L’offensive lancée en janvier par le groupe armé M23, avec le soutien du Rwanda, continue d’aggraver la situation dans les provinces du Nord- et du Sud-Kivu, où, comme l’a rappelé la Haute-Commissaire adjointe aux droits humains de l’ONU, Nada Al-Nashif, les exactions contre les civils se multiplient.
La Haute-Commissaire adjointe aux droits humains de l’ONU, Nada Al-Nashif (archive).
« Depuis le début de l’année, nous avons recensé 602 victimes d’exécutions extrajudiciaires et sommaires, commises par toutes les parties au conflit », a-t-elle indiqué, lors d’une réunion du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation en RDC.
Selon Bintou Keita, la plus haute représentante de l’ONU en RDC, qui participait également à la réunion, le M23, dont les membres sont pour beaucoup d’anciens soldats congolais issus de l’ethnie tutsie, a exécuté sommairement au moins 240 civils pour leur collaboration présumée avec les forces armées régulières du gouvernement de Kinshasa, la milice pro-gouvernementale Wazalendo ou les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé défendant les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC.
Violences sexuelles, crise alimentaire, déplacements
Nada Al-Nashif a par ailleurs mis en lumière la progression alarmante des violences sexuelles liées au conflit, qui ont connu une augmentation de plus de 270 % entre janvier et février.
Parallèlement, la crise alimentaire atteint des proportions dramatiques dans le pays, touchant près de 26 millions de personnes, soit près d’un quart de la population.
A cela s’ajoutent les déplacements massifs de populations. La Haute-Commissaire adjointe a souligné que près de 7,8 millions de personnes étaient aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, dont 3,8 millions uniquement dans les deux provinces du Kivu.
L’ampleur de ces déplacements, combinée à la violence systématique, exacerbe selon elle les souffrances des civils, pris au piège dans une guerre interminable. « Après près de trois décennies de guerre et plus de six millions de morts, il devrait être parfaitement clair qu’il n’existe pas de solution militaire à ce conflit », a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité urgente d’une solution politique durable.
Distribution de nourriture à des personnes déplacées à Bweremana, dans la province du Nord-Kivu.
Évasions de prison et représailles
Face à la détérioration rapide de la situation sur le terrain, Bintou Keita a souligné les défis immenses auxquels fait face la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le pays (MONUSCO), dont elle est la cheffe, dans ses efforts de protection des civils.
Elle s’est notamment dite très préoccupée par les évasions de prison à Goma et à Bukavu – les deux principales villes du Nord- et du Sud-Kivu, désormais sous le contrôle du M23 – ainsi que dans d’autres localités depuis le mois de janvier.
« Plusieurs criminels dangereux, dont des personnes condamnées pour crimes internationaux, sont désormais en liberté », a-t-elle déploré, notant une augmentation des représailles commises par d’anciens prisoniers libérés et des membres du M23 à l’encontre de survivantes de violences sexuelles, de témoins, de médecins légistes, de défenseurs des droits humains et de membres de l’appareil judiciaire.
La réponse de la RDC : un appel à l’action internationale
De son côté, Chantal Chambu Mwavita, la ministre congolaise des droits humains, a condamné avec fermeté l’occupation de certaines zones de la RDC par l’armée rwandaise et ses alliés du M23 et de l’Alliance fleuve Congo, responsables « en toute impunité » d’assassinats de civils, de violences sexuelles, d’enrôlements d’enfants, de pillages et d’exécutions sommaires.
Selon les autorités congolaises, depuis janvier 2025, rien que dans la province du Nord-Kivu, plus de 7.000 personnes ont été tuées et 90 sites d’accueil pour personnes déplacées ont été détruits.
« Il y a donc urgence à appuyer considérablement la Mission d’établissement des faits du Haut-Commissariat des Nations-Unies sur la situation dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu de la RDC afin de la rendre véritablement opérationnelle et efficace », a-t-elle insisté.
Face à cette situation dramatique, la ministre congolaise a exhorté la communauté internationale à se mobiliser davantage. Elle a salué à ce titre les sanctions prises contre le Rwanda par certains pays et organisations internationales, tout en appelant à des actions plus concrètes pour mettre fin à l’occupation des territoires congolais.
Les défis de la justice et de la lutte contre l’impunité
Bintou Keita, Cheffe de la Mission de paix des Nations Unies en RD Congo, informe le Conseil de sécurité de la situation en RDC.
Les responsables de l’ONU et de la RDC s’accordent sur la nécessité d’une réponse judiciaire forte pour mettre un terme à l’impunité des auteurs de crimes de guerre. Nada Al-Nashif a notamment insisté sur la nécessité d’accélérer les réformes et d’adopter une loi dédiée à la justice transitionnelle, afin de permettre aux victimes d’obtenir réparation et aux criminels d’être jugés.
De son côté, Bintou Keita a exhorté les États à renforcer la coopération internationale pour mettre fin aux flux financiers alimentant les groupes armés. « Les États et les entreprises privées qui profitent des ressources naturelles exploitées dans des conditions dangereuses et illégales doivent cesser de se cacher derrière des chaînes d’approvisionnement opaques », a-t-elle déclaré.
Alors que les appels au retrait immédiat des troupes rwandaises de la RDC se multiplient, les efforts diplomatiques régionaux et internationaux peinent cependant à imposer une solution politique durable.
« Sans action concrète, la violence actuelle risque de s’étendre à toute la région », a averti Mme Al-Nashif. Face à la tragédie humanitaire qui s’aggrave de jour en jour en RDC, les espoirs d’une paix durable reposent selon elle sur une réponse internationale résolue et coordonnée.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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