Selon l’Agence de l’ONU en charge des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA), même s’il n’y a pas eu de recensement, il est clair que l’Ukraine, déchirée par la guerre, a connu une baisse spectaculaire de sa population.

« Dans l’ensemble, nous pouvons donc constater que la population ukrainienne a diminué de plus de 10 millions de personnes depuis le début de la guerre. Cela représente également une perte massive de capital humain qui, comme nous le savons, est essentiel à la reprise et à la construction de l’avenir de l’Ukraine », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Florence Bauer, Directrice régionale de l’UNFPA pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

Selon les chiffres officiels, l’Ukraine comptait plus de 43 millions d’habitants en 2021.

© UNFPA/Mihail Kalarashan

Yulia, une jeune mère de Kyïv, avec son fils, Vlad, né une semaine après le début de la guerre (photo d’archives).

L’un des taux de natalité les plus bas d’Europe

« Les données dont nous disposons sont, bien sûr, à prendre avec précaution car, comme nous le savons, nous n’avons pas de recensement, etc. Les estimations dont nous disposons ont donc diminué de 10 millions depuis avant même 2022 », a-t-elle ajouté.

La situation s’est considérablement aggravée. Ce déclin, qui a été observé « depuis le début de l’invasion à grande échelle », est dû à « une combinaison de facteurs ».

Déjà avant la guerre, l’Ukraine avait l’un des taux de natalité les plus bas d’Europe et, comme de nombreux pays d’Europe de l’Est, elle avait vu sa population décliner à mesure que les jeunes partaient à la recherche de meilleures opportunités, a expliqué Mme Bauer.

Depuis le début de l’escalade, le taux de natalité et le taux de fécondité se situent autour d’un enfant par femme. « C’est l’un des taux les plus bas au monde », a-t-elle fait valoir, soulignant que ce taux était bien inférieur au taux de remplacement théorique de 2,1 enfants que chaque femme doit avoir en moyenne pour maintenir la taille de la population.

Certaines régions dépeuplées avec un fort exode des jeunes

Dans le même temps, des millions de personnes ont été déplacées. Quelque 6,7 millions de personnes ont fui le pays en tant que réfugiés

Cette situation n’est pas atypique en Europe de l’Est, car de nombreux pays connaissent des tendances démographiques similaires. Mais en Ukraine, certaines régions se sont en grande partie dépeuplées, « les jeunes quittant la région et les personnes âgées y restant, et un nombre important de personnes sont mortes à cause du conflit ».

« Mais, bien sûr, comme vous le savez, nous avons aussi beaucoup de jeunes qui cherchent des opportunités et vont à l’extérieur des pays. Au sein des pays, nous voyons des villages entiers où il n’y a que des personnes âgées qui ne veulent pas ou ne peuvent pas se déplacer, mais où les jeunes ont quitté le pays. Et dans l’ensemble, comme on peut l’imaginer en raison de la situation de guerre, les familles ne sont pas en mesure de fonder une famille », a détaillé la responsable de l’UNFPA.

Une stratégie de relance démographique s’inspirant de la Suède

Face à cette situation, l’agence onusienne et le gouvernement ukrainien ont élaboré et récemment adopté une stratégie démographique nationale pour relever ces défis. Cette stratégie tient compte de l’expérience d’autres pays qui se sont concentrés sur l’augmentation des taux de natalité et qui ont échoué, et qui, au contraire, envisagent une approche globale et placent le capital humain au centre de leurs préoccupations.

Elle reconnaît également que les solutions doivent porter sur des facteurs socio-économiques plus larges, notamment l’accès aux soins, l’accès à la santé et à l’éducation et la création d’opportunités pour les jeunes et les familles. Le dispositif s’appuie ainsi sur certains exemples réussis, comme celui de la Suède.

L’expérience suédoise a montré que l’égalité entre les hommes et les femmes a été placée au centre de sa politique par le biais de congés parentaux pour les pères, d’arrangements de travail favorables à la famille et d’autres types d’arrangements flexibles qui permettent aux femmes d’avoir plus facilement des enfants et de poursuivre une carrière professionnelle.

Morts et destructions quotidiennes en Ukraine

© UNOCHA/Dmytro Filipskyy

Des gens examinent les dégâts causés par une attaque de missile sur un bâtiment de la ville de Kharkiv, en Ukraine.

La situation en Ukraine était au centre d’une réunion du Conseil de sécurité lundi, un haut responsable de l’ONU indiquant que les attaques incessantes de la Russie en Ukraine continuent de causer d’immenses souffrances à la population et de mettre en danger la sécurité alimentaire mondiale.

Le Sous-Secrétaire général Miroslav Jenča, dont le portefeuille chevauche à la fois les affaires politiques et la consolidation de la paix, a exprimé son inquiétude face aux attaques contre les infrastructures énergétiques à l’approche de l’hiver.

Il a indiqué qu’au moins 208 civils ukrainiens ont été tués et 1.220 blessés en septembre, ce qui en fait le mois avec le plus grand nombre de victimes civiles cette année. Au total, 11.973 civils ont été tués, dont 622 enfants, depuis le début de l’invasion russe à grande échelle en février 2022, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, le HCDH. Au cours de cette période, 25.943 personnes ont été blessées, dont 1.686 enfants.

Pertes civiles signalées quotidiennement

Des pertes civiles et des dommages aux infrastructures civiles sont signalés quotidiennement en Ukraine, les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson, Mykolaiv et Sumy étant les plus touchées, a-t-il déclaré.

Si les pires conséquences de la guerre continuent de se faire sentir dans les communautés situées en première ligne dans l’est et le sud de l’Ukraine, « la mort et la destruction sont également un phénomène quotidien loin des zones de combats actifs », a déclaré M. Jenča. Cela inclut les quartiers résidentiels de la capitale, Kyïv.

« Nous sommes également préoccupés par l’impact de la poursuite des combats à la frontière russo-ukrainienne, en particulier dans la région de Koursk en Fédération de Russie, après l’incursion ukrainienne du mois d’août », a-t-il ajouté.

La Russie a également repris ses attaques contre les ports ukrainiens de la mer Noire ces dernières semaines. Depuis le 1er septembre, six navires ainsi que des infrastructures céréalières dans les ports ont été endommagés, selon les autorités locales. Cela a entraîné une augmentation des prix du blé de plus de 6 % entre le 1er septembre et le 14 octobre, tandis que les prix des assurances contre les risques pour les exportateurs ukrainiens ont grimpé en flèche, affectant le secteur agricole.

M. Jenča a rappelé aux membres du Conseil que la sécurité et la durabilité des exportations agricoles transitant par la mer Noire restent essentielles pour la sécurité alimentaire mondiale. À cet égard, l’ONU poursuit son engagement avec l’Ukraine, la Russie et la Türkiye, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes, en faveur de la liberté et de la sécurité de la navigation.

© UNICEF/Christina Pashkina

Un bâtiment d’école maternelle figurait parmi les structures détruites à Chuhuiv, en Ukraine, lors d’une frappe en mai 2024.

Infrastructures énergétiques touchées

Selon le haut responsable de l’ONU, « les attaques systématiques de la Russie contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine sont devenues l’une des caractéristiques déterminantes et odieuses de cette guerre ».

La destruction à grande échelle et l’interruption de l’approvisionnement en électricité et en eau dans tout le pays vont probablement aggraver les conditions de vie de millions d’Ukrainiens au cours d’un troisième hiver de guerre.

« Les groupes vulnérables, notamment les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, risquent d’être touchés de manière disproportionnée. Nombre d’entre eux pourraient bientôt se retrouver coincés chez eux, sans chauffage ni autres services essentiels », a-t-il averti.

Des millions de personnes dans le besoin

Ces conditions devraient également aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse en Ukraine, où quelque 7,2 millions de personnes ont reçu de l’aide humanitaire au cours des huit premiers mois de cette année.

Il a exprimé sa profonde inquiétude au sujet des 1,5 million de personnes que l’ONU n’a pas pu atteindre correctement dans certaines parties des régions de Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijjia, actuellement occupées par la Russie.

« Nous renouvelons notre appel à l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire vers tous les civils dans le besoin, conformément au droit international humanitaire », a-t-il déclaré, avant d’exhorter les donateurs à renforcer leur soutien au Plan de réponse et de besoins humanitaires, qui est financé à peine plus de la moitié.

La menace nucléaire plane

Abordant d’autres préoccupations, M. Jenča a noté que la sûreté et la sécurité des sites nucléaires ukrainiens restent menacées tant que la guerre continue, et la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia est particulièrement précaire.

« Les explosions régulières, les attaques de drones, les tirs et les interruptions répétées de l’alimentation électrique externe signalées augmentent le risque d’un accident nucléaire », a-t-il dit.

Il a ajouté que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) surveille également l’impact des activités militaires signalées à proximité de la centrale nucléaire de Koursk en Russie.

« Il est vital d’éviter un accident nucléaire pendant la guerre. Attaquer une centrale nucléaire est inimaginable et inacceptable », a-t-il déclaré. « Nous continuons d’appeler à la plus grande retenue de la part de toutes les parties concernées ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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