Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), environ un million de personnes – pour la plupart des femmes et des enfants – ont été déplacées depuis le 28 novembre, notamment des gouvernorats d’Alep, Hama, Homs et d’Idleb. Parmi elles, 155.000 personnes ont été forcées de fuir une deuxième fois.

La majorité des déplacés sont des femmes et des enfants, les femmes et les filles représentant près de la moitié des personnes contraintes de fuir leur domicile.

Jusqu’à 1,5 million de personnes pourraient être contraintes de fuir la recrudescence des combats en Syrie, avait d’ailleurs déclaré vendredi dernier Samer AbdelJaber, Directeur de la coordination des urgences au Programme alimentaire mondial (PAM).

Plus d’une personne sur cinq déplacée pour la deuxième fois au moins

Les gouvernorats les plus touchés sont Alep, avec plus de 542.000 personnes déplacées. Suivent Hama (347.000) et Homs (26.000).

« Plus d’une personne sur cinq est déplacée pour la deuxième fois au moins », a précisé l’OCHA, relevant que des mouvements de « retour importants et croissants » ont également commencé à être signalés depuis le 7 décembre.

De nombreuses personnes déplacées sont arrivées dans les villes proches des zones de conflit, où des centres d’accueil et des abris ont été mis en place. Surchargés et aux ressources limitées, ces centres ont du mal à satisfaire les besoins de tous.

Le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe armé islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) de Ahmed Al-Charaa, a lancé une offensive à partir de son fief d’Idlib (Nord-Ouest), s’emparant de dizaines de localités et des villes stratégiques d’Alep (Nord) et de Hama (Centre), avant de gagner la capitale, Damas.

Le conflit syrien a été déclenché après la répression d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile en 2011.

© UNICEF/Delil Souleiman

Des familles déplacées syriennes à Tal Tamer, après avoir fui l’escalade de la violence à Ras al-Ain en octobre 2019 (Archives)

Des sites de transit des déplacés submergés

Les hostilités le long de la route entre Quamishli et Damas ont entravé les mouvements de population et le transport des cargaisons humanitaires. Il est donc difficile d’acheminer l’aide essentielle dans les zones touchées.

En outre, les déplacements ont submergé les sites de transit, soulignant le besoin urgent de fournitures pour l’hivernage, d’installations de cuisine communes et d’articles de première nécessité pour soutenir les populations vulnérables. « La capacité des centres d’accueil dans des villes comme Ar-Raqqa et Tabqa est limitée, et ces abris, souvent des centres sportifs et des écoles reconvertis, sont surchargés.

Sur le terrain, une aide d’urgence, comprenant des tentes, des couvertures et de la nourriture, a été distribuée.  Des efforts sont en cours pour améliorer les installations sanitaires et d’hygiène dans les abris et les centres d’accueil afin de prévenir l’apparition de maladies et de garantir des conditions de vie de base aux personnes déplacées.

Pour les agences humanitaires, il y a un besoin urgent de plus d’abris, de nourriture, d’articles non alimentaires et d’installations sanitaires.

Hausse « spectaculaire » des prix des denrées alimentaires

Alors que la valeur de la monnaie locale a fortement baissé, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de façon spectaculaire et des pénuries ont été signalées à Homs, Hama, Damas et dans la région rurale de Damas. Les habitants de ces régions ont fait des réserves de nourriture et de nombreux magasins ont été fermés.

Une évaluation rapide des besoins réalisée par le groupe de travail sur la nutrition dans le nord-est de la Syrie a révélé un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 10 % parmi les personnes déplacées, ce qui indique des niveaux de malnutrition moyens.

La pénurie de pain est critique, en particulier à Homs, où les besoins d’approvisionnement immédiats sont pressants. Dans l’ensemble de la Syrie, plus de 524.000 distributions de pain et plus de 12.000 repas prêts à consommer sont nécessaires en urgence.

Dans le nord-ouest de la Syrie, les efforts de distribution ont été interrompus et de nombreuses personnes ont craint de quitter les zones touchées. La situation de la sécurité alimentaire dans le nord-est de la Syrie s’aggrave également en raison de l’afflux important de populations déplacées.

© UNICEF/UN0248372/Watad

Des enfants dans une école de fortune installée dans une tente dans la région d’Idlib, en Syrie.

Plus de 3 millions d’enfants privés d’école

Par ailleurs, plus de 3 millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école en raison des hostilités en cours. Le conflit a endommagé les infrastructures civiles et les biens humanitaires, et perturbé les services dans le nord-est de la Syrie. Plus de 1 000 écoles sont utilisées comme abris pour les familles déplacées à l’intérieur du pays.

Des établissements de santé débordés

Sur un autre plan, l’intensification des hostilités a gravement affecté le système de santé, en particulier à Alep, Idleb et dans d’autres zones touchées. Les établissements de santé ont été débordés, les principaux hôpitaux fonctionnant à capacité limitée en raison d’une pénurie de personnel, de médicaments et de fournitures.

Plus de 30 partenaires de santé des agences de l’ONU ont suspendu leurs services et 19 attaques contre des services de santé ont été signalées, blessant des travailleurs de la santé. Les banques de sang, les centres de dialyse et les ambulances ne fonctionnent pas en raison de l’impact des hostilités et du manque de financement.

Les services sanitaires ou hospitaliers sont confrontés à de graves pénuries de personnel spécialisé, de médicaments, d’anesthésie et de kits chirurgicaux. Les hôpitaux ont du mal à accéder aux fournitures et les services d’urgence sont sous-financés et débordés.

Les services d’ambulance sont limités par la pénurie de carburant et les capacités de soins de traumatologie sont insuffisantes. Le manque criant d’eau et de moyens de transport complique encore l’accès aux soins de santé et accroît le risque de maladies d’origine hydrique.

Le Chef des droits de l’homme de l’ONU appelle à juger les crimes du passé

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a affirmé lundi que les auteurs d’exactions commises pendant le régime de Bachar al-Assad en Syrie devaient rendre des comptes dans le cadre du processus de transition politique à venir.

« Toute transition politique doit veiller à ce que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes et à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes. Il est impératif que toutes les preuves soient collectées et conservées méticuleusement en vue d’une utilisation future », a déclaré M. Türk, lors d’une conférence de presse, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme le 10 décembre.

Après la chute d’un régime « après des décennies de répression brutale et après quasiment 14 ans de conflit incessant », il a rappelé que les Syriens sont descendus hier dimanche dans la rue avec beaucoup d’espoir et beaucoup d’inquiétude pour l’avenir. « L’espoir que ce soit l’occasion pour le pays de construire un avenir fondé sur les droits de l’homme, la liberté et la justice. Et l’anxiété, car beaucoup de choses sont incertaines ».

Une personne marche au milieu de bâtiments détruits et de décombres dans la ville de Tabqa, gouvernorat de Raqqa, Syrie.

Des réponses à la tragédie des personnes disparues

Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie pendant cette période, plus de 100.000 ont disparu et quelque 14 millions ont été chassées de chez elles, souvent dans les circonstances les plus atroces. « J’ai rencontré nombre d’entre eux au fil des ans, j’ai été témoin de leur désespoir et de leur traumatisme alors qu’ils témoignaient des plus graves violations des droits de l’homme commises à leur encontre, y compris la torture et l’utilisation d’armes chimiques ».

Selon le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, cette transition doit également permettre de répondre à la tragédie des personnes disparues. Toutes les mesures doivent être prises aussi pour assurer la protection de toutes les minorités et pour éviter les représailles et les actes de vengeance.

Pour le Chef des droits de l’homme de l’ONU, le seul moyen d’aller de l’avant est un processus politique national qui mette fin à la « litanie des souffrances », réponde aux aspirations de tous les Syriens et garantisse la vérité, la justice, la réparation, la guérison et la réconciliation.

« Il est essentiel que les droits de l’homme de tous les Syriens soient au cœur d’un tel processus. La souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être restaurées », a fait observer M. Türk, relevant que son bureau est prêt à soutenir le processus de transition.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.