Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, Tom Fletcher a constaté l’aggravation de la situation humanitaire dans le pays, où les rebelles houthistes, également connus sous le nom d’Ansar Allah, et les forces gouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite et ses alliés, se disputent le pouvoir depuis plus d’une décennie.
Ce constat d’augmentation des besoins humanitaires coïncide avec la décision des Etats-Unis, depuis janvier dernier, de suspendre tous leurs programmes d’aide étrangère pour une durée de trois mois, à l’exception de l’assistance alimentaire d’urgence et de l’appui militaire du pays à Israël et à l’Egypte.
« Les coupes budgétaires sévères ont porté un coup dur à notre travail visant à sauver des vies », a indiqué M. Fletcher devant le Conseil, dont les États-Unis sont l’un des cinq membres permanents.
Coupes budgétaires forcées
Tom Fletcher (à l’écran), lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen.
Tout en reconnaissant le droit de chaque pays de « décider de la façon de dépenser son argent », le haut responsable a noté que l’interruption de très nombreuses activités humanitaires par manque de financement intervenait au pire moment pour le Yémen.
« J’ai demandé à nos coordonnateurs humanitaires, au Yémen et ailleurs, de nous faire un rapport d’ici la fin de la semaine prochaine sur les domaines dans lesquels nous devrons procéder aux coupes budgétaires les plus drastiques et sur les conséquences des choix difficiles que nous faisons quant aux vies à ne pas sauver », a-t-il indiqué.
Selon lui, les suspensions de fonds ont d’ores et déjà conduit à la fermeture de 22 espaces sécurisés, privant ainsi de soutien plus de 11.000 femmes et filles yéménites dans des zones à haut risque.
En conséquence, les victimes de violences de genre n’ont désormais plus accès à des soins de santé vitaux, un soutien psychosocial et une aide juridique. Les programmes de protection de l’enfance ont également été interrompus, ce qui accroît davantage les risques de travail forcé, de recrutement dans des groupes armés et de mariages d’enfants.
« Ce sont des choix délibérés que l’on fait lorsque l’on réduit les financements », a déploré M. Fletcher.
Les femmes et filles, principales victimes
M. Fletcher a rappelé les conséquences disproportionnée de la crise humanitaire yéménites sur les femmes du pays, qui souffrent selon lui de « discriminations et d’exclusion systématiques » depuis des décennies.
Il a rappelé que le Yémen occupait, en 2021, l’avant-dernier rang de l’indice mondial d’inégalité entre les sexes du Forum économique mondial et, en 2023, l’avant-dernier rang de l’indice Femmes, paix et sécurité du Georgetown Institute.
« Rien ne semble indiquer que des progrès soient réalisé », a-t-il constaté.
M. Fletcher a ainsi rappelé que 9,6 millions de femmes et filles yéménites ont besoin d’une aide humanitaire vitale et sont confrontées à la faim, à la violence et à un système de santé en déclin. Parmi elle, 1,3 million de femmes enceintes et de jeunes mères souffrent de malnutrition. De fait, il a souligné que le taux de mortalité maternelle du Yémen était le plus élevé du Moyen-Orient, soit plus de dix fois supérieur à celui de l’Arabie saoudite ou d’Oman.
À cela s’ajoutent plus de 6 millions de femmes confrontées à des risques d’abus et d’exploitation et 1,5 million de filles non scolarisées. Près d’un tiers des filles yéménites sont d’ailleurs mariées avant l’âge de 18 ans,
« À mesure que votre financement pour le Yémen s’évapore, les chiffres de mes prochains briefings seront encore pires », a mis en garde le chef de l’humanitaire.
Une femme au Yémen traverse une zone dévastée par des inondations.
Poursuite des activités militaires
Sur le plan militaire, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, qui participait également à la réunion, s’est lui aussi dit préoccupé par l’évolution de la situation dans le pays.
S’il n’a constaté aucune opération terrestre de grande envergure depuis la trêve négociée, sous l’égide de l’ONU, en avril 2022, Hans Grundberg a toutefois noté une poursuite des activités militaires, y compris des rapports récents faisant état de bombardements, d’attaques de drones, de tentatives d’infiltration et de campagnes de mobilisation dans plusieurs régions du nord du pays, y compris à Marib et Al Jawf, et sud, à Shabwa et Taïzz.
« Je réitère donc mon appel aux parties pour qu’elles s’abstiennent de toute prise de position militaire et de mesures de représailles qui risqueraient de replonger le Yémen dans un conflit généralisé dont les civils paieraient à nouveau le prix », a-t-il déclaré.
Efforts de paix
M. Grundberg a dit poursuivre un dialogue avec les parties belligérantes yéménites et divers acteurs internationaux afin de résoudre la crise actuelle.
Hans Grundberg (à l’écran), lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen.
« La semaine dernière, j’ai discuté avec des hauts responsables du gouvernement yéménite et des acteurs régionaux pour demander un soutien concerté à un processus de paix inclusif », a-t-il rapporté.
Trois défis doivent selon lui être relevés par les houthistes et le gouvernement yéménite pour mettre le pays sur la voie d’un tel processus : la négociation d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et de ses mécanismes de mise en œuvre, l’acceptation de compromis réciproques sur la direction économique du pays et la mise en place d’un processus politique capable d’inclure un large éventail de la société yéménites.
Désignation des houthistes comme groupe terroriste
Dans ce cadre, M. Grundberg a invoqué l’incertitude introduite par la récente décision des États-Unis de catégoriser les houthistes comme une organisation terroriste étrangère.
« Bien que les ramifications complètes de cette mesure restent à déterminer, je réitère l’importance de protéger nos efforts pour faire progresser un règlement pacifique au Yémen », a-t-il insisté.
Afin de parvenir à une paix juste au Yémen, il a jugé essentiel de préserver « l’espace de médiation » entre les parties au conflit, sous les auspices de l’ONU.
Fait positif, M. Grundberg a noté la poursuite, au cours du mois dernier, de la cessation des attaques d’Ansar Allah contre des navires en mer Rouge et contre Israël.
« C’est une bonne chose, mais comme le Conseil le sait très bien, les environnements propices à la paix peuvent être fragiles et éphémères », a-t-il estimé.
Il a appelé la communauté internationale à ne pas laisser passer l’occasion de pérenniser ces évolutions positives, en faisant « preuve de souplesse dans notre approche ».
Les détentions d’agents humanitaire
M. Grundberg a par ailleurs appelé à la libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues par les houthistes, qui ont selon lui entamé une quatrième vague de détentions arbitraires du personnel de l’ONU au mois de janvier.
L’appel de l’Envoyé spécial faisait suite à l’annonce de la mort, le mois dernier, d’un membre du Programme alimentaire mondial (PAM) retenu par les houtistes, qui détiennent à l’heure actuelle des dizaines de membres du personnel onusien, ainsi que des membres d’ONGs, de la société civile et de missions diplomatiques, dont certains depuis plusieurs années.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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