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Evaluation du bilan à mi-parcours du gouvernement
Tout récemment, en défendant le bilan de l’action gouvernementale, et sans évoquer l’emploi, Aziz Akhannouch a affirmé avoir réalisé «des transformations qualitatives dans divers domaines socioéconomiques…, et que le gouvernement a tenu ses engagements envers les citoyens » .De même, il y a tout juste quelques jours, lors de l’émission «Moubachara Maakoum» diffusée sur la chaîne 2M, des députés de la majorité ont emboîté le pas au chef de l’exécutif en affirmant que «le gouvernement se montre très performant, notamment en matière de préservation des équilibres macroéconomiques, ce qui lui a valu, «les éloges de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international… ».
Or, « créer au moins 250.000 emplois et faire progresser rapidement l’activité féminine » semblent aujourd’hui relever du mythe persistant plutôt que de la réalisation opérationnelle. Aussi, en ouvrant avec autant de légèreté la boîte à promesse lors de son allocution d’investiture, le chef du gouvernement a-t-il pris le risque d’entrouvrir celle de «Pandore».
Disons d’emblée qu’il ne s’agit nullement de traiter par la dérision les vœux du chef du gouvernement, « encadrés » par des obligations politiques et des données plus ou moins discutables. Mais que de telles promesses sont, malheureusement, de moins en moins discutées, car souvent les débats politiques se réduisent à des choix à la marge de ce qu’on appelle des questions de société.
Soulignons au passage qu’en l’absence de véritables évaluations à miparcours des programmes sectoriels, de leur pertinence, leur impact et cohérence (i.e. une théorie du changement approfondie) ,on ne saurait apprécier précisément les actions conduites par l’actuel gouvernement, ses capacités à résoudre les problèmes sociaux désormais connus, et encore moins se prononcer sur ses aptitudes à conduire les programmes des réformes. Faut-il rappeler, encore une fois, que c’est la Banque mondiale qui recommande sérieusement l’évaluation des politiques publiques mises en œuvre pour « s’assurer qu’elles produisent les résultats escomptés, avec, bien entendu, un accès étendu aux données» ? Ce besoin d’évaluer est d’autant plus pressant que la modernisation des secteurs économiques et sociaux s’oriente vers une gestion de la performance.
Combien de fois avons-nous entendu des responsables politiques de tous bords déclamer des chiffres trop ambitieux ? Certains pourraient y voir l’expression d’un simple cynisme, et il pourrait y en avoir, d’autres y voient une aliénation qu’on impose aux électeurs… Et en admettant que tout chiffre est porteur d’une norme et que la norme est porteuse d’une prétention de pouvoir ; et même si le néolibéralisme est devenu aujourd’hui une « vérité effective », les échecs ne sont que de fâcheux accidents de parcours…
Ces principes étant admis, se posent alors quelques questions apparemment bien simples mais qui sont au cœur des préoccupations des citoyens, et qui pourraient constituer le point de départ d’une réflexion partagée sur trois éléments dont on dispose de données statistiques aidant à étayer quelques arguments soumis à l’appréciation des lecteurs : Qu’en est-il de la réalité du chômage, de l’activité féminine et de l’éducation dont le bilan mi-parcours du gouvernement semble contesté dans des aspects fondamentaux ?
Chômage, sous-emploi, activités féminines : une dégradation perceptible
Concernant le chômage, et dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail, le Haut Commissariat au Plan (HCP) indique que l’économie marocaine a perdu 157.000 postes d’emploi entre 2022 et 2023 . Cette note du HCP souligne également que la hausse du taux du chômage a concerné l’ensemble des catégories d’âge ; puisqu’il est passé de 32,7% à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2% à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4% à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3% à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point). Elle montre que les difficultés de garder un emploi ne sont pas plus fortes pour les jeunes que pour les personnes d’âge médian demandeuses d’emploi. Elle reflète que, quel que soit l’âge, l’accès à l’emploi « stable » reste difficile et confirme aussi une instabilité plusforte dansl’emploi et par là un risque de sortie vers l’inactivité.
Le HCP fournit les causes de cette dégradation qui s’explique par une création d’emploi trop timide pour faire face à l’accroissement de la population en âge d’activité (âgée de 15 ans et plus) (soit 1.4 % en 2022) ; d’autant plus que le faible dynamisme de l’emploi urbain n’arrive pas à contrebalancer la destruction d’emplois agricoles et absorber la masse de travailleurs issus de l’exode rural, du fait des sècheresses récurrentes.
Une lecture plus approfondie des données du HCP interpelle en faisant état d’un dynamisme du marché du travail qui peine à absorber de nouveaux arrivants (400.000 chaque année) et ce depuis longtemps : le volume du sous-emploi est passé de 972.000 à 1.043.000 de personnes au niveau national. Reprenant ces mêmes données, le rapport de suivi de la situation économique publié par la Banque mondiale, souligne que les taux d’activité ont montré une tendance persistante, passant à 43,2% au troisième trimestre 2023 (contre 52% en 2007)
Source : Banque mondiale. – : Rapport de suivi de la situation économique (de la résilience à la prospérité partagée). – automne 2023.
Par Mostafa Kharoufi
Sociologue et géographe, diplômé de sciences politiques Expert accrédité par le bureau des Nations unies en charge des crises
Source of original article: Libération (www.libe.ma).
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