doivent être préservées et documentées de manière approfondie afin de garantir l’obligation de rendre des comptes en vertu du droit humanitaire international.
En attendant, d’innombrables enfants, femmes et hommes sont toujours détenus arbitrairement dans des centres de détention sous différentes autorités. « Ils doivent être libérés immédiatement », a insisté le diplomate norvégien.
Sur un autre plan, il s’agit de donner la priorité à la recherche des personnes disparues, en veillant à ce que les familles reçoivent la clarté et la reconnaissance dont elles ont désespérément besoin. « La justice pour les victimes et leurs familles n’est pas seulement un droit, elle est aussi essentielle à la guérison et à la prévention de nouvelles violations ».
L’Envoyé spécial appelle toutes les parties à coopérer avec les organes spécialisés des Nations Unies, notamment l’Institution indépendante pour les personnes disparues, le Mécanisme international, impartial et indépendant (MIII) et la Commission d’enquête sur la Syrie, ainsi qu’avec tous les organes internationaux et nationaux compétents qui s’occupent de ces questions.
Retours de réfugiés syriens
Alors que la situation reste « dynamique et volatile », plus d’une personne sur cinq est déplacée pour la deuxième fois au moins en Syrie.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), la situation aux principaux postes-frontières entre la Türkiye et la Syrie reste calme et stable. Toutefois des mouvements « normaux » de camions ont été observés, avec des Syriens rentrant dans leur pays, a détaillé le HCR, rappelant que Ankara a ouvert pour les retours de réfugiés, le point de passage de Yayladağı/Keseb à Hatay, après l’avoir fermé depuis 2013.
Les autorités turques se préparent à augmenter la capacité des postes frontaliers pour traiter jusqu’à 20.000 personnes par jour.
A la frontière jordanienne, la situation reste calme par rapport au trafic normal, bien que des mouvements plus nombreux aient été observés ces derniers jours.
Au Liban, le poste frontière de Masnaa reste le principal point de passage officiel pour le trafic à destination et en provenance de la Syrie. Les mouvements de personnes se poursuivent dans les deux sens aux points de passage officiels et non officiels. Le nombre de Syriens qui reviennent se compte en milliers.
En raison du non-fonctionnement des services d’immigration du côté syrien depuis quelques jours, un grand nombre de Syriens ont demandé à entrer au Liban à Masnaa.
En Iraq, le HCR a observé mercredi une augmentation du nombre de Syriens arrivant par le poste frontière de Peshkabour, dans la région du Kurdistan iraquien. Environ 800 Syriens ont franchi la frontière alors que la moyenne quotidienne habituelle est de 400 personnes.
Le PAM intensifie ses distributions d’aide
Le Programme alimentaire mondial (PAM) intensifie ses programmes d’aide alimentaire pour atteindre 2,8 millions de personnes déplacées et en situation d’insécurité alimentaire dans toute la Syrie.
Sur le terrain, les voies d’approvisionnement commerciales sont compromises, les prix des denrées alimentaires montent en flèche et la monnaie syrienne se déprécie. Il y a une pénurie de produits essentiels tels que le riz, le sucre et l’huile et les prix du pain ont grimpé en flèche, d’où l’importance cruciale d’intensifier les efforts d’assistance durant cette saison hivernale.
« En cette période critique pour la Syrie, les équipes du PAM sont sur le terrain pour veiller à ce que les personnes les plus vulnérables du pays reçoivent l’aide alimentaire urgente dont elles ont besoin », a déclaré Kenn Crossley, Représentant du PAM en Syrie.
Les distributions de nourriture et les services de repas chauds fournis par le PAM avant la crise ont déjà repris pour les personnes déplacées à Homs, Alep, Raqqa et Al-Hasakah, après des jours d’instabilité et de troubles.
Près de 14 ans de guerre ont laissé de nombreux Syriens dans un état vulnérable ; quelque 12,9 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire au début de cette année, dont 3 millions en situation d’insécurité alimentaire grave, tandis que l’aide humanitaire a diminué de manière significative en raison d’un manque de financement.
Face à l’escalade rapide des besoins, le PAM a besoin d’urgence de 250 millions de dollars au cours des six prochains mois pour acheter et fournir une aide alimentaire à 2,8 millions de personnes déplacées et vulnérables. Un financement flexible, en particulier, donnerait au PAM la souplesse nécessaire pour étendre ses opérations en fonction des besoins.
Appel à l’action pour éviter un « effondrement économique »
De son côté, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) note que 14 années de conflit, de mauvaise gestion et de sanctions ont laissé le pays dans une « crise terrible », qui nécessite une planification et une action minutieuses « pour éviter un effondrement économique ».
Le produit intérieur brut (PIB) se situe aujourd’hui à environ 15 % de sa valeur d’il y a 14 ans en dollars américains courants, et a perdu 54 % de sa valeur en termes réels en monnaie locale. La valeur du dollar américain par rapport à la livre syrienne a été multipliée par 300 au cours de la même période.
Entre 2010 et 2022, la Syrie a connu une baisse de 16 % de son indice de développement humain, ce qui équivaut à une perte de 35 années de développement. Son classement mondial est passé de 117 en 2010 à 157 en 2022. « Aujourd’hui, la plupart des familles syriennes luttent pour maintenir des moyens de subsistance de base, se procurer le combustible nécessaire pour se chauffer, nourrir leurs enfants, les garder en bonne santé et les scolariser », a déclaré dans un communiqué, Achim Steiner, Administrateur du PNUD.
Pour l’agence onusienne, une transition politique ordonnée et pacifique peut également offrir une opportunité significative de reconstruire les institutions nationales essentielles qui ont été affaiblies. « Une occasion de rétablir les normes de justice, de responsabilité, d’État de droit, de droits de l’homme et de gouvernance démocratique afin de soutenir la réconciliation nationale et d’aider les communautés locales à guérir et à se rétablir ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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